Tina RideoutPendant la première vague de la pandémie, je crois que mes collègues et les résidents se sentaient un peu loin de la réalité vécue dans les établissements de soins de longue durée du reste du Canada. La COVID-19 ne s’était pas encore manifestée dans notre province, mais les préparatifs étaient en cours pour mieux protéger nos personnes les plus vulnérables. Nous avions l’avantage de pouvoir observer et d’apprendre à distance, tout en étant toujours à l’abri du virus. Je crois que cela nous a donné l’avantage d’avoir plus de temps pour nous préparer. La restriction rapide des visites puis la fermeture de nos portes ont joué un rôle énorme pour protéger nos résidents. Très tôt, les membres du personnel n’ont pas été autorisés à se déplacer d’un établissement de soins de longue durée à un autre, ni même à faire du bénévolat ou à travailler ailleurs.

À l’extérieur des établissements, des milliers de membres des familles des quelques centaines de résidents ont dû nous faire confiance plus que jamais pour garder leurs proches en sécurité et à l’abri du virus. L’interdiction des visites a obligé nos employés, qui avaient déjà une lourde charge, à fournir un soutien émotionnel, physique et social accru aux résidents et à leurs familles. Les tâches et responsabilités supplémentaires, et parfois des changements quotidiens aux règlements, ont contribué à épuiser le personnel à la fois physiquement et mentalement. L’augmentation des heures supplémentaires obligatoires en raison de la pénurie du personnel, l’augmentation des congés de maladie en raison de la pandémie elle-même, et le nombre d’employés qui était déjà minimal ont eu de répercussions importantes sur moi et mes collègues.

Il y a un fort sentiment de respect et de confiance envers nos dirigeants provinciaux de la santé qui assurent la sécurité de nos résidents. Les décisions n’ont certainement pas été prises à la légère et ont été soutenues par nos équipes de santé. Cette période est certainement la plus difficile que j’aie vécue dans mon lieu de travail pendant mes 30 années en tant qu’infirmière auxiliaire autorisée dans le secteur des soins de longue durée. Au fur et à mesure que le nombre de cas actifs augmente dans les provinces de l’Atlantique, le personnel et les résidents se sentent évidemment plus menacés que jamais. Encore une fois, nos dirigeants continuent de travailler encore plus fort pour nous protéger. Quitter la bulle de l’Atlantique était la bonne chose à faire. Ces restrictions encore plus strictes montrent à quel point nous sommes prêts à travailler fort pour assurer la sécurité de nos personnes les plus vulnérables.

Les personnes qui travaillent dans les soins de longue durée ne choisissent pas de le faire parce que c’est facile. Pendant que les portes se ferment partout dans le monde, et que les gens travaillent pour protéger la sécurité des personnes qui sont dans leur bulle, notre bulle familiale s’est agrandie pour inclure les résidents dont nous prenons soin. Toute décision prise hors de mon lieu de travail aura un effet direct sur le bien-être des centaines de résidents de mon lieu de travail et des membres de leur famille. C’est un fardeau énorme.

Tina Rideout
Infirmière auxiliaire autorisée depuis 30 ans dans les soins de longue durée 
Région de Corner Brook, section locale 488