Daniel Gawthrop | Service des communications

Pour la plupart des Canadiens, la pandémie de la COVID-19 et l’appel à la distanciation sociale posent des défis au quotidien. Pour les résidents vulnérables du quartier Downtown Eastside de Vancouver (DTES), l’auto-isolement peut toutefois s’avérer mortel s’ils n’ont ni endroit où aller ni de quoi manger. Mais les travailleurs en santé communautaire comme Ellie Schmidt, membre de la section locale 15 du SCFP, sont là pour les aider.

Ellie Schmidt, qui compte 20 ans d’expérience en prestation de soins de santé de première ligne dans le DTES, est diététiste pour la régie sanitaire Vancouver Coastal Health. Elle travaille dans trois cliniques de soins primaires de la région, auprès de la population la plus marginalisée du Canada. Son équipe se compose aussi de médecins, d’infirmières et d’infirmières praticiennes, d’intervenants en soutien communautaire, de travailleurs sociaux, de pharmaciens, d’inhalothérapeutes, de spécialistes en santé mentale et de conseillers en toxicomanie.

« Nous travaillons avec les clients où qu’ils se trouvent, de manière à ce qu’ils puissent recevoir nos services », a-t-elle noté, en soulignant qu’en plus de travailler en clinique, elle rend visite aux clients dans leur maison de chambres, la rue et les parcs.

« Les clients que je vois dans le Downtown Eastside ont souvent des besoins médicaux complexes. Ils souffrent de multiples problèmes de santé chroniques, comme le VIH, l’hépatite C, les maladies cardiovasculaires, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) ou le diabète, pour ne nommer que ceux-là », a expliqué Ellie Schmidt.

« Ajoutez à cela les diagnostics de toxicomanie et de santé mentale, l’itinérance ou des conditions de vie déplorables et la pauvreté, et vous comprendrez que ce n’est pas à l’école qu’on apprend à dispenser une éducation sur l’alimentation saine dans ces circonstances », a-t-elle poursuivi.

Avec l’éclosion de la COVID-19, Ellie Schmidt et ses collègues des soins de santé ont dû réduire au minimum les contacts avec leurs clients.

« Nous essayons de protéger la communauté du DTES de nous. Nous sommes les personnes les plus susceptibles de faire entrer le virus dans le quartier », a-t-elle souligné.

L’accès à la nourriture est le premier défi auquel elle a dû faire face. Le médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique a fermé tous les cafés et les restaurants. Du coup, les repas bon marché dont ses clients dépendent normalement ont disparu, tout comme les programmes qui offrent habituellement des repas gratuits à des centaines de personnes à la fois.

« La pandémie nous a frappé de plein fouet le 16 mars, lorsque nous avons commencé à changer notre façon de travailler. Personnellement, j’ai passé cette semaine-là à travailler à l’élaboration de sacs-repas d’urgence avec toutes les cliniques », a-t-elle illustré.

Ellie et son équipe ont réussi, avec l’aide de partenaires communautaires, à mettre en place une source d’informations en ligne sur les plats à emporter disponibles dans le quartier. Ces données ont permis de réaliser une carte géographique de l’offre alimentaire dans le DTES, que l’équipe imprime et distribue dans la communauté.

« Avec énormément d’aide de beaucoup de gens, nous avons maintenant un système pour que les personnes dans le besoin puissent trouver un repas, un endroit où consommer de la drogue en toute sécurité ou un lavabo pour se laver les mains », a affirmé Ellie Schmidt.

Néanmoins, le plus grand défi reste la distanciation sociale.

« Lorsque nous effectuons des évaluations cliniques et qu’un client présente des symptômes importants de la COVID-19, que la directive soit de les tester ou non, nous devons essayer de l’amener à s’auto-isoler. À l’heure actuelle, notre plus grand défi consiste à trouver un moyen d’isoler les personnes qui n’ont pas de logement. Mais nous avons toujours dû travailler hors des sentiers battus, ce n’est donc pas nouveau », a-t-elle conclu.