Les travailleurs de la santé qui ont été là pour les patients et leurs proches aux quatre coins de l’Ontario tout au long de la pandémie de COVID-19 disent au gouvernement Ford que son programme de contrôle des salaires dévalue profondément leur contribution. Ce programme doit disparaître.
Pendant près de seize mois, le personnel de la santé de première ligne a relevé défi après défi dans la lutte contre le coronavirus. Près de 23 000 travailleurs de la santé de l’Ontario ont été infectés par la COVID-19 et 24 d’entre eux sont décédés. Ces personnes ont travaillé des quarts prolongés, des heures supplémentaires obligatoires, des fins de semaine à n’en plus finir. On a annulé leurs vacances. Ils ont dû s’isoler de leur famille pour la protéger. Et ils ont subi tout cela sans se plaindre, parce qu’ils savaient que la population en avait besoin.
Le personnel de la santé, qui est majoritairement féminin, a fait l’objet de trois cycles de gel salarial provincial en quinze ans. Le dernier en lice, le projet de loi 124, a été introduit par le gouvernement Ford en novembre 2019. Les répercussions de ce contrôle des salaires sur une main-d’œuvre sexospécifique sont énormes, faisant reculer l’équité salariale de nombreuses années et creusant l’écart salarial entre les sexes.
En mars 2021, l’inflation était de 2,2 pour cent, et elle devrait continuer d’augmenter. Le projet de loi 124 limite la progression salariale des travailleurs de la santé à un pour cent, incluant toute amélioration aux avantages sociaux. En dollars constants, cela représente une réduction de salaire pour chacune des trois années d’application de la loi.
Ce contrôle des salaires ne s’applique pas aux services essentiels à prédominance masculine, comme les policiers et les pompiers. Les disparités sont encore aggravées parce que de nombreuses poches du secteur de la santé sont exemptées, notamment les établissements de soins de longue durée à but lucratif. Étant donné que le projet de loi 124 plafonne la rémunération globale, il empêche les travailleurs de la santé de négocier des mesures de soutien en santé mentale ou des congés de maladie pour les employés à temps partiel qui contractent la COVID-19 au travail.
Les arbitres ont fait preuve d’ambivalence à l’égard du projet de loi. Plusieurs ont dit que celui-ci tourne en dérision la négociation collective. Certains sont allés jusqu’à préciser l’augmentation de salaire qu’ils accorderaient si la loi ne les limitait pas.
La loi 124 est contesté devant les tribunaux par plusieurs groupes différents qui réclament tous son abrogation. L’AIIO a déposé une contestation constitutionnelle.
Le gouvernement Ford doit absolument corriger la situation. Selon l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO), le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP), le SEIUHealthcare et Unifor, il doit abroger immédiatement la loi 124. Collectivement, ces quatre syndicats représentent plus de 200 000 infirmières, préposés aux services de soutien à la personne, travailleurs des services d’entretien et de lutte aux infections, personnel administratif, professionnels et autres employés de la santé dans les hôpitaux, les soins de longue durée et les milieux communautaires.
Citations :
« En tant qu’infirmières et professionnels de la santé, nous sommes passionnés par ce que nous faisons. Cependant, après plus d’une décennie de contrats qui ne reflètent ni le travail hautement spécialisé que nous faisons, ni la valeur des infirmières et des professionnels de la santé pour le système, nous affirmons que trop c’est trop. Depuis 2010, le salaire réel des IA et des professionnels de la santé a diminué de cinq pour cent en dollars constants. Il est temps d’abroger le projet de loi 124 et de montrer à nos IA et nos professionnels de la santé qu’ils sont valorisés et respectés. »
Vicki McKenna, IA, présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO)
« Redéployée de son hôpital à un emploi de soins de longue durée, elle a soigné douze résidents atteints de la COVID-19 seule, 24 heures sur 24, pendant des jours. Elle craignait de ramener le virus chez elle, de contaminer les membres de sa famille, mais elle savait qu’il n’y avait personne d’autre pour s’occuper de ces résidents. Et elle les a sauvés tous sauf un. Multipliez cet altruisme des centaines de milliers de fois pour obtenir un portrait de l’héroïsme et de la compassion du personnel de la santé. Nous n’acceptons pas que les remerciements du gouvernement Ford se traduisent en une baisse de salaire en dollars constants. Nous réclamons l’abrogation de la loi 124. »
Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)
« Ces travailleuses qui sont infirmières, préposées aux services de soutien à la personne, éducatrices en garderie, intervenantes en services aux personnes ayant une déficience intellectuelle, etc., ce sont elles que les politiciens de Queen’s Park qualifient d’héroïnes et de championnes. Pourtant, elles doivent vivre avec les conséquences d’un premier ministre qui a décidé de plafonner leur salaire afin de pouvoir diminuer les impôts des grandes entreprises. Non seulement parce que ces travailleuses ont répondu à l’appel pendant la pandémie, mais à cause de ce qu’elles font constamment, il est temps que Doug Ford révoque la loi 124 et donne à nos travailleurs de la santé le juste salaire qu’ils méritent. »
– Sharleen Stewart, présidente du syndicat SEIU Healthcare
« Ce qui distingue les ambulanciers paramédicaux d’Ornge de la plupart des autres ambulanciers de la province, c’est qu’ils sont couverts par le contrôle salarial imposé par le projet de loi 124. Le mois dernier, les ambulanciers paramédicaux membres d’Unifor à Thunder Bay ont négocié une convention collective avec la ville. Ils n’étaient pas contraints par le projet de loi 124; ils pouvaient négocier librement et équitablement. Leur règlement reflète ce que nous verrions chez d’autres premiers intervenants, comme les pompiers et la police. Ce droit, le droit à la négociation collective libre et équitable, n’est pas une option pour les ambulanciers paramédicaux membres d’Unifor chez Ornge. »
– Katha Fortier, adjointe du président national d’Unifor