En mai, le SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador a organisé la première conférence régionale sur la justice mondiale de notre syndicat. « Bâtir une solidarité mondiale : venir de loin pour rester » a mis l’accent sur l’importance de la solidarité internationale et des droits des migrants. La conférence s’est tenue la fin de semaine précédant le congrès de la division provinciale. Elle a réuni le plus grand nombre de délégués inscrits de toutes les conférences jamais organisées par le SCFP-T.-N.-L.
Les membres du SCFP présents à la conférence ont commencé près de chez eux, en évaluant ce qu’ils vivent sur leurs lieux de travail et dans leurs négociations. Nous avons établi des liens entre nos luttes et celles des peuples du monde entier. Nous avons beaucoup en commun en ce qui concerne nos luttes pour des conditions de travail sûres, un salaire et des avantages sociaux décents, la dignité et le respect.
La conférence a mis en lumière le défi constant que pose le déclin démographique dans notre province et la solution que représentent les réfugiés, la migration et l’immigration. Les participants ont exploré les raisons qui poussent les gens à quitter leur pays natal et les défis auxquels ils sont confrontés dans leur pays d’adoption. Notre rôle, en tant que syndicalistes soutenant les migrants ici et dans le monde, a servi de fil conducteur à nos réflexions.
Nous avons appris la discrimination et l’exploitation que subissent les migrants chez nous comme à l’étranger. Nous avons également examiné la façon dont les programmes d’immigration canadiens contredisent nos conventions collectives et créent des tensions sur le lieu de travail. Nous pouvons œuvrer pour le changement en soutenant les mouvements sociaux d’autres pays, afin que les travailleurs migrants n’aient pas à quitter leur domicile à la recherche de travail. Nous pouvons également forger des alliances au travail pour remettre en question les politiques et les stratégies qui nous divisent.
Nous avons entendu des intervenants qui connaissent de première main les défis auxquels font face les immigrants et les réfugiés. Hector Corrales Diaz a quitté le Mexique il y a près d’un an; il est maintenant résident permanent et travaille à Corner Brook. Il nous a dit que sa communauté d’adoption était très chaleureuse et accueillante. Cependant, l’accès aux cours de langue, entre autres services, nécessite des ressources supplémentaires. Il a invité les membres du SCFP à trouver des moyens de soutenir les migrants dans nos communautés et nos lieux de travail. Jonathan House de l’Association des nouveaux Canadiens et Christine Short du campus Grenfell de l’Université Memorial, qui enseigne l’anglais langue seconde, ont repris son appel.
Avant cette table ronde, nous avons visionné le documentaire Borderless, sur la vie de travailleurs migrants sans papiers au Canada. Ce fut une expérience d’apprentissage douloureuse pour la plupart des délégués. Il existe au Canada, dans notre arrière-cour, un marché non réglementé qui exploite ces travailleurs. Ceux-ci font de longues heures dans des emplois dangereux, sans protection de leur santé et de leur sécurité, pour un salaire extrêmement bas et sans avantages. Cette pratique est particulièrement répandue dans le secteur de la construction.
Les délégués ont également été ravis d’entendre Kyungkyu Yang, directeur de la Fédération coréenne des syndicats des travailleurs des transports et des services publics (KPTU). Celui-ci a souligné l’importance de la solidarité internationale du SCFP lors de la grève générale du secteur public de 2017. Pour l’occasion, le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury, s’était rendu en Corée du Sud pour se joindre aux piquets de grève. M. Yang a déclaré que le resserrement des liens entre travailleurs nous donne du pouvoir. « La solidarité internationale doit aller au-delà des échanges entre les directions syndicales pour inclure une action collective concrète et un échange direct entre travailleurs », a-t-il dit.
La conférence a mis en évidence le fait que nous avons plus en commun avec les travailleurs de l’étranger qu’avec l’élite de notre propre pays. Nous luttons tous contre le chômage, la pauvreté, la privatisation et les casseurs de syndicats. Les actions de solidarité internationale ont pour objectif de « rehausser le plancher » pour tous les travailleurs, en veillant à ce qu’il n’y ait aucun travailleur susceptible d’être exploité par l’entreprise privée.
Keir Hiscock est président du Comité de la justice mondiale du SCFP-T.-N.-L. et membre du Comité national de la justice mondiale du SCFP. Il est premier vice-président du SCFP 1615, le syndicat du personnel administratif, technique, pédagogique et de soutien de l’Université Memorial.