La Stratégie de compétitivité climatique de Mark Carney, telle qu’elle est présentée dans le budget fédéral de 2025, confirme que le gouvernement préfère subventionner les entreprises du secteur pétrolier et gazier plutôt que de soutenir les travailleuses et travailleurs ainsi que les communautés qui ressentent les effets de la crise climatique.
Alors que les canicules, les feux de forêt et les conditions météorologiques extrêmes engendrés par les changements climatiques s’intensifient à l’échelle du pays, les progrès du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ont stagné. Il est regrettable que le budget de Mark Carney ne prévoie aucune nouvelle dépense qui permettrait au Canada d’atteindre ses cibles climatiques, mais qu’il accorde des gains importants au secteur des combustibles fossiles.
Moins d’appui aux gens et à la planète
Le budget ne prévoit pas de mesures pour aider la population à faire des choix plus écologiques. Aucune nouvelle subvention n’est offerte pour le réaménagement domiciliaire aux fins d’amélioration de l’efficacité énergétique, la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes tire à sa fin, et aucun programme de rabais à l’achat de véhicules électriques n’a été rétabli. Le gouvernement coupe aussi dans le financement du transport en commun alors que les municipalités et les sociétés de transport font face à des déficits et que les usagères et usagers doivent composer avec une réduction des services et une hausse des tarifs.
Il n’y a aucune nouveauté dans les programmes de protection de la nature ou d’adaptation aux changements climatiques, et l’engagement à planter deux milliards d’arbres est abandonné.
De plus, le financement de l’Agence de l’eau du Canada et celui de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, responsable de déterminer les conséquences environnementales des nouveaux projets, sont également réduits.
Pour leur part, les travailleuses et travailleurs ne font tout simplement pas partie du plan climatique. Le budget n’aborde ni les programmes d’emplois durables ni la transition juste pour la main-d’œuvre.
Des signes de progrès
Le SCFP accueille favorablement la création d’un service jeunesse pour le climat, qui offrira aux jeunes un accès à de la formation axée sur les compétences et à des occasions d’emploi leur permettant de répondre aux urgences climatiques, d’appuyer les mesures de rétablissement et de renforcer la résilience des communautés. Toutefois, l’investissement prévu de 40 millions de dollars sur deux ans ne sera pas du tout suffisant pour créer un nombre raisonnable d’emplois et pour dépasser le stade du projet pilote.
La mise en place tant attendue du crédit d’impôt à l’investissement dans l’électricité propre – une mesure qui bénéficiera aux sociétés d’État et aux entreprises de services publics – est un bon pas en avant. Cependant, le gouvernement est passé à côté d’une très belle occasion en n’optant pas pour un réseau électrique public est-ouest alimenté par de l’énergie renouvelable. C’est le genre de projet d’édification nationale qui aurait le potentiel d’accroître la souveraineté énergétique du Canada et de favoriser les progrès que le SCFP réclame dans la lutte contre les changements climatiques.
Le SCFP se réjouit toutefois de l’engagement à renforcer la tarification du carbone pour l’industrie (une politique climatique clé), mais le budget présente peu de détails à ce sujet, et on ne sait pas encore si les nouvelles règles seront assez strictes pour réduire les émissions dans le secteur pétrolier et gazier.
Des gains importants pour le secteur des combustibles fossiles
Ce sont le secteur des combustibles fossiles et ses lobbyistes, et non pas le climat, qui ressortent gagnants du budget de 2025 et de la Stratégie de compétitivité climatique. Alors que les mesures liées au climat ont été réduites, les subventions offertes aux entreprises du secteur pétrolier et gazier ont augmenté. Le budget comprend des allégements fiscaux pour le gaz naturel liquéfié ainsi qu’un élargissement du crédit d’impôt à l’investissement pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone.
Le budget montre que le gouvernement se détourne du plafonnement des émissions dans le secteur pétrolier et gazier, une mesure à laquelle l’industrie pétrolière s’était vivement opposée. Il annonce également des plans pour atténuer les règlements de lutte contre l’écoblanchiment visant à prévenir les déclarations fausses ou trompeuses de la part d’entreprises au sujet de leurs plans climatiques et des effets de leurs produits sur l’environnement.
La stratégie de Mark Carney en matière de climat est elle-même un exemple d’écoblanchiment. Elle ne mentionne aucunement l’atteinte des cibles climatiques du Canada et ne vise pas véritablement à réduire la quantité totale d’émissions de carbone rejetées dans l’atmosphère. L’objectif est plutôt de réduire l’« intensité en carbone », soit la quantité d’émissions de carbone générées par la production d’un baril de pétrole. Il s’agit d’une approche possiblement nocive alors que la production de combustibles fossiles continue d’augmenter au Canada, ce qui accroît par le fait même la quantité globale d’émissions de GES générées par le pays.