Alors que les hôpitaux ontariens déjà surpeuplés traversent la saison de la grippe automnale, le gouvernement progressiste-conservateur vient de faire une annonce qui réduit de plus de moitié les lits d’appoint et le financement. Cette annonce est « trompeuse et très préoccupante » juge le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario, Michael Hurley.
L’hiver dernier, le gouvernement libéral précédent avait annoncé une enveloppe de 187 millions de dollars et l’ajout de 1 200 lits et autres places pour faire face à l’augmentation du nombre de patients pendant la saison de la grippe. Aujourd’hui, le gouvernement du premier ministre Ford a réduit ce financement à 90 millions de dollars et 640 lits et places.
« Présenter cela comme une mesure pour mettre fin à la médecine de couloir, c’est du grand cynisme, estime M. Hurley. En fait, le nombre de patients souffrant dans les couloirs des hôpitaux augmentera à mesure que le nombre de lits diminuera avec ces réductions. La majorité de nos hôpitaux fonctionnent à plus de 100 % de leur capacité, même avant la saison de la grippe. Les hôpitaux ont besoin de lits permanents supplémentaires et d’une plus grande capacité d’accueil. »
De toutes les provinces canadiennes (et de tous les pays développés), l’Ontario compte le moins de lits et d’employés hospitaliers par habitant. Les hôpitaux installent des lits de fortune dans les salles de bain, les solariums et les couloirs pour faire face au manque de places disponibles. De nombreux patients sont traités pendant plusieurs jours sur des civières inconfortables à l’extérieur des salles d’urgence, sans intimité ni dignité. Le SCFP estime qu’il faut ajouter 8 400 lits permanents pour prodiguer aux patients des soins adéquats.
Aux élections provinciales de l’été dernier, M. Ford a promis de mettre fin à la médecine de couloir. « Loin d’accomplir cela, soutient M. Hurley, ces coupures aggraveront la pénurie de lits. Un plus grand nombre de patients, dont beaucoup sont des personnes âgées atteintes de maladies complexes nécessitant une hospitalisation, seront retournés chez eux trop tôt ou ne seront pas du tout hospitalisés en raison du manque de capacité. »
Les coupes de cet été dans la santé mentale et la toxicomanie, puis « ces coupes dans les lits saisonniers, confirment nos pires craintes concernant la politique de santé conservatrice, déplore-t-il : elle est totalement étrangère à la demande et tributaire d’un plan financier visant à réduire les dépenses et les impôts des entreprises. »