En coréen, « wum » fait référence à la nouvelle pousse d’une plante ou d’un arbre et constitue la dernière syllabe des mots pour apprendre, remplir et nouveauté. Wum est également le nom du centre éducatif du Syndicat des travailleurs des services publics et des transports de la Corée (KPTU).
Le printemps dernier, le SCFP a accueilli une délégation de quatorze membres du KPTU, le plus grand syndicat de la Corée du Sud. Ces délégués venaient s’informer sur le programme d’éducation et d’animation par les membres du SCFP. Éducateurs, membres et dirigeants de notre syndicat ont également eu l’occasion d’en apprendre davantage sur notre cousin sud-coréen. Nous avons échangé des informations sur la formation en animation des membres, le contexte politique dans nos pays et l’importance de la solidarité syndicale internationale.
Les délégués ont dit avoir beaucoup apprécié leur rencontre avec nos membres animateurs et leur participation à quelques cours. Les membres du SCFP et le personnel du KPTU ont échangé de nombreuses idées et questions qui nous ont fait réfléchir sur nos méthodes éducatives.
Depuis la création du KPTU, il y a 30 ans, la privatisation et la précarité croissantes ont limité l’accès des syndiqués à l’éducation et leur capacité de riposte. Les membres du KPTU ont toujours appris par le biais de campagnes sur les lignes de piquetage et dans de grandes manifestations. La montée de la droite et l’accroissement du pouvoir des entreprises rendent ces occasions d’apprentissage plus rares.
Le KPTU envisage de se doter d’un programme éducatif structuré et systématique, associé à de l’enseignant reposant sur des campagnes. Parmi les programmes structurés qu’il envisage, citons la série de cours pour délégués syndicaux du SCFP, la formation des dirigeants de sections locales, ainsi que des activités sur la lutte à l’oppression et les droits de la personne.
La délégation a rencontré le personnel et les dirigeants nationaux du SCFP, en plus d’observer l’approche de notre syndicat en matière d’éducation participative aux adultes à l’université printanière de l’Ontario. Cette approche est enracinée dans le vécu de nos membres. Nous créons nos cours dans une optique d’éducation aux adultes. Les ateliers font appel à l’expérience et au savoir des participants pour y greffer de nouvelles connaissances. Les participants mettent en pratique de nouvelles compétences, puis appliquent ce qu’ils ont appris à leur vie et à leur communauté.
Les travailleurs sud-coréens sont confrontés à de nombreux défis. Les problèmes économiques servent de prétexte à des licenciements massifs, une réduction des salaires, la privatisation et des coupures dans les services publics, le tout imputable à l’austérité. La précarité de l’emploi et les accidents de travail sont en hausse. Ces conditions ont touché les membres du SCFP; elles sont répandues dans les secteurs publics du monde entier.
La délégation sud-coréenne était des nôtres pour la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai. Ses membres se sont joints à une manifestation de travailleurs à l’aéroport Pearson de Toronto, rappelant que les travailleurs utilisent la solidarité internationale pour combattre le capitalisme depuis plus d’un siècle.
Deux dirigeants du KPTU ont également assisté à la toute première conférence sur la justice mondiale organisée par le SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador, juste avant le congrès de cette division provinciale. Kyungkyu Yang, directeur du centre éducatif du KPTU, a déclaré aux congressistes que « la solidarité internationale est plus importante que jamais. Le slogan “travailleurs du monde, unissez-vous !” n’est ni dépassé ni banal. Nous devons en faire notre objectif, notre pratique naturelle. Ainsi, ce rassemblement, cette réunion de nos voix, a une signification profonde. La solidarité internationale doit aller au-delà des échanges entre les directions syndicales pour inclure une action collective concrète et un échange direct entre travailleurs. »
Il a demandé à son auditoire quelle est la distance la plus longue que nous devons tous parcourir. Quand personne n’a répondu, il a dit : « La distance qui va de notre tête à notre cœur. Ensemble, nous pouvons nous déplacer de notre cœur à nos pieds et changer le monde. »