Le Syndicat des débardeurs du port de Québec salue la décision du gouvernement du Canada de déposer un projet de loi pour interdire le recours aux travailleurs de remplacement dans les entreprises de compétence fédérale partout au Canada, dont au Québec. Les libéraux exaucent ainsi finalement l’une des demandes contenues dans leur entente avec le Nouveau Parti démocratique (NPD).
Il convient d’abord de se rappeler qu’au Québec, depuis 1976, le gouvernement a adopté des dispositions législatives prohibant l’utilisation de tels travailleurs de remplacement. Cela avait eu lieu notamment à la suite de la violente grève chez Pratt & Whitney au cours de laquelle beaucoup d’accusations au criminel avaient été déposées contre des employés syndiqués qui manifestaient sur les lignes de piquetage.
Les compagnies ayant des activités économiques relatives au transport maritime, comme le débardage, sont des entreprises sous réglementation fédérale, donc qui ne relèvent pas du Code du travail du Québec.
« L’histoire se répète. Comme ce fut le cas par le passé, le fait de franchir une ligne de piquetage continue d’amener des tensions et de la violence. Pratiquement chaque jour, des personnes descendent de leur véhicule pour proférer menaces, insultes et coups. De tels comportements sont inacceptables dans une société dite civilisée. Une loi anti-briseurs de grève est d’autant plus nécessaire maintenant! », de s’exclamer Nina Laflamme, conseillère syndicale au SCFP.
L’absence d’une telle législation contribue grandement à faire perdurer un conflit de travail comme celui du lock-out des débardeurs du port de Québec. Depuis des mois, l’employeur maintient à la table de négociation des positions déraisonnables qui pourraient lui permettre de se soustraire, selon lui, aux normes relatives à la durée normale du travail en termes d’heures par jour et d’heures par semaine, ce qui pourrait forcer les débardeurs à travailler jusqu’à 80 heures par semaine. Ceci entre en contradiction directe avec le Code canadien du travail qui stipule qu’on ne peut obliger un travailleur à travailler plus de quarante-huit heures par semaine.
« Avec cette nouvelle loi, nous ne verrons plus une situation comme celle qui se déroule au port de Québec où l’employeur est littéralement en train de relancer son entreprise avec de nouveaux employés en faisant fi des droits syndicaux », de dénoncer haut et fort la conseillère.
Pour les débardeurs de Québec, ce projet de loi constitue une lueur d’espoir dans ce conflit de travail qui s’apparente à une période marquante de l’histoire du Québec, soit la Grande Noirceur.