Plus de six mois se sont écoulés depuis que Donald Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes, sauf sur les produits couverts par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. La guerre tarifaire continue d’être au cœur de l’attention médiatique et de la scène politique. Nous cherchons toutes et tous à comprendre les répercussions de ce conflit sur nous, sur l’économie et sur l’avenir des relations entre le Canada et les États-Unis.
Au fil des mois, les tensions se sont multipliées et la situation est devenue de plus en plus difficile à comprendre. Les données commencent tranquillement à être publiées sur les conséquences économiques des droits de douane et de l’incertitude générale dans laquelle ils ont plongé les entreprises. Il reste cependant une grande part de spéculations dans ces récentes analyses. Nous n’avons pas encore de vue d’ensemble des changements économiques au Canada depuis la date butoir du 1er août imposée par Donald Trump.
Néanmoins, on a constaté un déclin continu et marqué des exportations d’acier et d’aluminium depuis le 1er janvier, ce qui est logique comme les États-Unis représentent notre plus grand marché d’exportation. En juin 2025, les exportations totales vers les États-Unis avaient diminué de 12,5 % comparativement à l’année précédente.
Les répercussions des droits de douane sur l’ensemble de l’économie ne sont pas encore confirmées. Statistique Canada affirme que l’économie a connu un léger recul entre avril et mai, mais qu’elle a affiché une légère croissance en juin, le PIB fluctuant d’environ 0,1 % d’un mois à l’autre. La Banque du Canada et d’autres institutions estiment que l’économie connaitra un recul plus marqué au deuxième trimestre, mais il est encore trop tôt pour en avoir la certitude.
Voici ce que nous savons pour l’instant. La guerre tarifaire a engendré beaucoup d’incertitudes pour les entreprises et les consommateurs, ce qui nuit à l’investissement, à l’emploi et à la croissance économique. En considérant qu’environ 70 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, il ne fait aucun doute qu’une augmentation des droits de douane entraînerait des conséquences encore plus importantes sur l’économie canadienne.
Si nous n’avons pas observé une hausse considérable du taux de chômage, Statistique Canada rapporte que les gens ont plus de mal à trouver du travail et demeurent plus longtemps sans emploi. Cet été, on a également constaté une forte hausse du chômage chez les jeunes. Ces tendances ne sont pas attribuables qu’à la guerre tarifaire, mais reflètent probablement aussi les contrecoups de l’incertitude économique actuelle sur l’emploi.
Par contre, des changements majeurs se sont bel et bien fait sentir dans un secteur. Les voyages entre le Canada et les États-Unis ont chuté dans les deux directions, mais davantage du Canada vers les États-Unis. Statistique Canada rapporte une baisse de 7,5 % des personnes s’étant rendue au Canada par voiture en provenance des États-Unis entre juillet 2024 et 2025, comparativement à une baisse de 36,9 % dans l’autre sens. Ces données offrent un aperçu de l’évolution des relations entre le Canada et les États-Unis. On assiste à une transformation de la façon dont les Canadien(ne)s utilisent leur temps libre et dépensent leur argent, et de notre attitude générale vis-à-vis des États-Unis. Reste à voir si ces changements seront temporaires ou s’ils perdureront.
Dans l’ensemble, la situation demeure teintée d’incertitudes. La population canadienne et les entreprises du pays s’inquiètent — et avec raison — de l’issue du conflit. Sur la scène politique, les préoccupations des entreprises semblent être la priorité du gouvernement Carney. Par exemple, la volonté d’éliminer les barrières au commerce interprovincial et les coupes budgétaires catastrophiques, imposées pour dégager le financement record annoncé pour les dépenses militaires, redéfinissent les priorités du gouvernement.
Au milieu de toute cette incertitude, nous devons faire preuve de vigilance face aux grandes entreprises et à leurs ami(e)s politicien(ne)s qui profiteront de ce chaos pour faire avancer leurs intérêts. Ensemble, nous devons nous mobiliser pour protéger les droits des travailleuses et travailleurs, les services publics, l’environnement et la souveraineté des peuples autochtones.