Les travailleuses et travailleurs de YouthLink, un organisme de santé mentale qui, chaque année, vient en aide à environ 3 000 Torontoises et Torontois âgés de douze à 24 ans, sont unanimes à croire que les jeunes en crise ont besoin de soins stables prodigués par une main-d’œuvre équitablement rémunérée.

Les thérapeutes en clinique et en établissement, les intervenantes et intervenants auprès des enfants et des jeunes, les travailleuses et travailleurs de proximité et en refuge, le personnel d’aide aux étudiantes et étudiants, et le personnel administratif de YouthLink, qui sont représentés par la section locale 2192 du SCFP, ont voté à l’unanimité en faveur d’un mandat de grève. Ils n’ont plus de convention collective depuis le 31 mars 2021, ce qui fait plus de 700 jours. Pendant cette période, YouthLink a continué à perdre du personnel et les cas d’épuisement professionnel se sont multipliés. La réponse de l’employeur a consisté à ajouter des gestionnaires grassement rémunérés au lieu d’investir dans le personnel essentiel de première ligne.

« Les jeunes que nous servons sont dans le besoin », explique Blair Coombs, conseiller clinicien et président du SCFP 2192 qui travaille chez YouthLink depuis neuf ans. « Ils viennent nous voir après avoir vécu un traumatisme, de l’anxiété ou une dépression. Certains se font du mal ou ont des idées suicidaires. D’autres ont vécu dans la rue. Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés pour ces gamins. Ils méritent les meilleurs soins, prodigués par une équipe stable. Or, les actions de la direction ont transformé YouthLink en portes tournantes. Les gens viennent travailler ici pour acquérir de l’expérience, puis ils partent immédiatement chercher un meilleur salaire ailleurs. Imaginez ce que ce roulement fait à un jeune qui a des problèmes d’abandon. Comment voulez-vous tisser un lien avec lui, gagner sa confiance et l’aider à guérir ? »

Pendant la pandémie, on a souvent qualifié ces travailleuses et ces travailleurs de héros. Le personnel du refuge et les conseillères et conseillers en établissement de YouthLink ont continué de venir travailler dans des lieux collectifs pour aider les jeunes ayant des besoins complexes. Or, ce dévouement, YouthLink ne l’a pas récompensé par plus de respect ou de rémunération. En fait, ces gens gagneraient des milliers de dollars en plus en œuvrant dans les autres organismes communautaires de Toronto. Et c’est, selon M. Coombs, ce qui explique qu’il y ait plus de 25 postes vacants chez YouthLink en ce moment.

Le comité de négociation a présenté des propositions raisonnables et abordables qui résoudraient cette crise de dotation et garantiraient que tous les jeunes reçoivent le type de soutien dont ils ont besoin. En guise de réponse, le PDG de YouthLink ne les a pas encore rejoints à la table de négociation. Le comité retourne en conciliation le 20 mars.

« YouthLink n’existe pas miraculeusement; on est en train de saper tout un écosystème de services, prévient Blair Coombs. Aucun jeune n’est à l’abri de problèmes de santé mentale. Et quand ils en ont, ils peuvent venir nous voir. Nous sommes là pour aider les jeunes ayant des besoins complexes à trouver la lumière au bout du tunnel. Pour mes collègues et moi, c’est une vocation. Nous adorons notre travail. Mais si rien ne change, les jeunes et leurs parents ne pourront plus compter sur nos services. »