Creative Commons, Marc Miller at a press conference 2023
La réduction du nombre d’étudiantes et étudiants internationaux annoncée aujourd’hui par le gouvernement fédéral ne fait rien pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise qui sévit dans les universités publiques de l’Ontario. 

Cette réduction ne fera qu’accroître la dangereuse rhétorique anti-immigration que véhicule la droite politique partout au pays, affirme le SCFP, le principal syndicat représentant les travailleuses et travailleurs universitaires de la province.

« Depuis des décennies, les gouvernements ferment les yeux sur le besoin d’accroître le financement des établissements publics d’enseignement postsecondaire et la nécessité de faire face efficacement à la crise du logement. Plutôt que de prendre les choses en main en augmentant le financement pour régler ces problèmes, le gouvernement fédéral fait une annonce qui prend les étudiantes et étudiants internationaux pour des boucs émissaires », a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.

Les universités publiques de l’Ontario reçoivent le plus faible pourcentage de financement du gouvernement provincial de tous les établissements d’enseignement postsecondaire au pays. La déréglementation entourant les droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux, conjuguée au financement public insuffisant et de plus en plus faible de la province, a amené les universités de l’Ontario à se tourner vers les étudiantes et étudiants internationaux pour combler le manque de financement. 

« Notre province compte sur les compétences et la passion des personnes du monde entier qui viennent ici pour se réinstaller et mettre leurs talents au service de notre avenir collectif. Le fait de limiter le nombre d’étudiantes et étudiants internationaux envoie le message que le problème est là, mais rien ne pourrait être plus loin de la vérité », a déclaré M. Hahn. « Garantir un financement adéquat des services. Investir dans le développement de logements abordables. Investir dans l’éducation publique. Voilà les investissements indispensables qui favoriseront la prospérité de notre société et de notre économie. »

Les étudiantes et étudiants internationaux contribuent de manière plus importante au financement de l’éducation postsecondaire provinciale que le gouvernement.

Un comité d’examen soigneusement choisi par le gouvernement conservateur de l’Ontario a souligné que le financement par étudiant en Ontario est le plus faible au Canada, soit environ la moitié de ce qui est offert dans les autres provinces.

Ce comité a recommandé une augmentation immédiate de 5 % des droits de scolarité, mais oublie de parler de l’importance de rétablir le financement par étudiant aux niveaux des dernières décennies ou à des niveaux comparables à ceux des autres provinces.

« L’annonce d’aujourd’hui, prise isolément, sans financement public accru pour combler l’écart, entraînera une réduction massive des revenus des universités de l’Ontario qui ont déjà annoncé leur intention de fermer des départements entiers », a déclaré David Simao, président du comité du SCFP qui représente le personnel universitaire de l’Ontario. « Nos communautés et notre économie ont le plus à gagner lorsqu’on offre un large éventail de programmes universitaires pour encourager l’analyse et la pensée critique, mais les universités ferment déjà des programmes. »

Le SCFP-Ontario demande au gouvernement fédéral de mettre fin aux changements apportés aux visas d’étudiantes et étudiants internationaux jusqu’à ce qu’il ait réglé la source du problème en rétablissant le financement par étudiant et en fournissant des ressources pour aider à offrir des logements abordables, et en s’attaquant aux causes mêmes des problèmes afin que les programmes puissent être maintenus dans les universités de la province. Si l’on veut offrir aux enfants des familles des classes populaires et moyennes les mêmes chances qu’aux enfants des familles aisées, il faut éviter de le faire de manière injuste et dangereuse en désignant les étudiantes et étudiants internationaux comme des boucs émissaires et d’augmenter les droits de scolarité déjà astronomiques.