Le gouvernement fédéral envisage d’émettre des obligations à impact social (OIS) afin de répondre à la crise nationale des opioïdes. Ce projet permettrait aux investisseurs privés de réaliser des profits en offrant des soins de santé et des services sociaux aux patients.
Les OIS sont une nouvelle forme de privatisation prisée par le gouvernement fédéral. Dans le cadre d’un OIS, les investisseurs fournissent un financement pour des programmes publics. Si certains résultats sont atteints, le gouvernement rembourse aux investisseurs les coûts initiaux du programme, en plus de leur accorder un bénéfice.
Selon un article de la Presse canadienne (disponible en anglais seulement) fondé sur des documents obtenus à la suite d’une demande d’accès à l’information, Santé Canada envisage de recourir à une OIS pour réduire la dépendance aux opioïdes, améliorer la santé et réduire les décès par surdose. Le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto et le MaRS Centre for Impact Investing, consultant en privatisation, ont présenté une demande de financement et fourni un document de travail qui propose une étude de quatre ans pour mettre à l’essai des façons de traiter la consommation des opioïdes.
Les OIS limitent l’accès aux services
Les OIS peuvent avoir un impact sur les personnes qui ont recours aux services publics de plusieurs façons. Les OIS favorise la « sélection » des personnes dont les besoins sont moins importants afin d’optimiser les résultats positifs et d’assurer des bénéfices pour les investisseurs. Cela a pour effet d’éliminer l’accès aux services pour les personnes qui ont des besoins plus complexes.
De plus, les OIS peuvent biaiser la conception des programmes afin d’obtenir des résultats plus simples et faciles à évaluer. En réalité, les programmes visant à régler des questions complexes comme la crise des opioïdes exigent des mesures d’évaluation multiformes et approfondies. Comme l’indiquent les documents obtenus, il serait difficile de lier les résultats d’un processus standard et linéaire de rétablissement à la réduction des décès liés aux opioïdes. C’est que la gravité de la dépendance aux opioïdes peut diminuer, mais une « surdose accidentelle » peut se produire à tout moment.
Besoin urgent de financement public
Le SCFP réclame une augmentation du financement public pour régler la crise des opioïdes. Le besoin de financement est urgent. Les plans d’austérité et de privatisation dans tout le pays ont pour effet de réduire les services publics comme les soins de santé, les services sociaux et l’éducation.
Le gouvernement fédéral devrait encourager les approches innovatrices fondées sur les faits pour régler la crise des opioïdes, comme des sites de consommation supervisée, un meilleur accès aux établissements de rétablissement et de réadaptation, et la décriminalisation. Le soutien doit être fourni par des fournisseurs de services sans but lucratif du secteur public. Un grand réseau de services publics bien financé est le mieux placé pour favoriser l’innovation sur le plan social, fournir de bons emplois et inciter les personnes qui en ont besoin à utiliser les programmes. À l’inverse, il n’y a rien d’innovateur à permettre aux investisseurs de tirer un avantage financier de la crise des opioïdes.
Pour en savoir plus sur la crise des opioïdes, consultez notre numéro spécial de La Réplique.