Le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) a exhorté la province à ajouter 40 lits permanents et pleinement financés à l’hôpital Health Sciences North (HSN). Ces lits serviraient à atténuer les graves problèmes qu’entraîne le nombre insuffisant de lits, problèmes aggravés par l’afflux de patients souffrant de la grippe et de maladies respiratoires.
Le trop grand nombre de patients et le manque chronique de lits au HSN ne sont pas des cas exceptionnels, selon Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO et ex-employée du HSN, qui ajoute qu’il ne faudrait pas faire l’erreur d’accepter ce surpeuplement comme une « nouvelle norme ».
Selon l’hôpital, dans l’exercice financier conclu en mars 2016, l’état de surcapacité a coûté 3,5 millions de dollars.
Le taux d’occupation se situant entre 110 et 120 pour cent depuis le début de 2017, « on voit quotidiennement des dizaines de patients attendre qu’un lit se libère, raconte Mme Richer. La politique du gouvernement libéral ontarien, qui veut moins de lits, moins d’employés, un taux d’occupation plus élevé et un financement insuffisant, entraîne de graves problèmes de capacité au HSN et dans tous les hôpitaux de la province. »
Selon les données, l’Ontario est la province canadienne où on compte le moins de lits et d’employés d’hôpitaux par habitant. En moins de deux décennies, l’Ontario a éliminé plus de 18 000 lits d’hôpitaux. C’est pourquoi plusieurs hôpitaux, dont ceux de Sudbury, peinent à composer avec un taux d’occupation très élevé et de longues périodes de surcapacité où il faut placer des patients dans les salles de bain, les solariums et les couloirs des urgences.
« Cette situation est dangereuse pour des patients qui devraient avoir droit à des soins prompts et sûrs, souligne Mme Richer, parce que nos hôpitaux n’ont pas assez de lits pour admettre les personnes qui ont besoin de soins. Nous pressons le ministre de la Santé de rétablir immédiatement 40 lits pleinement financés au HSN. »
Le HSN compte 458 lits. L’ajout de 40 lits permanents (une augmentation inférieure à 10 pour cent) ferait passer sa capacité à 498, un niveau suffisant pour composer avec la récente hausse du nombre de patients.
Les statistiques démontrent que les autres provinces consacrent 25 pour cent plus d’argent à leurs hôpitaux que l’Ontario. Le gouvernement ontarien a supprimé plus de 18 000 lits depuis 20 ans, malgré la croissance démographique et le vieillissement de la population.
« Continuer ainsi à faire tourner notre système hospitalier à une capacité supérieure à 100 pour cent la plupart du temps, c’est aller à l’encontre de son principe de base : “avant tout, ne pas nuire”, renchérit Mme Richer. Selon les experts, un taux d’occupation de plus de 85 pour cent devient dangereux. Comment assurer la sécurité des patients dans un hôpital qui déborde, à une capacité de 100 à 120 pour cent ? »
Dans son mémoire prébudgétaire de 2017, l’Association des hôpitaux de l’Ontario (AHO) affirme que les hôpitaux ont réduit leurs budgets de 4,5 milliards de dollars à la demande du gouvernement. Selon l’AHO, le taux d’occupation moyen dépasse les 92 pour cent. Les études scientifiques associent un taux supérieur à 85 pour cent à un risque accru d’infection. En outre, le surpeuplement pose des problèmes dans la gestion des admissions urgentes et non urgentes. À l’hôpital de Windsor, il a fallu annuler des chirurgies en raison d’un surpeuplement prolongé.
« Le système est absolument incapable d’absorber une période de pointe comme celle que nous vivons actuellement, prévient Mme Richer, et le personnel hospitalier, des infirmières aux préposés à l’entretien, travaillent à une cadence infernale. »
Le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario estime qu’il faudrait majorer le budget de la santé de 5,3 pour cent par année pour couvrir les besoins de base, le coût des médicaments et des technologies médicales augmentant plus rapidement que l’inflation.