Un récent sondage mené auprès des coordonnatrices et coordonnateurs, des adjoint(e)s d’équipe et des planificatrices et planificateurs des soins communautaires et à domicile de Santé à domicile Ontario, que représente le SCFP, met en évidence une restructuration du système de santé qui ne parvient pas à combler les lacunes en matière de soins et d’accès, tout en augmentant la privatisation des services de santé. Cette situation démoralise davantage le personnel confronté à une charge de travail croissante et à la peur grandissante de perdre leur emploi.
Dans l’ensemble, le sondage met en lumière les témoignages désormais trop fréquents des patient(e)s et de leurs familles concernant les pénuries de médicaments, de fournitures et de personnel qui touchent de manière importante le secteur des soins à domicile et des soins communautaires.
Au total, 1052 personnes ont répondu au sondage, et des centaines ont pris le temps de rédiger des commentaires sur les conséquences des changements apportés au système sur leur travail et leur quotidien. Les personnes interrogées ont exprimé leur profonde frustration face à la restructuration en cours et à l’incertitude qu’elle suscite. Le stress au travail, la surcharge de travail et le manque de communication claire de la part de l’employeur figuraient parmi les thèmes récurrents. Les personnes qui travaillent sur le terrain depuis des années ont particulièrement souligné qu’elles n’avaient jamais vu la situation se détériorer à ce point dans le secteur.
« De nombreuses personnes qui travaillent en première ligne sont frustrées par les changements incessants, le manque de transparence et l’augmentation de la charge de travail. Elles se sentent rejetées, sous-estimées. On apprend constamment de nouveaux processus qui changent le mois suivant, ce qui rend très difficile de suivre le rythme des changements et de comprendre précisément ce que les gestionnaires attendent de nous. Contrairement à ce que le gouvernement veut faire croire à la population de l’Ontario, l’incidence sur les soins aux patient(e)s ainsi que sur le personnel de Soins à domicile Ontario est négative », soulève Brett Geneau.
Voici certains résultats tirés du sondage (https://oh-home.cupe.ca/) :
- 74 % des personnes interrogées déclarent que la charge de travail a augmenté depuis la fusion ayant donné lieu à Soins à domicile Ontario.
- Un pourcentage très élevé (84 %) exprime des préoccupations quant à la sécurité de leur emploi.
- 62 % mentionnent la rétention du personnel comme un problème.
- 65 % des personnes interrogées se disent préoccupées par l’augmentation de la privatisation.
« On estime qu’avec la menace des tarifs américains et l’élection provinciale imminente, un premier ministre distrait ne parvient pas à saisir l’instabilité et l’incertitude engendrées par des années de restructuration du système de santé. On observe un transfert progressif de notre travail vers d’autres agences à but lucratif, et on comprend mal quel sera notre rôle à l’avenir, voire si on aura un emploi. Le personnel est principalement féminin, et la manière dont on nous traite ne se produirait jamais dans un environnement à prédominance masculine », déclare Maxine Laing, adjointe d’équipe dans la région de Halton-Peel.
Les problèmes évoqués dans le sondage comprennent le transfert du travail vers les organismes fournisseurs de services contractuels. D’autres personnes mentionnent le rôle grandissant des hôpitaux, qui peinent à fournir des soins adéquats aux patient(e)s en raison d’un important sous-financement.
« Le manque d’informations de la part de Soins à domicile Ontario concernant les futurs plans de restructuration suscite une grande inquiétude. Malgré les déclarations de la direction et du gouvernement sur la “transparence”, la réalité sur le terrain est tout autre. Beaucoup disent que le gouvernement Ford est déterminé à privatiser les soins de santé, et la crainte de perdre nos emplois est très grande », déclare Lorna Shipley, adjointe d’équipe à Soins à domicile Ontario – Région de Centre-Est.
Plus de la moitié des personnes ayant répondu au sondage sont des adjoint(e)s d’équipe et près d’un quart sont des coordonnatrices et coordonnateurs des soins. D’autres petits groupes professionnels, mais significatifs, proviennent des domaines de la finance (2,5 %), de l’administration (5,1 %) et de l’informatique (3,3 %). Un peu plus de 11 % ont déclaré d’autres professions.
L’Ontario subit la cinquième restructuration des soins à domicile depuis que le dernier gouvernement conservateur a privatisé les soins à domicile. Aucune de ces tentatives n’a résolu les problèmes fondamentaux liés à la sous-traitance obligatoire, c’est-à-dire, les faibles salaires, les mauvaises conditions de travail, le roulement élevé de personnel et les pénuries de personnel.