Vania Tse | Service de Recherche du SCFP
On voit souvent la négociation collective comme un outil pour obtenir des droits pour nos membres, mais ces gains améliorent aussi le sort de l’ensemble des citoyens.
Prenez, par exemple, la question du don de plasma rémunéré. On reconnaît mondialement que le sang le plus sécuritaire, celui qui présente le moins de risque d’infections sanguines, est le sang provenant de donneurs non rémunérés. Pourtant, le marché du don de sang rémunéré est en pleine croissance.
C’est inquiétant.
Dans le sillage de la crise du sang contaminé des années 1980, le gouvernement fédéral a mis sur pied la commission Krever. Elle a notamment recommandé de ne pas rémunérer les donneurs, d’interdire les profits sur le sang et les produits sanguins et de viser l’autosuffisance canadienne en plasma.
On a donc créé un organisme public national, la Société canadienne du sang, qui est chargé de recueillir les dons de sang et de protéger notre approvisionnement national. Malheureusement, la Canadian Plasma Resources (CPR), une entreprise qui propose de payer les gens pour leur plasma, vient de s’implanter au Canada. Sa présence même compromet la sécurité de notre système sanguin.
CPR a actuellement une clinique en Saskatchewan et une au Nouveau Brunswick. Deux autres sont sur le point d’ouvrir leurs portes en Colombie Britannique et l’entreprise projette d’en ouvrir une dizaine d’autres à travers le pays au cours des prochaines années.
Pire, la rémunération des donneurs de plasma pose problème en matière de sécurité de l’approvisionnement. Les donneurs motivés par l’argent sont plus susceptibles de mentir aux questions visant à s’assurer que leur sang est sécuritaire. En outre, la rémunération des donneurs fragilise le bassin de donneurs volontaires, ces derniers cessant de fournir du sang au système public gratuitement.
Et qu’est-ce que les cliniques privées vont faire du plasma canadien qu’elles recueillent ? L’exporter au plus offrant, qui le mélangera à du plasma américain pour fabriquer des produits pharmaceutiques qui seront ensuite vendus au Canada à prix d’or. La commercialisation du plasma remplit les poches des multinationales et menace notre autosuffisance. Cette pratique ne sert en rien les citoyens canadiens.
Négocier des périodes de don de sang
La négociation collective permet de s’attaquer directement au problème en offrant la possibilité aux travailleurs de s’absenter pour donner du sang sans que leur salaire ne soit réduit.
Lors de votre prochaine ronde de négociation, vous pourriez proposer d’inclure dans votre convention collective une clause qui reconnaît que le don de sang est un devoir civique qui contribue à notre approvisionnement national et qui nous rapproche de l’autosuffisance.
Cela peut sembler minuscule comme gain, mais d’un contrat de travail à l’autre, cela peut créer un effet boule de neige qui pourrait sauver des vies.
Pour en savoir plus, visitez le scfp.ca/le-scfp-et-ses-allies-disent-non-au-prelevement-de-plasma-sanguin-lucratif.