L’année dernière, le Conseil des bibliothèques urbaines du Canada (CBUC) a formé un groupe de travail spécial sur la sûreté et la sécurité en réponse à une augmentation sans précédent de la fréquence et de l’intensité des incidents mettant en jeu la sûreté et la sécurité du personnel dans les bibliothèques publiques. Le groupe a récemment publié une boîte à outils sur la sûreté et la sécurité afin de mettre en commun les pratiques exemplaires « pour la gestion de la sûreté et de la sécurité », ou ce que le SCFP appelle la prévention des incidents de violence et de harcèlement au travail.

La boîte à outils regroupe les politiques, les procédures, les pratiques et les modèles mis en place dans les bibliothèques membres du CBUC. Ces ressources peuvent profiter aux réseaux qui commencent à peine à instaurer des mesures pour remédier à la violence et au harcèlement au travail, ou servir de tremplin à ceux qui cherchent à prendre des mesures supplémentaires. 

Néanmoins, le SCFP regrette que les membres du groupe de travail n’aient pas cherché des mesures novatrices pour compléter les mesures actuelles qui ne parviennent pas à réduire la fréquence et la gravité des incidents de violence et de harcèlement dans les bibliothèques.

Le SCFP a offert de participer aux consultations pour permettre au groupe de travail d’intégrer dans les ressources qu’il produirait les commentaires et le point de vue des travailleuses et travailleurs de première ligne. Mais notre offre a été rejetée, et ça se voit.

Pour la forme, le groupe de travail a tout de même intégré la voix des travailleuses et travailleurs de première ligne en ajoutant à la boîte à outils certains documents qui ont été créés par des employeurs en collaboration avec des membres d’un syndicat, et en citant des statistiques tirées du rapport du sondage sur la violence et le harcèlement au travail mené en 2023 par le SCFP-Saskatchewan. Il est clair que le groupe de travail n’a pas cru pertinent d’engager un dialogue légitime avec les travailleuses et travailleurs de première ligne à ce sujet : il a plutôt eu recours à des entreprises privées de services-conseils et des firmes de relations publiques pour l’aider à élaborer ses produits.

Enfin, la boîte à outils présente les mesures prévues par le CBUC pour sensibiliser le public aux conséquences de ce problème sur les services proposés par les bibliothèques, ainsi que les actions à entreprendre selon lui. Le CBUC entend s’associer à des organisations externes pour demander aux gouvernements de mieux financer les services en santé mentale et en lutte contre les dépendances. Cette collaboration est essentielle, puisque les solutions au problème de violence et de harcèlement au travail dépassent l’étendue du travail en bibliothèque. On espère que le CBUC respectera son engagement et se joindra à l’effort pour faire pression en vue d’obtenir les ressources nécessaires au soutien des bibliothèques.

« C’est regrettable que les travailleuses et travailleurs de première ligne n’aient pas eu la possibilité de contribuer à la boîte à outils sur la sûreté et la sécurité du CBUC. Même si la boîte à outils est censée “présenter des stratégies éprouvées pour aider les bibliothèques publiques à gérer efficacement les incidents liés à la sûreté et à la sécurité ”, l’approche qui va du haut vers le bas empêche les travailleuses et travailleurs de première ligne de participer à l’élaboration de cet outil en ignorant leur expérience à faire face à ce type d’incidents », explique John Puusa, membre du SCFP 4948 qui travaille dans une bibliothèque de Toronto. « Les employeurs interagissent régulièrement avec leurs employé(e)s dans le cadre des comités mixtes en santé et sécurité. Donc, on doit poser la question : pourquoi les gestionnaires des bibliothèques publiques font fi de la contribution légitime de ces travailleuses et travailleurs habitués à considérer les choses dans l’optique de la santé et de la sécurité? »

À l’avenir, on espère que le CBUC précisera que les solutions requises ne servent pas seulement à protéger les services proposés par les bibliothèques, mais à prévenir les préjudices qui découlent de la violence et du harcèlement que subit la main-d’œuvre. La participation continue des travailleuses et travailleurs victimes de violence et de harcèlement est essentielle pour orienter les futures recommandations.