Le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, affirme qu’il a les réponses en matière d’inflation. Mais quand on regarde ses politiques, c’est clair : il a tout faux. Les travailleuses et travailleurs ne peuvent pas lui faire confiance pour résoudre le problème bien réel de la hausse des prix et de la stagnation des salaires.
Pierre Poilievre soutient que la Banque du Canada a provoqué l’inflation en imprimant de l’argent pour financer les dépenses du gouvernement. Il affirme que, pour lutter contre l’inflation, il faut limiter les dépenses publiques par une loi. Mais aucune de ces affirmations ne tient la route.
Premièrement, les récentes hausses des prix ont été causées principalement par des pénuries d’approvisionnement en lien avec la pandémie. Pour aggraver les choses, les entreprises des secteurs critiques ont utilisé ces problèmes de la chaîne d’approvisionnement comme excuse pour augmenter leurs propres marges de profit. Selon un rapport du Centre for Future Work, 15 secteurs d’activité ont considérablement augmenté leurs marges bénéficiaires en 2022, notamment l’extraction et le raffinage de pétrole et de gaz, les institutions financières, les concessionnaires de véhicules automobiles, les fabricants de produits alimentaires et les détaillants alimentaires. Dans certains de ces secteurs, un petit nombre de joueurs contrôlent la majeure partie du marché, ce qui rend celui-ci beaucoup moins compétitif et permet aux entreprises à en tirer profit plus facilement.
Deuxièmement, s’il est vrai que la Banque du Canada a augmenté les liquidités pendant la pandémie, soit la quantité d’argent en circulation, cette augmentation a aidé les gens et les petites entreprises, et elle a permis à notre économie de rebondir rapidement. Au début de la pandémie, la Banque du Canada a créé de l’argent pour racheter la dette des banques privées sous forme d’obligations. Les banques commerciales craignaient de perdre de l’argent si personne n’achetait leurs obligations à un prix raisonnable. La Banque du Canada a ainsi donné confiance aux banques privées pour continuer à prêter de l’argent. L’augmentation de la masse monétaire a également permis au gouvernement d’emprunter de l’argent à moindre coût. Cela a aidé les petites entreprises et les ménages à leur tour, car le gouvernement a pu verser des prestations temporaires comme la PCU avec l’argent qu’il avait emprunté.
Fait important, cette augmentation de la masse monétaire n’était que temporaire. Lorsque les obligations que la Banque du Canada a rachetées viennent à échéance, le montant qu’elle a emprunté lui est remboursé. Au lieu de réinvestir dans de nouvelles obligations, la Banque utilisera ces revenus pour diminuer la dette supplémentaire qu’elle a créée pendant la pandémie. C’est ce qu’on appelle le resserrement quantitatif. Et ce resserrement est déjà en cours. Deux mesures clés de la masse monétaire (M1+ et M1++) démontrent que la masse monétaire du Canada a diminué au dernier trimestre de 2022.
Dans ce contexte, les affirmations de Pierre Poilievre sur l’inflation ne tiennent pas la route. Bien qu’il ait raison de dire que l’inflation est un problème, il n’a pas les bonnes explications. La forte augmentation des prix mondiaux du pétrole, par exemple, est due à des problèmes de la chaîne d’approvisionnement et à la réalisation de profits excessifs. Le montant d’argent que notre gouvernement dépense n’a aucun effet sur ces prix. De plus, l’augmentation temporaire de la masse monétaire pendant la pandémie nous a permis d’éviter de nombreuses faillites et une destruction économique à plus long terme. Si nous avions limité les dépenses publiques pendant la pandémie, comme M. Poilievre dit que nous aurions dû faire, nous n’aurions pas été en mesure de financer des programmes comme la PCU qui ont aidé les ménages et les petites entreprises à traverser la crise.
En fait, malgré les affirmations de M. Poilievre, de limiter la capacité de l’État à dépenser pour répondre aux urgences n’est bénéfique pour presque personne. Cette mauvaise idée a été popularisée par les économistes conservateurs libertariens dans les années 1970 et 1980, tout comme la destruction des syndicats, la baisse des impôts, la réduction de la propriété publique et des investissements dans les infrastructures et les services, et la délocalisation de la fabrication vers des pays « à bas coûts ».
Les politiques que souhaite Pierre Poilievre déplaceraient le pouvoir des consommateurs, des petites entreprises et de la classe ouvrière vers les grandes entreprises. Elles concentreraient le pouvoir entre les mains de quelques privilégiés. Et elles limiteraient la capacité des gouvernements à intervenir positivement dans notre économie. L’histoire nous prouve que les politiques comme celles proposées par M. Poilievre pour résoudre l’inflation n’ont fait qu’aggraver nos problèmes économiques. Ne tombons pas dans le piège à nouveau.