Chaque hôpital de la région de Durham doit augmenter son personnel et sa capacité de 22 % pour répondre aux besoins; un énorme contraste avec le plan insuffisant du gouvernement, soutient le CSHO-SCFP.

La crise dans le secteur hospitalier ontarien ne fera que s’aggraver au cours des quatre prochaines années, à moins que le gouvernement n’investisse considérablement pour améliorer la capacité et la dotation en personnel, prévient un nouveau rapport rendu public aujourd’hui par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP).

Citant les données les plus récentes, le document intitulé The Hospital Crisis : No Capacity, No Plan, No End (traduction libre : Crise hospitalière : sans capacité, sans plan, sans fin) estime que l’Ontario doit augmenter la capacité en lits et la dotation en personnel de 22 % dans chaque hôpital pour répondre adéquatement aux besoins au cours des quatre prochaines années. Dans la région de Durham, cela représente l’embauche de 1 366 employé(e)s et l’ajout de 247 lits.

Toutefois, selon les plans actuels du gouvernement Ford, les hausses prévues sont de moins d’un pour cent par année pour cette période.

« La crise croissante dans nos hôpitaux publics nous préoccupe réellement. Cette crise est terriblement préjudiciable tant pour le personnel que pour les patient(e)s », explique Michael Hurley, président du CSHO-SCFP, le syndicat de 40 000 travailleuses et travailleurs hospitaliers en Ontario. « Hélas, le plan Ford est totalement inadapté aux besoins d’une population croissante et vieillissante. À ce rythme, la crise ne fera qu’empirer. »

Le CSHO-SCFP s’appuie sur des données récentes de Statistique Canada qui montrent que la dotation en personnel dans les hôpitaux n’a augmenté que de 0,4 % par an depuis 2020, alors que la demande aurait nécessité une croissance annuelle de 5,2 %.

La lourde charge de travail qui pèse sur le personnel, combinée aux compressions salariales, explique l’exode des travailleuses et des travailleurs. En effet, le taux de postes vacants au premier trimestre de 2023 était trois fois plus élevé qu’en 2015. 

« Les problèmes de rétention et de recrutement ne feront que s’aggraver si le gouvernement n’améliore pas les salaires et les conditions de travail, ajoute M. Hurley. Il faut rebâtir notre système hospitalier en faisant revenir les milliers de personnes qui ont quitté le secteur et en formant des dizaines de milliers d’infirmières et d’infirmiers, de préposé(e)s aux services de soutien personnel, et d’autres travailleuses et travailleurs de la santé. »

En Ontario, la dotation en personnel hospitalier est inférieure de 38 % à la moyenne canadienne. Si elle y était la même que dans le reste du pays, les hôpitaux ontariens compteraient 33 778 employé(e)s à plein temps de plus, en incluant personnel soignant et personnel de soutien.

L’amélioration de la dotation contribuerait aussi à résoudre le problème de capacité des hôpitaux de l’Ontario. Depuis 2022, on dénombre plus de 145 fermetures de salles d’urgence en raison de pénuries de personnel, et rien ne laisse présager un retour à la normale en 2023.

Mais le problème va au-delà des pénuries de personnel, car la capacité hospitalière de la province a fortement diminué depuis 30 ans. Selon les derniers chiffres de l’ICIS, le Canada dans son ensemble compte 7,7 % de lits d’hôpitaux de plus par habitant que l’Ontario. Résultat : le taux d’occupation des lits est très élevé, des chirurgies sont annulées et on soigne les gens dans les couloirs.

Selon le SCFP, le plan Ford, qui vise à augmenter la capacité de 3 000 lits en 10 ans, est loin de répondre aux besoins. Cela ne représente qu’une augmentation annuelle de 0,79 %. Or, selon les prévisions du gouvernement, la croissance démographique atteindra 1,5 % par année pendant la même période.

« Il ne faut pas oublier que l’âge de la clientèle a une incidence sur les besoins en soins, prévient Michael Hurley. Et la tranche des 65 ans et plus, celle qui utilise le plus les hôpitaux, croît deux fois plus vite que le reste de la population de l’Ontario. »

Bien que le dernier budget ontarien ait considérablement augmenté les enveloppes consacrées aux soins de longue durée et aux soins à domicile, les projections du Bureau de la responsabilité financière n’indiquent pas d’amélioration importante dans ces deux sous-secteurs essentiellement à but lucratif, ce qui aurait permis de soulager les hôpitaux.

« Les gens qui tentent d’accéder aux soins hospitaliers souffrent énormément depuis trois ans, comme en témoignent les fermetures d’urgences, les annulations de chirurgies et la médecine de couloir, souligne M. Hurley. Manifestement, le gouvernement n’a pas de plan pour fournir la qualité de soins dont on a besoin. »