Le SCFP demande au Régime de pensions du Canada d’abandonner son projet d’investissement dans un important programme de privatisation de l’eau au Brésil. L’Office d’investissement du régime de pensions du Canada est impliqué dans la vente massive d’infrastructures publiques dirigée par le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, alors que le pays est ravagé par la COVID-19.
L’Office a acheté une participation de 45 pour cent dans Igua Saneamento, une entreprise privée brésilienne spécialisée dans l’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées. Cette compagnie utilisera une partie des 270 millions de dollars de l’OIRPC pour acheter un système d’eau public mis aux enchères dans l’État de Rio de Janeiro. La vente aux enchères doit avoir lieu le 30 avril, mais des contestations judiciaires pourraient la faire dérailler.
« Il est scandaleux que notre régime de retraite public utilise les caisses de retraite des travailleurs pour tirer profit des besoins des gens en eau potable et en traitement des eaux usées. Ce sont des droits essentiels à la survie. L’accès aux services d’eau est déjà fragile et inéquitable au Brésil. La privatisation aggravera les choses. Nous réclamons son abandon », a déclaré le président national du SCFP, Mark Hancock.
Le climat politique actuel au Brésil rend tout investissement dans les infrastructures locales risqué. La vente aux enchères des services d’eau a lieu à l’approche des élections présidentielles de 2022, dont l’issue pourrait entraîner l’annulation de la transaction. Plusieurs actions en justice devant les tribunaux brésiliens pourraient retarder ou perturber la vente, ce qui souligne les risques politiques importants associés aux investissements susceptibles de générer une opposition sociale.
Le 26 avril, plusieurs syndicats ont obtenu une injonction temporaire pour bloquer la vente aux enchères, car le service public d’eau n’avait pas négocié les éventuels licenciements massifs avec ses employés. La Fédération nationale des travailleurs urbains (FNU), qui représente les travailleurs de l’eau de Rio de Janeiro touchés par la vente, affirme que la privatisation entraînera la perte de milliers d’emplois. Les travailleurs touchés demandent aux Canadiens de contribuer à la défense des services d’eau publics.
« Le SCFP s’oppose fermement à ce que les caisses de retraite investissent dans la privatisation d’infrastructures et en tire profit. Oui, nous souhaitons que nos caisses de retraite obtiennent un rendement décent sur leurs investissements, mais pas aux dépens de travailleurs et de citoyens canadiens, ni de travailleurs et de citoyens d’autres pays. L’Office doit se retirer de ce plan de privatisation dangereux et nocif », a affirmé le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury.
Les services privés d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées affichent un terrible bilan. La privatisation de l’eau s’accompagne souvent d’une flambée des tarifs, d’une chute de l’accès, d’une baisse de qualité et de compressions dans les services et les emplois.
- Lire la lettre du SCFP à l’OIRPC en français et en portugais.