Selon une étude du Congrès du travail du Canada (CTC), la violence familiale sévit partout, et ce indépendamment des classes socioéconomiques, des cultures et des confessions religieuses. Un article sur cette étude a d’ailleurs déjà été publié dans Le Canari.

Peu importe le contexte, les femmes sont toujours le groupe le plus à risque, autant en termes de prévalence que de gravité de la violence.

Le problème de la violence familiale n’est malheureusement pas nouveau, mais les syndicats reconnaissent de plus en plus qu’ils ont un rôle à jouer pour contrer ce phénomène, que ce soit par la sensibilisation, le soutien aux victimes, ou en informant les agresseurs des ressources disponibles.

On pourrait croire que la violence familiale ne concerne pas le milieu de travail ou le syndicat, mais, selon l’enquête du CTC, près de 82 pour cent des victimes affirment qu’elle a des conséquences négatives sur leur travail : distraction, fatigue, mal-être, blessures, etc. La plupart des victimes disent ne pas avoir songé à communiquer avec leur syndicat pour obtenir de l’aide.

La violence familiale affecte aussi le rendement des personnes qui la subissent. Or, une baisse de rendement peut entraîner des mesures disciplinaires, voire un congédiement, particulièrement dans les milieux de travail qui ne disposent pas d’un bon programme de soutien aux victimes.

Le fait d’avoir un emploi peut aider une victime à mettre fin à une relation de violence. Les syndicats et les employeurs qui offrent de l’assistance au travail contribuent à accroître le sentiment de santé et de sécurité des victimes, ce qui les aidera dans toutes les sphères de leur vie, leur performance au travail y compris.

Aujourd’hui, la société canadienne est davantage consciente que la violence ne peut pas être tolérée. Par exemple, il n’est plus acceptable pour un employeur de blâmer, de pénaliser ou de congédier une victime de violence familiale. Les employeurs ont même l’obligation de protéger leurs employés contre toute forme de violence au travail, sous peine de contrevenir aux lois sur la santé et la sécurité du travail.

En milieu de travail, il faut aborder les problèmes de violence familiale de façon spécifique, car la violence familiale est différente des autres formes de violence. L’employeur devrait travailler, avec les comités de santé et de sécurité, à l’élaboration de politiques et de procédures de sécurité pour chaque lieu de travail. En outre, il doit identifier, de concert avec la victime, les mesures de sécurité qui l’empêcheront de courir des risques additionnels.

En tant que militants syndicaux, nous pouvons aider nos membres à surmonter la violence familiale.

Voici quelques éléments à négocier lors du renouvellement de vos conventions collectives :

  • des congés payés pour les victimes de violence familiale, la possibilité de les prendre par petites tranches et leur approbation rapide par l’employeur.
  • des conditions de travail flexibles, notamment le changement de lieu de travail si nécessaire.
  • des procédures confidentielles qui prévoient que les renseignements sont partagés uniquement avec ceux qui doivent en être informés.
  • une procédure pour élaborer les plans visant à assurer la sécurité et le bien-être de la victime et de ses collègues.
  • une procédure permettant d’aiguiller les employés vers les services de soutien aux victimes de violence familiale appropriés.
  • de la formation et des congés rémunérés pour les travailleurs dont les fonctions consistent à offrir de l’aide aux travailleurs, comme les délégués sociaux ou ceux chargés de faire la promotion des droits des femmes.
  • des clauses de protection contre les actions indésirables et la discrimination.

Le SCFP croit qu’il est possible de mieux protéger nos membres en détectant la violence familiale et en agissant pour la contrer. Le syndicat travaille d’ailleurs au développement de ressources supplémentaires pour nos membres. Elles seront disponibles en 2017.

En effet, la chose la plus importante que nous pouvons faire pour nos membres en matière de violence familiale, c’est peut-être de mieux sensibiliser et de mieux former les travailleurs, les employeurs, les dirigeants et les représentants syndicaux.

Pour obtenir des ressources additionnelles ou du soutien, communiquez avec votre conseiller syndical ou avec les spécialistes en santé et sécurité du travail du SCFP national.