Matt McLean | Services de Recherche du SCFP
En mars dernier, les sages-femmes de Winnipeg, membres de la section locale 2348 du SCFP, ont remporté une grande victoire pour la santé maternelle au Manitoba en obtenant une convention collective, après deux ans de négociations. Cette longue et difficile ronde de négociations a fini par déboucher sur une entente, mais seulement après l’obtention d’un solide mandat de grève, le rejet des propositions patronales et le recours à la conciliation.
Les sages-femmes auront droit à des augmentations de salaire totalisant jusqu’à 18 pour cent sur quatre ans, à une bonification de leurs congés annuels, ainsi qu’à une allocation de retraite. En outre, elles se sont entendues avec l’employeur pour explorer des améliorations à la prestation des services, autant pour la clientèle que pour les sages-femmes.
La profession de sage-femme a été réglementée par le gouvernement néo-démocrate provincial en juin 2000. Le NPD s’était aussi montré intéressé à élargir le rôle des sages-femmes, au point d’ouvrir un centre des naissances de niveau mondial à Winnipeg. Cependant, la croissance de la profession a été freinée par des problèmes de formation, de recrutement et de rétention. Au Manitoba, la moitié des femmes qui demandent les services d’une sage-femme n’y auront pas droit en raison du manque de personnel. Récemment, une sage-femme d’expérience retournait à son emploi précédent d’infirmière, alors que d’autres envisageaient de déménager en Saskatchewan, où une convention collective récente leur accorderait 20 000 dollars de plus par année que ce qu’elles gagnent à Winnipeg.
Les sages-femmes de Winnipeg craignaient pour l’avenir de leur profession au Manitoba si on ne s’attaquait pas au problème des salaires. Par le passé, l’employeur avait bien promis d’envisager un rajustement salarial et l’équité salariale, mais sans livrer la marchandise. C’est pourquoi les sages-femmes de Winnipeg étaient déterminées à s’attaquer aux problèmes d’équité lors de la dernière ronde de négociations.
La population a bien compris l’enjeu de ces négociations. Lorsqu’elle a organisé des piquets d’information, la section locale 2348 à inviter ses sympathisantes à participer, directement ou par le biais des réseaux sociaux. À chaque action syndicale, des clientes actuelles et d’anciennes clientes se sont jointes aux sages-femmes. Des enfants de tous âges étaient aussi de la partie quand la météo le permettait. Dans les reportages publiés dans les journaux locaux et diffusés à la télévision, on a vu plein d’images de mères, bambin dans les bras, raconter leur histoire et témoigner leur soutien aux sages-femmes.
Les sympathisantes des sages-femmes ont même organisé leurs propres activités durant les négociations. Elles ont mis sur pied un groupe Facebook, qui a attiré plus de 1600 personnes, pour partager leurs témoignages et planifier leurs actions. Se soutenant les unes les autres, elles ont exercé des pressions sur les députés provinciaux et partager les réponses reçues. Elles ont aussi remis une pétition de plus de 2000 signatures à la ministre provincial de la Santé.
Cette communauté de sympathisantes poursuit ses activités même si la convention collective est ratifiée. Les femmes continuent de partager leurs anecdotes sur les réseaux sociaux, mais surtout de réclamer des politiciens qu’ils s’engagent à accroître les soins prodigués par les sages-femmes au Manitoba.