« Le budget provincial publié mardi ne règle pas les décennies de négligence et de manque de personnel dans les secteurs des soins, incluant les hôpitaux, les soins de longue durée, le soutien à domicile, les services communautaires et les services de garde éducatifs à l’enfance », affirme Nan McFadgen, présidente du SCFP-Nouvelle-Écosse.
« Dans les soins de longue durée, le budget alloue des fonds pour les soins infirmiers (IAA et IA) afin de passer d’une heure à 1,1 heure de soins par résident par jour, et une augmentation minime des “soins pratiques” prodigués par les préposés en soins continus (PSC) », explique-t-elle.
« Nous voulons faire comprendre à la population que les soins pratiques et les soins infirmiers sont deux types de travail distincts. L’argent prévu dans ce budget n’ajoutera que six minutes de soins infirmiers par jour pour chaque résident et résidente. Pendant ce temps, les soins pratiques prodigués par les PSC n’augmenteront pas du tout dans certaines maisons de soins infirmiers ; d’autres établissements verront jusqu’à 45 minutes supplémentaires par résidant(e) par jour. »
« Oui, c’est une amélioration pour une partie de la clientèle qui recevra 2,45 heures de soins pratiques, mais ce n’est tout simplement pas suffisant, surtout compte tenu de tout le travail dont nos membres sont chargés, poursuit-elle. Par exemple, le bain, la toilette, l’alimentation, les soins d’hygiène, la prise de médicaments et le temps d’interaction personnelle avec chaque résident et résidente. »
Le SCFP avait proposé que chaque résident reçoive un minimum de 4,1 heures de soins « pratiques » effectués par des PSC en plus de l’heure et un dixième de soins infirmiers quotidiens. Si cette norme proposée était respectée, tout le monde recevrait une heure supplémentaire de soins pratiques par jour (60 minutes) dans les établissements où on reçoit actuellement 3,1 heures par jour. Dans les maisons de retraite offrant actuellement 2,45 heures de soins pratiques, les gens recevraient alors 1,65 heure supplémentaire de soins pratiques par jour (99 minutes).
Le SCFP est également troublé par l’absence, dans ce budget, d’une enveloppe pour les rajustements salariaux du personnel administratif, d’alimentation, de cuisine, de buanderie, d’entretien et des loisirs qui travaillent dans les hôpitaux et les maisons de soins infirmiers. « Les soins et les services que reçoivent les patients, patientes, résidents et résidentes sont prodigués par toute une équipe. En n’offrant pas un rajustement salarial à toutes les classes d’emplois, le provincial ne reconnaît pas la valeur que ces travailleuses et travailleurs apportent », déplore Nan McFadgen.
« En outre, le soutien aux frais de scolarité des PSC inclus dans le budget est un bon début pour résoudre la crise de recrutement, mais ce qui convaincrait vraiment plus de gens de travailler dans le secteur, c’est d’offrir des bourses qui couvriraient aussi les frais de subsistance des étudiantes et étudiants. »
Le budget n’augmente pas les choses que le SCFP avait réclamées au nom du personnel en soutien à domicile, un domaine qui vit aussi une crise de recrutement et de rétention. « Il y a un certain nombre de problèmes dans le secteur qui nécessitent de l’argent, comme les heures de travail garanties et les horaires », explique Mme McFadgen.
Dans les services éducatifs à l’enfance, le SCFP espérait que le budget contienne un engagement d’augmenter la rémunération des éducatrices et éducateurs de la petite enfance au plus tard à la rentrée scolaire en septembre. « Devront-ils attendre le budget de l’année prochaine avant de recevoir une augmentation ? demande-t-elle. Ce retard est d’autant plus frustrant quand on sait tout l’argent que le fédéral a investi dans ce dossier. C’est tout simplement injuste pour ces gens, principalement des femmes, qui n’ont pas été inclus dans le plan du gouvernement visant à déployer des services de garde à dix dollars par jour. »
Le gouvernement devrait mettre en œuvre quatre mesures simultanément pour réussir à recruter et retenir suffisamment de personnel qualifié pour pouvoir créer les places promises d’ici septembre :
- un ajustement du salaire de départ, de sorte que personne dans les services éducatifs à l’enfance ne gagne moins de 25 dollars l’heure ;
- une indexation annuelle pour que le salaire suive coût de la vie ;
- des programmes d’études collégiales et universitaires gratuits en services éducatifs à l’enfance pour attirer plus d’étudiantes et d’étudiants, donnés dans plus d’établissements, avec des cours du soir et une option téléapprentissage ;
- la gratuité des évaluations des acquis et des évaluations de reconnaissance pour tout le monde, pour s’assurer que tout le personnel qualifié soit agréé à la hauteur de son potentiel.
« Nous payons pour des décennies de négligence dans les secteurs des soins, conclut Nan McFadgen. Et pour remédier à la situation, il faudra faire beaucoup plus que ce que contient ce budget. »