Geici Brig

Pour l’éducatrice en service de garde de la petite enfance et dirigeante syndicale brésilienne Geici Maiara Brig, la phrase portugaise resistir e lutar (résister et lutter) est plus qu’un simple slogan. Ces mots résument bien une récente campagne visant à contrer les efforts du gouvernement brésilien qui souhaite criminaliser les activités syndicales, mais ils incarnent aussi un mode de vie.

À 26 ans, Mme Brig est l’une des plus jeunes élues du Syndicat des travailleurs de la fonction publique municipale de Blumenau (SINTRASEB), qui représente 8000 travailleurs municipaux dans les services d’eau, l’application de la réglementation, l’administration, la santé et les services communautaires.

SINTRASEB ne compte que six dirigeants à temps plein pour 370 lieux de travail. Le syndicat cherche donc à recruter davantage des militants, particulièrement des jeunes qui montrent un bon potentiel de leadership et un sens de la mobilisation pour fouetter les troupes et gagner des appuis dans la communauté. Geici Maiara Brig n’avait que dix-neuf ans quand on l’a recruté et elle a profité de l’encadrement d’organisateurs syndicaux expérimentés. Aujourd’hui, le syndicat exige que les jeunes travailleurs représentent au moins 10 pour cent des participants à toutes les formations et les assemblées des sections locales.

« Ce recrutement des jeunes est essentiel pour bâtir et renouveler notre syndicat. Je suis privilégiée d’être entourée de dirigeants syndicaux plus âgés qui souhaitent voir les jeunes renforcer notre syndicat. Chez nous, ce sont maintenant les jeunes qui mènent la lutte à l’échelon local. Leur énergie a transformé notre syndicat; elle nous garde dynamiques », a-t-elle expliqué.

Selon Mme Brig, ce modèle est similaire au programme d’implication des membres du SCFP. Il a permis au SINTRASEB de croître, malgré les attaques du président brésilien Jair Bolsonaro contre le droit à la négociation collective dans le secteur public. Le chef de la droite radicale tente maintenant de rendre illégal le prélèvement automatique des cotisations. De plus, le gouvernement a plafonné la hausse du financement des services du secteur public à un niveau inférieur à l’inflation, ce qui réduit l’accessibilité aux services et pousse les salaires vers le bas.

D’importantes modifications apportées aux lois du travail et au mode de financement des syndicats ont eu un impact considérable sur de nombreux syndicats. « Seules les organisations militantes survivent. Les autres périssent », a indiqué Mme Brig

La résistance à ces attaques gouvernementales contre les syndicats et les services publics a pris la forme de grèves générales, de moyens de pression au travail et de journées d’actions qui, grâce à la participation de millions de gens, ont paralysé les métropoles.

Au Brésil, les syndicats dépendent de l’affiliation et du paiement volontaires des cotisations, ce qui entrave gravement la participation des travailleurs à leur syndicat. Qui plus est, la répression des droits des travailleurs du secteur public et les nouveaux modèles d’organisation du travail, la privatisation croissante des services publics et le travail à contrat font diminuer le taux de syndicalisation, autant dans le secteur public que dans le secteur privé.

« Ce sont les jeunes travailleurs qui seront les plus touchés par ces changements, maintenant et à plus long terme. Nous assistons à une “uberisation” fulgurante du travail. Pour les jeunes, qui sont perçus comme des travailleurs autonomes sans protections ou presque, c’est du travail sans avenir. Ils n’ont même pas d’assurance contre les accidents de travail », a souligné Mme Brig.

Dans ces postes de travailleur autonome, il est difficile de répliquer à l’employeur, car on ne sait pas toujours qui c’est. Mais SINTRASEB agit comme s’il représentait même les travailleurs qui ne paient pas de cotisations syndicales. « Nous intervenons auprès de l’employeur. Nous agissons comme si notre syndicat les représentait sur le lieu de travail. Mais c’est une tout autre histoire au plan légal, car ces travailleurs précaires n’ont aucun droit de négociation », a-t-elle expliqué.

SINTRASEB a aussi commencé à travailler en solidarité avec les groupes environnementaux qui luttent contre les changements climatiques.

« De nombreux membres de notre syndicat ont participé à la journée d’action mondiale à la fin du mois de septembre. Il s’agit donc d’un nouveau foyer de résistance et de lutte pour notre syndicat », a-t-elle conclu.