Child Care WorkerAdrienne Silnicki | Service de la recherche

Avant les élections fédérales de l’automne, le gouvernement libéral multipliait les ententes bilatérales avec les provinces et les territoires sur l’instauration d’un programme universel de services de garde à l’enfance. Pour le plus grand plaisir des militantes et militants des services de garde à l’enfance, la garderie à dix dollars par jour, en moyenne, est enfin sur le point de se concrétiser. Cet objectif ne sera atteint qu’en décembre 2026, mais chaque province signataire a accepté de diminuer les frais de garde de 50 pour cent d’ici la fin de 2023.

Au déclenchement des élections, début août, seuls le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, l’Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut n’avaient pas conclu d’ententes pour un programme universel de services de garde. Avec la montée des conservateurs dans les sondages, on a craint un autre report de la promesse des services de garde universels, déjà vieille d’un demi-siècle. Heureusement, les services de garde à l’enfance sont à l’ordre du jour du nouveau gouvernement.

« Avec ce nouveau gouvernement libéral minoritaire, nous aurons toutefois besoin d’alliés solides pour que les libéraux tiennent leur promesse en matière de services de garde. Heureusement, le NPD a suffisamment de sièges pour apporter aux libéraux les voix (et si nécessaire la pression) dont ceux-ci auront besoin pour bâtir un bon programme pour tout le monde », a souligné la coprésidente du Groupe de travail national de la garde à l’enfance du SCFP, Margot Nickerson. 

Les militantes et militants ont cependant encore du pain sur la planche. Même si les nouvelles sont bonnes dans de nombreux provinces et territoires, rien ne garantit que le salaire du personnel sera amélioré. Depuis des décennies, il y a un lien entre le salaire offert et les frais de garde exigés des parents. Si les gouvernements ne dissocient pas ces deux éléments, le personnel n’aura pas droit à l’augmentation qu’il mérite et dont il a si désespérément besoin. Selon les données de Statistiques Canada de 2015, les travailleuses et travailleurs des services de garde à l’enfance gagnent en moyenne 24 100 dollars par année, soit moins de la moitié du revenu national moyen des travailleuses et travailleurs œuvrant dans d’autres secteurs. Un rapport de Statistique Canada publié en juin 2021 démontre que le nombre d’emplois en services de garde a diminué de 21 pour cent par rapport à l’année précédente. De plus, ces travailleuses et travailleurs risquent de ne pas revenir travailler dans le secteur. « Les services de garde manquent déjà cruellement de personnel. Si on veut créer un système universel, il va falloir offrir un salaire décent. Le personnel des services de garde ne peut tout simplement pas vivre avec un salaire de misère », a affirmé la coprésidente du Groupe de travail national de la garde à l’enfance du SCFP, Lee-Ann Lalli.  

Les militantes et militants des services de garde attendent avec impatience la formation du cabinet fédéral et le retour au travail du Parlement. Le discours du Trône et l’émission des lettres de mandat aux ministres mettront la table quant aux engagements gouvernementaux et aux éléments qui nécessiteront des pressions supplémentaires de la part des militantes, des militants et du NPD pour bâtir un système véritablement abordable, accessible et universel pour tout le monde.