C’est à cause du déficit. Cette excuse devient lamentablement prévisible. Un nouveau (ou ancien) gouvernement découvre tout à coup un déficit plus important que prévu, soutient qu’il est face à une crise financière et utilise ce prétexte pour imposer des gels ou des réductions de salaires, exiger des concessions et des conventions à disparité de traitement, mettre à pied des travailleurs, réduire les services publics et privatiser.
Nous avons vu la pièce se jouer maintes fois au pays, avec des conséquences dévastatrices. Les gels de salaires, les mises à pied et les compressions dans les dépenses publiques ne font pas que nuire aux travailleurs et aux personnes qui comptent sur les services publics – ils ralentissent l’économie et la croissance des revenus, ce qui fait baisser les rentrées d’argent des gouvernements. Les modèles économiques montrent que les compressions dans les dépenses publiques sont pires pour l’économie et les emplois que les hausses d’impôt.
Presque chaque fois que les gouvernements affirment qu’ils vivent une crise financière, il ne s’agit pas d’un problème de dépenses mais bien de revenus. Avec le temps, ces gouvernements pourraient équilibrer leurs budgets en favorisant la croissance de l’économie et en inversant les baisses d’impôt de manière à ce que les revenus reviennent à la même proportion de l’économie qu’avant les compressions. On peut augmenter les revenus par quelques mesures fiscales équitables, dont l’élimination d’échappatoires fiscales et la hausse des impôts des personnes ayant les revenus les plus élevés.
Par exemple :
- En Saskatchewan, le premier ministre Brad Wall menace d’imposer des compressions et des reculs salariaux importants pour éliminer le déficit de la province, estimé à un milliard de dollars. Mais s’il se contentait de restaurer les revenus de la Saskatchewan à la proportion de l’économie qu’ils ont occupée en moyenne au cours de la dernière décennie, la province pourrait compter sur 1,5 milliard de dollars supplémentaire, plus qu’assez pour éliminer le déficit.
- Le nouveau premier ministre conservateur du Manitoba, Brian Pallister, soutien que les dépenses de la province sont intenables, avec un déficit d’un milliard de dollars cette année. Il a déjà imposé d’immenses compressions, mis à pied des centaines de travailleurs du secteur public et menacé de rouvrir les conventions collectives et de réduire les salaires. Mais si les revenus du Manitoba revenaient à la part de 24,1 % de l’économie qu’ils ont occupée en moyenne au cours des dix dernières années, la province profiterait de revenus additionnels d’un milliard de dollars, là encore assez pour équilibrer le budget.