Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et la Fédération des enseignants et des enseignantes de la Saskatchewan (FES) réitèrent leurs appels à l’action face à la prévalence élevée de la violence et du harcèlement dans les écoles de la Saskatchewan, comme le révèle une nouvelle étude de l’Université d’Ottawa.
Selon cette étude intitulée « Beyond the Breaking Point: Violence Against Saskatchewan’s Education Sector Workers », 84 pour cent des travailleuses et travailleurs de l’éducation ayant répondu au sondage sur l’année scolaire 2022-2023 ont rapporté avoir été victimes d’au moins un geste, une tentative ou une menace de violence physique, et 87 pour cent, d’au moins un incident de harcèlement. Ont répondu à ce sondage des membres du corps enseignant, des travailleuses et travailleurs de soutien direct aux élèves, notamment des aides-enseignant(e)s, et de soutien indirect, de même que du personnel d’entretien ou administratif.
« La violence et le harcèlement sont souvent dus à un manque de soutien professionnel, ce qui empêche l’élève de participer pleinement en classe et à l’école, explique Samantha Becotte, présidente de la FES. Le corps enseignant de la Saskatchewan dénonce la violence en classe depuis plus de dix ans. C’est le manque de financement, année après année, qui a provoqué cette crise dans les écoles. Les constats de l’étude et les témoignages bouleversants qui y sont rapportés illustrent tragiquement les conséquences de la négligence du gouvernement non seulement sur les conditions d’apprentissages des élèves, mais aussi sur les conditions de travail du personnel enseignant et de soutien. »
Les auteur(e)s de l’étude – Darby Mallory, Chris Bruckert, Darcy Santor et Hanya Ismail de l’Université d’Ottawa – ont sondé les participant(e)s sur leurs expériences et interventions liées à la violence (actes, tentatives et menaces de violence physique) et au harcèlement (injures, insultes et remarques dégradantes) en milieu de travail.
La majorité des personnes ayant répondu au sondage ont dit avoir été victimes d’actes de violence physique; la plupart de ces gestes avaient été posés par des élèves. Parmi les autres constats du sondage, mentionnons ce qui suit :
Près de trois quarts des personnes sondées ont subi une tentative de violence physique par une ou un élève.
Quatre-vingt-cinq pour cent ont été témoins d’au moins un acte, une tentative ou une menace de violence physique d’une ou un élève envers une ou un collègue.
Soixante-dix-huit pour cent ont dit avoir été témoins ou victimes d’au moins un acte de harcèlement d’une ou un élève (défiance de l’autorité, injures et propos offensants).
Plus de la moitié des personnes sondées (54 pour cent) ont subi du harcèlement de la part des parents.
« On demande au personnel de soutien de faire plus avec moins depuis des années, mais ça ne peut plus durer, déclare Karla Sastaunik, présidente du Comité directeur des travailleurs et travailleuses de l’éducation du SCFP-Saskatchewan. Le sous-financement chronique et l’abolition de postes ont créé un climat de violence omniprésente dans nos écoles. C’est inacceptable. Cet automne, nous appelons la population à voter pour la création d’emplois et un meilleur financement dans notre système d’éducation. Nos enfants et notre personnel enseignant méritent de recevoir le soutien nécessaire. »
Le manque de ressources et de soutien pour répondre aux besoins des élèves provoque de la violence à l’endroit du personnel enseignant et de soutien, un problème qu’on tend de plus en plus à normaliser sous prétexte que « ça fait partie du travail ». Dans leur réponse, les travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation décrivent les conséquences de cette situation sur leur santé physique et mentale et signalent leur épuisement et insatisfaction au travail. Pour les élèves, le fait d’être régulièrement témoins de violence est déstabilisant et nuit à leur éducation, à leur capacité d’apprentissage et à leur bien-être émotionnel.
Selon l’étude, seulement six pour cent des personnes sondées trouvaient que les mesures prises pour lutter contre la violence étaient « très efficaces ». Selon elles, les établissements réagissent seulement après coup ou mal, ou minimisent le problème – on leur dit qu’elles ont tort de se plaindre et on « balaie les problèmes sous le tapis ». L’efficacité des mesures proactives, comme les plans de sécurité, qui ont le potentiel de résoudre le problème de violence et de harcèlement, est compromise par le manque chronique de ressources dans les écoles.
« La création d’un environnement de travail et d’apprentissage sécuritaire doit être une priorité pour les personnes élues responsables des écoles et de l’éducation, souligne Samantha Becotte. Le personnel enseignant et de soutien en a assez que le gouvernement fasse l’autruche et garde les bras croisés. C’est pourquoi, dans le cadre de sa campagne Vote for Public Education, la FES appelle tous les partis et toutes les personnes se présentant aux élections provinciale et scolaire qui auront lieu cet automne à s’engager publiquement à lutter contre la violence dans nos écoles. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du personnel enseignant et de soutien dévoué parce que nous ne lui donnons pas les ressources nécessaires pour s’épanouir et aider les élèves. »
Le rapport complet est accessible sur le site Web du projet sur la violence et le harcèlement subis par le personnel enseignant.