Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes noires, autochtones et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Conseil national des Autochtones et du Comité national pour la justice raciale. Ce mois-ci, faites la connaissance d’Angela Ross, membre du Conseil national des Autochtones. 

Angela Ross se décrit comme « une personne qui aide ». En tant que travailleuse sociale, elle s’appuie sur ses propres expériences de jeunesse pour soutenir les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale et ayant vécu des traumatismes. Elle a également trouvé sa voix au travail et au syndicat, où elle milite pour la sécurité et l’inclusion.

Angela travaille auprès des jeunes en crise et leurs familles en tant que conseillère principale dans une maison d’hébergement affiliée au Conseil scolaire de Calgary. Elle est membre du SCFP 4731 et du Conseil national des Autochtones du SCFP.

Les centres Wood’s Homes accueillent des jeunes présentant des besoins complexes en santé mentale qui peuvent être en situation d’itinérance ou aux prises avec des problèmes de dépendance. Ces jeunes peuvent aussi être à risque de commettre des infractions sexuelles ou avoir déjà fait l’objet d’une condamnation pour de tels actes. Pour beaucoup, les programmes offerts par Angela et ses collègues sont « la dernière ligne » de soutien.

Comprendre les autres grâce à ses expériences

Angela a grandi à Winnipeg. Elle était l’avant-dernière d’une famille nombreuse. Son enfance a été marquée par la pauvreté et un manque d’encadrement parental. « Mes choix n’ont pas toujours été très judicieux, mais à un certain moment, j’ai réalisé que ça ne me convenait plus », explique-t-elle.

Angela a dû se battre pour rester à l’école lorsque la directrice a découvert qu’elle était enceinte. Une école secondaire offrant des services de garde sur place lui a offert le soutien « incroyable » dont elle avait besoin pour obtenir son diplôme.

À l’époque, Angela avait le sentiment de n’avoir sa place nulle part et avait du mal à embrasser sa culture et son identité. « J’étais trop caucasienne pour les Autochtones, mais trop autochtone pour les Caucasiens », se souvient-elle.

« Les expériences que j’ai vécues m’aident vraiment à comprendre les autres », explique Angela, qui offre notamment des programmes autochtones aux jeunes dont elle s’occupe.

« C’est assez surprenant, le nombre de jeunes qui me disent, après m’avoir rencontrée, «je sais que tu es autochtone, je le sens». Pourtant, simplement à l’apparence, je ne pensais pas que quelqu’un pourrait le deviner. »

Elle rayonne de fierté quant à sa capacité à créer des liens avec les jeunes dans le besoin, tout en étant consciente des dangers de son travail. « On fait régulièrement face à des situations assez violentes », confie-t-elle.

Militer pour un milieu de travail plus sûr

Il y a sept ans environ, Angela s’engageait dans sa section locale. « J’avais toujours défendu mes collègues… puis j’ai découvert que je pouvais devenir déléguée syndicale », se souvient-elle.

« Je sentais que cela me permettait d’avoir des discussions plus difficiles avec l’employeur sur ce qui se passait au travail. Le principal enjeu à l’époque, surtout en raison des dynamiques de notre clientèle, c’était qu’on travaillait en solo », ajoute-t-elle.

En 2019, sa collègue Deborah Onwu a été assassinée par un client alors qu’elle travaillait seule. La tragédie a poussé Angela et les autres membres du SCFP 4731 à militer pour des normes de sécurité plus élevées et de meilleurs niveaux de dotation.

« Nos arguments pour mettre fin au travail en solo n’avaient pas été entendus », explique Angela. Près de cinq ans plus tard, Angela et sa section locale ont pris part à de nombreuses discussions et ont pu apporter leur contribution tout au long du processus.

Une tragédie n’aurait pas dû être nécessaire pour faire bouger les choses et rendre notre milieu de travail plus sécuritaire, tant sur le plan physique que psychologique. Angela affirme qu’aujourd’hui « la culture organisationnelle est vraiment meilleure ».

Porter la voix des autres

« J’ai toujours eu une voix pour défendre les autres » dit Angela, qui a d’abord siégé au comité de santé et sécurité au travail de son campus avant de joindre le principal comité mixte de santé et de sécurité au travail de son employeur. Elle a également été secrétaire archiviste de sa section locale, est actuellement vice-présidente du SCFP 4731 et siège en tant que sénatrice au Conseil des Autochtones du SCFP-Alberta depuis début 2023. C’est son premier mandat au Conseil national des Autochtones.

Elle affirme que rejoindre ces deux conseils l’a rapprochée de son identité et sa culture autochtones.

« Le SCFP m’a beaucoup soutenue dans mon cheminement personnel. J’ai pu renforcer mes modes d’apprentissage et de connaissance », ajoute Angela, en soulignant que son rôle dans les conseils provinciaux et nationaux lui donne l’occasion de participer à ces discussions et d’apprendre à son tour ce que beaucoup d’autres avant elle ont pu apprendre. 

Elle souligne qu’il existe de nombreuses façons de briser les barrières et de faire en sorte que les gens se sentent inclus, notamment en offrant des services de garde lors des évènements du SCFP. « Ces services m’ont permis de participer », dit Angela, qui est mère de sept enfants et vit également avec deux petits-enfants.

Bâtir un syndicat plus inclusif

En ce qui concerne la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, la priorité d’Angela consiste à accroître la représentation de la diversité dans sa section locale. En 2019, une modification a été apportée aux Statuts nationaux afin d’accroître le nombre de membres des groupes d’équité aux congrès nationaux, une mesure concrète pour favoriser l’inclusion selon Angela. Depuis, les sections locales peuvent ajouter à leur délégation un(e) membre supplémentaire qui s’identifie comme femme, personne autochtone, racisée ou en situation de handicap, membre de la communauté 2ELGBTQI+, ou jeune travailleur ou travailleuse.

« Parfois, l’exécutif d’une section locale constitue un cercle fermé où les membres s’élisent mutuellement et font avancer leurs propres intérêts. Donc, en ajoutant ce siège pour représenter la diversité… en envoyant une personne qui est peut-être nouvelle, mais qui pourrait vraiment contribuer au syndicat et en bénéficier, on élimine des barrières. »

Ces nouvelles places pour les membres des groupes d’équité et les services de garde proposés lors des événements ont permis à Angela de prendre part à la Conférence nationale des femmes et au Congrès national de 2023. Bien qu’elle ait fait face à des réactions négatives de membres de sa section locale concernant le soutien qu’elle a reçu pour s’y rendre avec son enfant, elle a su démontrer à sa section locale et à sa division qu’il ne s’agissait de privilèges spéciaux, mais des mesures visant à éliminer les barrières afin qu’elle puisse participer au même titre que les autres membres.

« Pour l’avenir, je souhaite me concentrer sur la promotion du syndicat auprès des membres issus de la diversité ou d’un groupe d’équité, et favoriser leur implication », dit Angela. Elle encourage les personnes autochtones, noires ou racisées à s’impliquer dans le SCFP, même si, au premier regard, personne ne semble leur ressembler.

« Vous trouverez votre place, et des gens qui vous accepteront – que ce soit au niveau local, régional ou national. Le travail pour y arriver en vaut vraiment la peine. Vous trouverez une autre famille. »

Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 – Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites –, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.