Même si la COVID-19 a fait ressortir à quel point nos hôpitaux ont peu de capacité après des décennies de compressions, la crise s’aggravera, et de beaucoup, pour les patients hospitalisés de Toronto et de l’Ontario. C’est la conclusion d’un nouveau document de recherche du SCFP intitulé Ontario Hospital Crisis : Overcapacity and Under Threat, publié aujourd’hui.
Le budget 2021 de l’Ontario prévoit de réduire l’enveloppe COVID de la santé de 3,25 milliards de dollars. Mais ce n’est rien à côté des dix-huit milliards de dollars en coupes concrètes qui seront requis si le gouvernement met en œuvres on cadre de financement sur huit ans comme prévu.
Selon le rapport du SCFP, qui utilise des données gouvernementales pour extrapoler les projections, le financement des hôpitaux à l’échelle provinciale accusera un retard de près de 600 millions de dollars la première année et de plus de 4,4 milliards de dollars la huitième année. En supposant que la dotation en personnel suive le financement, cela se traduirait par 15,3 pour cent d’employés en moins par rapport à la demande. Ce serait comme faire fonctionner les hôpitaux ontariens aujourd’hui avec près de 34 000 employés de moins.
« Au fur et à mesure que ces compressions en cours se concrétiseront, année après année dans la prochaine décennie, les hôpitaux de Toronto chancelleront, la croissance démographique et le vieillissement de la population apportant beaucoup trop de patients très malades pour leur capacité vacillante », estime Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP. « Les patients seront à risque. Il n’y aura pas de capacité d’appoint pour les périodes de pointe. Ce gouvernement n’a rien appris de la pandémie de COVID. »
Les hôpitaux du centre de Toronto accuseraient un retard de 125 millions de dollars sur les coûts la première année et de 934 millions la huitième année. Ce serait comme faire fonctionner le University Health Network avec 2 550 employés de moins aujourd’hui, ou encore les sites St. Michael’s et St. Joseph’s du Unity Health Toronto avec 1 367 employés de moins. Le même effet dévastateur se ferait sentir dans tous les autres hôpitaux de Toronto.
L’Ontario a éliminé près de 20 000 lits hospitaliers au cours des trois dernières décennies. Le rapport révèle que le financement est loin derrière les autres provinces. Pour atteindre la moyenne du reste du Canada, l’Ontario aurait besoin de 8 793 lits supplémentaires. La situation est encore pire si on se compare à d’autres pays. Ces coupes hospitalières ont aggravé la crise de la COVID en Ontario. Elles expliquent le taux d’occupation des lits très élevé et le recours à la médecine de couloir qui font les manchettes régulièrement. Les plans de financement du gouvernement Ford aggraveront la situation.
Des coupes de dix-huit milliards de dollars représenteront « une perte spectaculaire de capacité hospitalière, prévient Michael Hurley. La prochaine pandémie, ou même la prochaine grippe grave, nous submergera beaucoup plus tôt. Mais, même sans cette pression, le système hospitalier ne pourra tout simplement pas répondre à la demande d’une population vieillissante. À mon avis, c’est intentionnel : les hôpitaux n’auront d’autre choix que d’envoyer de plus en plus de patients plus tôt dans les bras des établissements à but lucratif qui ont l’oreille du gouvernement et où le taux de mortalité a été si élevé pendant la pandémie. Mais la population et le personnel hospitalier ne l’accepteront pas. »