L’Hôpital général d’Etobicoke va de l’avant avec la privatisation des services d’entretien ménager, de gestion des déchets, de blanchisserie et de manutention malgré la forte opposition du personnel représenté par le Syndicat canadien de la fonction publique. En juin dernier, le syndicat a organisé une manifestation après avoir entendu parler du projet de privatisation, envisagé par l’hôpital, qui aura une incidence sur 224 postes.
« L’hôpital commet une grave erreur qui nuira aux patient(e)s, aux visiteuses et visiteurs et aux employé(e)s », souligne Erica Young, présidente du SCFP 145, le syndicat qui représente le personnel hospitalier. « C’est prouvé que la privatisation des services de nettoyage est associée à une hausse des infections aux superbactéries en raison d’une mauvaise gestion du risque infectieux. Quand on considère les répercussions possibles sur la vie des gens, on voit que c’est une décision insensée et injustifiable. »
Au Canada, les infections aux superbactéries dans le milieu hospitalier sont en hausse (en anglais seulement). Le rapport 2017-2021 du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales montre une augmentation des taux d’infection du sang à SARM et à ERV.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (en anglais seulement), le personnel de nettoyage est la première ligne de défense contre les infections nosocomiales et appuie les efforts visant à réduire la résistance antimicrobienne.
En outre, les recherches montrent qu’un effectif suffisant et des pratiques rigoureuses en matière de contrôle des infections sont essentiels au maintien d’une bonne hygiène dans le milieu de la santé, lesquels sont menacés par la privatisation.
« Les marges bénéficiaires importantes réalisées par les entreprises privées mèneront à une baisse de l’effectif, à un taux de roulement élevé et à un travail d’équipe divisé entre le personnel de nettoyage et les spécialistes de contrôle des infections », affirme Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO/SCFP). « C’est difficile de croire qu’un hôpital est prêt à mettre en péril la vie des gens. La direction devrait s’éloigner des projets de privatisation qui vont assurément mener à l’éclosion d’infections nosocomiales et, dans certains cas, à des décès. »
Étant technicienne de salle d’opération et cumulant 30 ans d’expérience dans le milieu hospitalier, Erica Young affirme que la privatisation de la manutention causerait des retards et un arriéré à l’hôpital vu le nombre limité d’employé(e)s pour transporter les patient(e)s.
Elle déclare que les rendez-vous manqués prolongeraient la durée d’hospitalisation et contribueraient à l’engorgement, ce qui aggraverait les problèmes d’hygiène causés par la sous-traitance des services d’entretien ménager. Elle ajoute que le syndicat « mènera une campagne vigoureuse qui réunit le personnel de la santé, des allié(e)s communautaires et des résidentes et résidents » jusqu’à ce que l’hôpital revienne sur sa décision.
Elle ajoute que la privatisation des services d’entretien ménager a échoué dans de nombreuses juridictions, citant un rapport de recherche du SCFP. À la suite d’une expérience désastreuse en matière de sous-traitance, les hôpitaux écossais ont réduit les infections au C. difficile de 37 % après avoir rapatrié à l’interne les services d’entretien ménager.