Un petit investissement dans une barrière en plexiglas aurait permis d’empêcher qu’une commis à l’admission à l’hôpital de Perth/Smiths Falls se fasse poignarder au cou. Avec de meilleures alarmes, les infirmières de l’hôpital St. Joseph’s Health Centre de Hamilton auraient pu appeler à l’aide quand un patient est devenu violent parce qu’on lui demandait de prendre ses médicaments. Au Royal Ottawa, une infirmière s’est fait poignarder à répétition par un patient qui avait déjà été violent; l’hôpital a été mis à l’amende cet été pour ne pas avoir « réévalué le risque de violence au travail » comme l’exige la Loi sur la santé et la sécurité au travail.
« La violence envers le personnel hospitalier est bien réelle et généralisée, confirme Michael Hurley. Or, pour la prévenir, encore faut-il reconnaître le problème, chose que les employeurs hospitaliers ontariens refusent de faire dans les négociations contractuelles qui se déroulent en ce moment. C’est bien triste, autant pour les employés que pour les patients. » M. Hurley est président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), la division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) en Ontario.
Le syndicat entame aujourd’hui une grande campagne de soutien aux revendications de ses 27 000 membres participant au groupe de négociations centrales dans le milieu hospitalier. Ces syndiqués réclament des mesures concrètes pour mettre fin à la multiplication des agressions contre le personnel hospitalier commises par les patients et leurs proches. Il y aura des publicités à la radio, la télé et dans les réseaux sociaux, des conférences de presse par des employés d’hôpitaux invalides depuis une agression au travail, la publication d’une importante étude en partenariat avec une université, ainsi qu’une campagne d’actions graduelles des syndiqués. Le tout s’échelonnera sur les prochains mois.
Le syndicat a rompu les négociations le 21 septembre, parce que les hôpitaux « refusaient de s’entendre avec nous sur un objectif commun : celui d’un milieu de travail sans violence, résume M. Hurley. Les hôpitaux ont aussi refusé d’afficher des pancartes indiquant qu’on ne tolérera pas de violence dans les hôpitaux. Et ils ont refusé de demander au gouvernement, par lettre, d’investir dans les hôpitaux pour les rendre plus sûrs. »
Selon M. Hurley, malgré toutes les preuves démontrant que le personnel œuvre dans un environnement où les agressions physiques, verbales et sexuelles sont trop fréquentes, « les hôpitaux refusent de bouger, même sur les problèmes les plus fondamentaux. C’est inacceptable. Ça ne peut plus durer. Nos membres nous ont confié un mandat clair : celui de pousser les hôpitaux autant qu’il faudra pour obtenir des avancées concrètes dans le dossier de la violence. »
À l’Assemblée législative, en réponse à des questions sur les négociations dans le secteur hospitalier et la problématique de la violence, le ministre de la Santé a dit que son gouvernement investirait dans la sécurisation des lieux de travail si on lui en faisait la demande. Le syndicat a bien accueilli ces propos.
Le CSHO-SCFP exhorte le gouvernement provincial à modifier la Loi sur la santé et la sécurité au travail et la Loi sur les hôpitaux publics pour y inclure des mesures de protection pour les employés qui signalent ou dénoncent la violence au travail. Selon le syndicat, les amendements proposés sont nécessaires depuis que l’hôpital régional de North Bay a congédié, en 2016, une infirmière qui dénonçait le problème de violence en général.
Pour écouter la publicité radiophonique du CSHO-SCFP, lire les propositions de modifications aux lois et consulter d’autres renseignements importants sur la violence dans les hôpitaux, rendez-vous au www.epidemicofviolence.ca (en anglais seulement).
« La main-d’œuvre hospitalière est majoritairement féminine, rappelle Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO. C’est pourquoi l’attitude des employeurs hospitaliers est si consternante. Nous ne cessons de leur répéter qu’un hôpital dangereux pour son personnel est également dangereux pour les patients. Il faut ajouter du personnel dans des secteurs comme l’aile psychiatrique et améliorer les systèmes d’alarme et de signalement. »