Dans le cadre de l’engagement du SCFP d’apprendre des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Conseil national des Autochtones et du Comité national pour la justice raciale. L’article de ce mois-ci présente Jason Schrader, membre du Conseil national des Autochtones.

Maintenant qu’il s’est réapproprié son identité autochtone, Jason Schrader se réveille tous les jours dans la bonne humeur et mord dans la vie à belles dents.

Ce sentiment l’habite depuis qu’il a rompu ses liens avec son environnement familial raciste, et qu’il s’en est guéri.

Lors de la conférence du Conseil autochtone du SCFP–Saskatchewan, il l’a expliqué ainsi : la « joie de trouver mon identité, de poser ces questions difficiles et de savoir pourquoi il a fallu tant de temps à ma mère pour embrasser son identité mi’kmaq. Cette joie ne m’a jamais quitté. Elle est toujours là et ne fait que croître jour après jour. Je fais mon chemin, heureux de qui je suis et de celui que je suis devenu. »

Né à Grande Prairie, en Alberta, Jason est le fils d’une mère mi’kmaq et d’un père blanc qu’il décrit comme un homme très raciste. Après plusieurs déménagements, sa famille s’est finalement installée à Saskatoon, où Jason vit toujours et travaille comme concierge pour la division scolaire de la grande région de Saskatoon. Il est membre du SCFP 3730 depuis 2015 et concierge en chef dans une petite école francophone.

Le père de Jason a élevé ses enfants dans un environnement toxique, il leur lançait des injures racistes à cause de leurs origines autochtones. « On n’avait pas le droit d’être nous-mêmes », commente Jason. L’alcool et le trafic de drogue ont déchiré sa famille.

Jason a quitté la demeure familiale à 12 ans et a commencé à travailler à 16 ans. Sa mère a commencé à se réapproprier son identité lorsqu’elle était dans la quarantaine, ce qui a amené Jason à s’engager à son tour dans une longue quête identitaire.

 « J’affirme fièrement mon identité. Je sais d’où je viens, je sais qui je suis maintenant. Ça m’a pris des années pour trouver mes repères », explique-t-il.

Prendre soin des siens

Jason a exercé plusieurs métiers, dont cuisinier et vendeur d’aspirateurs, avant de devenir concierge il y a 25 ans. Il a choisi ce travail pour pouvoir être présent pour son fils aîné, Mason, dont il a obtenu la garde complète lorsque sa mère est sortie de sa vie.

Au fil des ans, ce qui a commencé par un diagnostic d’autisme s’est transformé en graves problèmes de santé. Une maladie génétique rare, le syndrome de duplication du gène MECP2, a été diagnostiquée chez Mason alors qu’il avait 16 ans. Les médecins ont dit qu’il ne fêterait pas ses 27 ans.

Jason et sa nouvelle compagne en ont pris soin à la maison, avec son petit frère. Le couple l’a entouré d’amour et de bienveillance tandis que la maladie progressait.  « Il a vécu avec nous jusqu’à la fin. J’ai refusé de le placer dans un foyer. » Mason est décédé en janvier 2020, à l’âge de 19 ans, des complications d’une présumée infection à la COVID.

Le SCFP était là pour Jason pendant qu’il s’occupait de Mason. « C’était incroyable, dit-il. Quand j’ai commencé à travailler à la division scolaire et qu’ils ont appris pour mon fils, ils se sont montrés très compatissants et ont vraiment pris soin de moi. »

« Le jour de la cérémonie pour la mort de Mason, j’étais dévasté, mais je me souviens que plusieurs membres du SCFP étaient là. Ils m’ont beaucoup soutenu et continuent de me soutenir encore aujourd’hui quand ça va moins bien », relate-t-il.

S’impliquer dans le SCFP

Jason a commencé à s’impliquer dans sa section locale en tant que délégué. Il a été président du SCFP 3730 pendant plusieurs années, a siégé pendant quatre ans au Conseil autochtone du SCFP–Saskatchewan et exerce maintenant son premier mandat au Conseil national des Autochtones.

« Ça m’apporte beaucoup de joie de prendre part à un grand mouvement et à un projet collectif », explique-t-il.

« En siégeant au conseil national, j’apprends beaucoup de choses sur ce qui se passe dans les autres régions et sur leur fonctionnement. On a tous les mêmes objectifs et la même vision, alors pourquoi ne pas mettre nos ressources en commun? »

Pour Jason, une part importante du travail du Conseil consiste à rehausser la visibilité de son travail partout au pays et celle des membres autochtones au sein du syndicat. Il voit cette visibilité comme un moyen de faire tomber les préjugés et la discrimination et pense que le SCFP, par sa taille, est en bonne position pour combattre le racisme.

« On est le plus grand syndicat au Canada, et avec le nombre vient la diversité. Il y a des membres de tous les horizons, d’une foule de secteurs. On a une portée que bien des gens aimeraient avoir. »

Il a fait de l’éducation l’une de ses priorités. À ce titre, il est fier du rôle que le Conseil a joué dans la préparation d’un atelier d’une journée entière qui contribuera à créer un environnement syndical et des milieux de travail plus sécuritaires pour les membres autochtones du SCFP. 

Raconter son histoire

Jason raconte son histoire en espérant qu’elle permettra aux autres membres du SCFP de mieux comprendre le besoin de réconciliation et la résilience des peuples autochtones. Comme il l’a dit lors de la conférence du Conseil autochtone du SCFP–Saskatchewan : « On ne peut pas changer le passé. Mais on peut changer les choses maintenant afin de construire un meilleur avenir. »

Le changement est à l’œuvre, selon Jason, notamment grâce aux articles sur la diversité et l’inclusion de sa convention collective.

« C’est un bon outil pour nous aider à soutenir les membres de tous les horizons et faciliter leur intégration au marché du travail. »

Selon lui, le fait d’embaucher des personnes autochtones est un atout, car les enfants et les familles peuvent se reconnaître dans le personnel scolaire qui parle leur langue et connaît leur culture.

« Ça aide beaucoup à tisser des liens et à faire tomber les barrières. »

Son conseil aux membres autochtones, noir(e)s ou racisé(e)s qui souhaitent s’impliquer dans le SCFP? « Allez aux assemblées générales. Impliquez-vous sans attendre, dit-il. Trouvez votre place et prenez-la. »

Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — « Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites » —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.