Photo of electrical pylons

En juin 2024, le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi important qui met la table pour sa vision de l’avenir des services d’électricité au Québec. Le projet de loi 69 est préoccupant notamment parce qu’il ouvre la porte à des projets privés de production et de transport d’électricité, allant à l’encontre du modèle québécois en place depuis 1963. Le SCFP participe à la commission parlementaire sur le projet de loi 69.

En début d’année, les syndicats d’Hydro-Québec affiliés au SCFP ont lancé une campagne publique pour mettre en garde contre toute volonté de privatisation de la société d’État et des services publics d’électricité. Cette vaste campagne a été visible à la télévision, en ligne et sur des panneaux géants dans les rues de Montréal et de Québec.

« Les services publics d’électricité représentent un levier de développement socioéconomique fondamental. Nous gardons un contrôle sur les prix de l’électricité tout en ayant notre mot à dire sur le développement économique régional. De plus, Hydro-Québec rapporte énormément à notre collectivité, en permettant de financer en partie les services de santé et d’éducation », souligne Patrick Gloutney, vice-président général du SCFP pour le Québec.

Les membres du SCFP craignent que le projet de loi présenté par Pierre Fitzgibbon, ancien ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, soit néfaste pour la société québécoise et rappellent que le gouvernement n’a pas été élu pour défaire le modèle québécois.

« Notre joyau collectif est en train d’être dilapidé indirectement. La mission d’Hydro-Québec a été travestie par la réintégration du privé dans le secteur de l’énergie et les Québecoises et Québécois n’en sortent pas gagnants », avertit Patrick Gloutney. « Ailleurs dans le monde, la privatisation des services d’électricité, de la production à la distribution, a mené à une hausse des tarifs résidentiels, à une mauvaise répartition des bénéfices des sociétés privées et à un affaiblissement de l’accès à l’électricité. L’électricité produite au privé coûtera plus cher à Hydro-Québec, qui devra refiler la facture à ses clients, nous, les Québécois et Québécoises. »

Un colloque et une pétition

Photo of CUPE Quebec members at the symposiumDevant la volonté absolue du gouvernement québécois de laisser de plus en plus de place au secteur privé dans le développement énergétique, le SCFP-Québec a organisé un colloque avec la participation de centaines de membres, le 14 mars 2024. Plusieurs spécialistes se sont prononcés sur les conséquences de l’orientation du gouvernement. Ce fut aussi l’occasion de partager de nouvelles données et des résultats de recherche en appui à des services publics d’électricité.

« En gros, les experts nous confirment que le gouvernement brade au rabais notre capacité énergétique sans avoir fait une réelle planification pour le secteur. L’entêtement idéologique du gouvernement Legault favorise les acteurs du privé et ainsi dépouille les finances publiques des ressources nécessaires pour nos services publics », affirme Pierre-Guy Sylvestre, économiste du SCFP-Québec.

Il n’est pas démontré que sur le plan économique le privé est plus efficace que le public, pour les services publics. Que ce soit pour la gestion de l’eau, les services d’électricité ou même la collecte des déchets, il n’y a pas de données qui démontrent que les prix diminuent suite à une privatisation ou que la qualité du service augmente. C’est plutôt le contraire. Pour la gestion de l’eau, la qualité diminue lorsque les services sont privatisés car les entreprises n’ont aucun incitatif à investir dans le réseau, ce qui cause également une hausse des coûts. Pour les services d’électricité, on observe même une augmentation des prix suite à une privatisation de l’industrie.

Les travailleuses et travailleurs d’Hydro-Québec invitent la population qui s’inquiète des actions du gouvernement du Québec à envoyer une lettre aux élu(e)s pour freiner la tendance à la privatisation des services publics d’électricité.

Photo of flags at a CUPE rally against energy privatization« Il faut se lever contre un projet de loi qui ne fait rien pour la transition énergétique, mais qui permettra plutôt à des entreprises privées de mettre la main sur un potentiel économique québécois exceptionnel : l’énergie éolienne et hydroélectrique du Québec. Le coût de laisser les entreprises privées s’emparer d’opportunités d’affaires à partir de nos ressources naturelles est énorme et il serait irresponsable de laisser le gouvernement actuel poursuivre dans ses choix économiques et politiques qui avantageraient qu’une minorité de personnes, au détriment de millions d’autres », conclut Pierre-Guy Sylvestre.


La privatisation, un obstacle majeur à la justice raciale

La pression croissante des gouvernements et des sociétés privées pour privatiser les services publics nuit aux travailleuses et travailleurs autochtones, noirs et racisés, et à leurs communautés. Le rapport de recherche du SCFP, La couleur de la privatisation, démontre à quel point les services à but lucratif aggravent les iniquités raciales et économiques chez les groupes qui sont déjà désavantagés en raison d’injustices passées et actuelles.

Photo collage of electrical damsLa couleur de la privatisation présente les témoignages des membres autochtones, noirs et racisés du SCFP qui travaillent dans les services publics tels que le secteur de l’énergie. Les sociétés privées et leurs actionnaires tirent profit de la privatisation des services publics. Le rapport montre la façon dont ces profits se font au détriment des personnes noires, autochtones et racisées qui travaillent dans des services sous-traités, ou qui dépendent de ces services.

Le rapport révèle que la privatisation abaisse les salaires, détériore les conditions de travail et dégrade la qualité des services publics. Par ailleurs, le rapport invite tous les ordres de gouvernement à poser des gestes concrets en matière d’équité raciale et des genres, en protégeant les travailleuses et travailleurs et leurs communautés des conséquences de la privatisation.

Consultez le rapport La couleur de la privatisation ou commandez des exemplaires imprimés

Consultez le guide de négociation collective du SCFP qui aide les sections locales à lutter contre la privatisation, Protéger nos emplois contre la privatisation : comment lutter contre la sous-traitance à la table de négociations