S’ils devaient composer le 911 pour une urgence médicale les concernant ou concernant un proche à Ottawa, près de 85 pour cent des répondants à un sondage sur les changements provinciaux à la prestation du 911 ont affirmé préférer une réponse du service ambulancier. Moins de 6 pour cent disent préférer une réponse du service de lutte aux incendies.
Ces chiffres correspondent, en plus élevés, à ceux d’un sondage provincial mené en janvier dernier. On y apprenait que les Ontariens n’acceptent pas l’idée du gouvernement libéral de transférer les appels au 911 de nature médicale aux services de lutte aux incendies.
Le sondage provincial et celui d’Ottawa ont eu lieu tous deux à la fin de 2017, immédiatement après l’adoption de changements à la Loi sur les ambulances. Selon les ambulanciers affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), ces changements ouvrent la voie à une transformation de la réponse aux urgences médicales signalées au 911 et des soins préhospitaliers. Ceux-ci permettront l’instauration, dans les municipalités qui le souhaitent, de projets pilotes expérimentant avec le recours aux pompiers ayant aussi une accréditation d’ambulancier pour répondre aux urgences médicales préhospitalières.
« Ottawa étant une des rares municipalités à avoir à la fois un service ambulancier et un service de lutte aux incendies, ce genre d’expérience est beaucoup plus susceptible de se passer chez nous, souligne Jason Fraser. Ce qui n’est pas une raison pour la ville de mener de telles expériences, n’en déplaise au gouvernement ou aux pompiers. Rien ne prouve que cela serait bénéfique aux patients. D’autant plus que ça coûte beaucoup plus cher d’envoyer sur les lieux un ambulancier dans un camion de pompier qu’un ambulancier dans une ambulance. » M. Fraser est président du CACO, le comité ambulancier du SCFP-Ontario. Le SCFP représente plus de 5 500 des 8 000 ambulanciers œuvrant dans la province.
Quand on demande directement aux répondants d’Ottawa s’ils appuieraient l’idée de confier une partie des appels médicaux au 911 aux casernes de pompiers, plus de 62 pour cent affirment être contre ce changement.
Les sondages d’opinion à Ottawa et à l’échelle provinciale montrent « que le gouvernement ontarien ne dispose pas de l’appui de la population pour modifier la réponse aux urgences médicales et la rediriger vers les services de lutte aux incendies, explique M. Fraser. Selon nos résultats, la population n’en veut pas vraiment. Les Ontariens comprennent que ce modèle de prestation du service coûtera plus cher aux municipalités et qu’il aura des conséquences sur les soins aux patients. Les ambulanciers, que le SCFP représente, pressent donc le gouvernement d’investir plutôt dans l’amélioration des services ambulanciers au lieu de mener ses petites expériences. »
Pour l’instant, aucune municipalité ne s’est portée volontaire pour mener un projet pilote. Au départ, le gouvernement espérait mettre ces projets en place avant les élections, mais il semble maintenant se résigner à attendre après. En fait, les municipalités, par la voix de leur association provinciale, se sont prononcées contre le transfert de la réponse médicale aux services de lutte aux incendies. Le modèle de « pompier ambulancier » leur coûterait plus cher, puisque le prix d’une heure de service incendie est supérieur de 55 pour cent à celui d’une heure de service ambulancier. En tenant compte des frais supplémentaires, les municipalités assument 100 pour cent des services de lutte aux incendies (avec leur assiette fiscale), alors que le provincial paie la moitié des services ambulanciers.
Le SCFP 503 représente environ 10 000 employés municipaux dans la région d’Ottawa, dont des centaines d’ambulanciers. Son président Brian Madden prie le conseil municipal « de ne pas utiliser Ottawa comme une boîte de Petri. Le conseil devrait plutôt mettre son argent dans une valeur sûre qui sauve des vies pour moins cher — les soins paramédicaux prodigués par les services ambulanciers — au lieu de succomber à un nouveau système qui lui coûtera plus cher. »
Les études confirment une hausse du nombre d’appels d’urgence médicale contre une baisse du nombre d’incendies. Selon le SCFP, les gouvernements devraient se pencher sur le potentiel qu’offre une planification rationnelle : le retrait de ressources aux services où la demande est en baisse pour les réaffecter aux services où la demande grimpe, comme les ambulances. Près de 72 pour cent des sondés à Ottawa se disent d’accord avec cette idée.
La firme Public Polling a sondé 590 citoyens d’Ottawa en décembre 2017. Son sondage a une marge d’erreur de plus ou moins 3,88 pour cent dix-neuf fois sur vingt.