Il est difficile de cerner toutes les caractéristiques des bons emplois, de sorte que les indices de qualité des emplois ou des bons emplois incluent habituellement une série d’indicateurs. L’indice de la qualité d’emploi de la CIBC comporte seulement trois indicateurs : la croissance des emplois à rémunération élevée à temps plein, la répartition des emplois à temps plein et à temps partiel
et les employés rémunérés par opposition aux travailleurs autonomes. L’indice Just Jobs Index, lui, tient compte des possibilités de travail, du revenu, de la sécurité d’emploi, des régimes de retraite, des avantages sociaux, de l’égalité des sexes et du contexte social. La banque TD, elle, prétend avoir mis au point un indicateur du marché du travail supérieur à tous les autres.
Les banques centrales deviennent aussi plus méthodiques quant à la mesure des conditions plus générales du marché du travail. L’indice des conditions du marché du travail de la Réserve fédérale américaine comprend 19 indicateurs. La Banque du Canada n’inclut que huit variables dans son nouvel indicateur du marché du travail.
Certains se demandent peut-être pourquoi les banques centrales désirent maintenant surveiller la qualité de l’emploi. Ne sont-elles pas davantage intéressées par le volet financier de l’économie?
Historiquement, on a observé des liens entre les plus faibles taux de chômage et les salaires et l’inflation élevés. Cette corrélation porte le nom de courbe de Phillips, mais elle ne tient plus la route. Actuellement, les taux de chômage anémiques ne font pas augmenter les salaires et ne stimulent pas la demande et la croissance. Sans hausse des salaires, il y a peu de pression sur les prix et la demande. C’est pourquoi les banques centrales ont maintenu les taux d’intérêt à un niveau aussi faible pendant aussi longtemps. C’est aussi pourquoi elles ont commencé à surveiller la qualité des emplois créés. C’est finalement pourquoi les autres banques canadiennes suivent la situation de près, car elles veulent savoir quand la Banque du Canada modifiera ses taux d’intérêt.
Les politiques monétaires et les faibles taux d’intérêt ne stimulent pas la croissance parce que ces facteurs sont contrecarrés par des politiques gouvernementales qui nuisent aux salaires, au pouvoir syndical et à l’égalité. Parmi ces politiques gouvernementales ont retrouvent notamment la réduction des dépenses, la sous-traitance, les gels salariaux, les mesures fiscales régressives et la déréglementation.
Même les grands organismes économiques internationaux comme le Fonds monétaire international, l’OCDE, l’Organisation internationale du travail et la Banque mondiale reconnaissent que nous avons besoin d’une croissance dynamique des salaires et de plus d’égalité pour générer une croissance économique plus importante.
Pour revenir aux indices de la qualité de l’emploi, actuellement, ils pointent tous vers le bas.
L’indice de la qualité de l’emploi de la CIBC a même atteint un plancher record. Il est de 15 % inférieur au niveau affiché au début des années 1990. L’indice de la Banque TD a récemment enregistré son fossé le plus large au chapitre de la qualité de l’emploi depuis la récession de 2008-2009. En outre, selon l’indice Just Jobs Index le plus récent, le Canada a chuté au douzième rang mondial, son plus bas résultat depuis une douzaine d’années. Finalement, il y a eu peu d’amélioration pour ce qui est de l’indicateur du marché du travail de la Banque du Canada au cours des dernières années, et ce, même si le taux de chômage a diminué.
Tant et aussi longtemps que les gouvernements ne tiendront pas compte des besoins économiques des travailleurs, la qualité de l’emploi et la vigueur de la croissance économique ne s’amélioreront pas.