Marnie Thorp | Service des communications

Alors que les jours raccourcissent à l’approche de l’hiver, la deuxième vague de la pandémie se poursuit. Des 11 496 décès attribuables à la COVID-19 au Canada, 75 pour cent sont survenus dans des établissements de soins de longue durée (SLD). Partout au pays, les membres du SCFP qui travaillent dans ce secteur ont porté un énorme fardeau pendant cette période de crise.

Une récente étude ontarienne a signalé des niveaux élevés de stress et d’épuisement professionnel chez les membres du SCFP des SLD. « Nous manquons tellement de personnel que nous savons déjà que nos résidents ne sont pas pris en charge adéquatement », a expliqué un membre.

« Peut-être qu’on pense que tout cela est dû à la COVID-19, mais il s’agit de problèmes préexistants de manque de personnel et de financement. C’est la réalité des SLD », a-t-il ajouté.

La présidente de la section locale 2719, Virginia Monton, travaille au Maples Personal Care Home à Winnipeg. Ce foyer de soins a fait les manchettes lorsque des membres du SCFP ont révélé que l’employeur avait caché une éclosion dévastatrice survenue en novembre. Elle est d’accord avec le constat du membre précité : « La vie au travail dans un établissement de soins de longue durée est très difficile ces jours-ci. Avant la pandémie, nous étions déjà aux prises avec un problème de ratio employé-résidents. Maintenant, la pénurie de personnel a aggravé la situation. En quelques semaines, de nombreux employés ont contracté le virus.  On a eu de la difficulté à trouver des remplaçants pour les employés en auto-isolement », a souligné Virginia Monton qui fait elle-même partie du personnel infecté.

Malgré les défis, les membres font de leur mieux. « Je travaille avec une excellente équipe où tout le monde est très solidaire. Quand il y a eu une éclosion dans notre centre, nous avons vraiment bien travaillé ensemble, en équipe, pour surmonter une situation incroyablement difficile », a raconté l’aide diététique et membre du Syndicat des employés d’hôpitaux en Colombie-Britannique, Gurdeep Parhar.

La lutte à la pandémie est un défi, non seulement pour les travailleurs, mais aussi pour les personnes dont ils s’occupent, au travail et à la maison. « C’était difficile : nos résidents avaient besoin de nous, et nous étions déterminés à nous en occuper. Même si ma famille se faisait du souci pour moi, ma fille de neuf ans a compris. Elle m’a dit : “Maman, tu dois y aller, ils ont besoin de toi.” », a-t-elle poursuivi.

Les choses étaient différentes dans la bulle atlantique. Tina Rideout, membre de la section locale 488 à Corner Brook (Terre-Neuve-et-Labrador), travaille dans le domaine des soins de longue durée depuis 30 ans. « Au cours de la première vague de la pandémie, nous nous sommes sentis quelque peu éloignés de la réalité du Canada continental. La COVID-19 ne s’était pas encore manifestée dans notre province. Nous avons eu l’avantage d’apprendre à distance tout en étant à l’abri du virus. Or, à mesure que le nombre de cas actifs augmente en Atlantique, le personnel et les résidents se sentent plus menacés. Quitter la bulle atlantique, c’était la bonne décision prise au bon moment », a affirmé Tina Rideout.

Sandy Wilson, de la section locale 2784 à Halifax, est du même avis : « Nous avons eu de la chance en Nouvelle-Écosse. Mais peut-être que nous sommes devenus complaisants à cause de la bulle. Les nouvelles disaient que c’était l’endroit le plus sécuritaire où vivre, les gens rentraient de l’Ouest. Mais maintenant que nous avons fait cette erreur, je crois vraiment que les gens se comporteront bien et que nous reviendrons à notre niveau de sécurité d’avant », a-t-elle noté.

L’hiver qui s’en vient semble sombre, mais il y a quand même une lueur d’espoir à l’horizon. En effet, après 24 ans de pressions exercées par le SCFP et d’autres syndicats, le gouvernement de l’Ontario s’est finalement engagé à respecter une norme minimale de quatre heures de soins pratiques quotidiens par résident. Et, au Québec, le gouvernement a lancé une ambitieuse campagne de recrutement et de formation en accéléré de près de 7000 candidats préposés aux bénéficiaires.

Mais les avancées réalisées ici et là ne suffisent pas. Le Canada a besoin d’un plan complet pour repenser les soins de longue durée. Les SLD devraient être accessibles, universels et financés par les gouvernements. Le gouvernement fédéral doit établir des normes nationales de soins pour augmenter considérablement le nombre de lits et d’employés dans les SLD. De telles normes permettront d’assurer l’accessibilité et la qualité des soins.

Aidez-nous à effectuer des pressions en ce sens: visitez repenserlessoins.ca pour envoyer un message au premier ministre Justin Trudeau. Dites-lui qu’il est temps de repenser les soins de longue durée, afin que nous n’ayons jamais à faire face à une autre crise comme celle à laquelle nous sommes confrontés depuis neuf mois.