Jeudi, au 55e congrès annuel du SCFP-Colombie-Britannique, la conférencière Berenice Celeyta a su émouvoir les délégués en remerciant le syndicat de son soutien aux droits de la personne dans sa mère patrie, la Colombie.
Mme Celeyta est directrice de NOMADESC, un organisme colombien de défense des droits de la personne, depuis sa fondation en 1999. Elle a fait le point sur le processus de paix entamé dans son pays en 2016 avec un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et les groupes rebelles.
Selon elle, depuis le début de ce processus, on a assassiné 285 chefs communautaires et militants en justice sociale. De quoi rendre la notion de paix vague. Mme Celeyta a elle-même reçu des menaces de mort et été victime de harcèlement.
« Depuis plusieurs années, nos communautés se battent pour faire de la justice sociale une réalité, a-t-elle expliqué. Or, les intérêts privés prennent de plus en plus de place en Colombie depuis le début du processus de paix. »
Mme Celeyta a expliqué que la signature d’une série d’accords de libre-échange (à commencer par un accord avec le Canada en 2010) a accéléré les activités d’extraction des ressources de la part de multinationales, entraînant l’expropriation et le déplacement massif de populations. Elle a montré aux délégués une vidéo où on voit des citoyens pauvres être sortis de force de leur domicile pour faire place au développement.
« Cette extraction mondiale est sans cœur, a-t-elle dit; elle dérobe notre société de ses éléments. Le capitalisme est sans cœur. Et c’est à cause du capitalisme que nous vivons dans la pauvreté, la discrimination et l’exclusion. »
Mme Celeyta n’avait pas que de mauvaises nouvelles à transmettre! Grâce au soutien du SCFP et d’autres syndicats, des organismes comme NOMADESC réussissent à éduquer et à autonomiser les communautés touchées par ces expropriations, ce qui donne aux gens le courage de riposter et d’agir collectivement.
En guise d’exemple, Mme Celeyta a parlé des manifestations monstres de l’an dernier à Buenaventura, où la population est victimisée par le racisme structurel et la répression en raison des activités de multinationales dans la région. La vidéo qu’elle a diffusée montrait des scènes festives de manifestations et de solidarité dans la rue.
« Comme on le voit dans cette vidéo, a-t-elle dit, ils peuvent couper toutes les fleurs, mais ils ne peuvent pas arrêter le printemps. Après la Première Guerre mondiale, puis la Seconde Guerre mondiale et toutes les dictatures latino-américaines, les gens sont toujours descendus dans la rue. Nous irons toujours dans la rue avec les gens. »
Mme Celeyta a remercié le SCFP pour ses nombreux efforts en vue de protéger la vie de ses chefs communautaires, citant spécifiquement dans ses remerciements Barry O’Neill et Paul Moist, anciens dirigeants du SCFP, ainsi que Mark Hancock et Paul Faoro, actuels dirigeants du SCFP. En outre, elle a invité M. Hancock, président national du SCFP, à visiter la Colombie pour constater par lui-même les difficultés de son peuple.
« Se souvenir, c’est revivre les événements à travers son cœur, a-t-elle ajouté. Quand nous nous souvenons de ce que les travailleurs ont fait pour survivre et poursuivre le combat pour leurs droits, je me souviens de vous et des gestes de solidarité que vous avez posés pour nous aider. »
M. Faoro a remercié Mme Celeyta de sensibiliser ainsi les membres du SCFP par son exemple de courage. Il a aussi promis que le syndicat continuerait de l’appuyer : « Nous vous couvrons. Le SCFP en Colombie-Britannique et notre syndicat national ne permettront pas qu’on s’en prenne à vos gens. Chère consœur, pour moi comme pour nos délégués, vous êtes une héroïne. »