Marc Xuereb | Service de Recherche du SCFP

À la table de négociations, les propositions bien formulées et l’expérience des négociateurs ne permettent pas de tout régler.

La négociation passe aussi par la mobilisation des membres du SCFP. En effet, des membres qui s’expriment et qui agissent sur la place publique font comprendre à l’employeur que dire non aux revendications syndicales lui coûtera plus cher que dire oui.

Pour mobiliser les membres, il faut d’abord bien communiquer avec eux, soit leur expliquer ce que fait le syndicat et écouter leurs préoccupations. Il faut aussi les inviter à s’impliquer et il existe plusieurs manières de le faire : porter des articles à l’effigie du syndicat, partager des publications sur les réseaux sociaux, assister aux assemblées et participer aux manifestations.

Autrement dit, il faut monter une campagne pour convaincre nos membres d’agir pour changer le monde et leur milieu de travail. D’ailleurs, au SCFP, les campagnes doivent faire partie intégrante de notre travail.

Maureen O’Reilly en sait quelque chose. En 2010, peu après son élection à la présidence de la nouvelle section locale 4948, elle a lancé une campagne pour faire connaître du grand public les employés de la Bibliothèque publique de Toronto qui se démenaient pour offrir un service public de qualité, malgré le sous-financement cruel du secteur des bibliothèques et la précarité de la moitié de leurs emplois.

Dans le cadre de cette campagne qui est toujours en cour, plusieurs tactiques et outils ont été utilisés : assurer une présence aux réunions du conseil municipal et à celles du conseil de la bibliothèque, animer des kiosques et offrir de la crème glacée dans les festivals, distribuer des articles promotionnels et réaliser des vidéos.

« Faire campagne, c’est une affaire de persévérance. On ne peut pas se contenter de faire une seule action. On doit utiliser plusieurs tactiques tout en répétant toujours le même message afin que les politiciens et la population l’assimilent lentement mais sûrement », a expliqué Maureen O’Reilly.

Cette campagne a porté ses fruits au cours des deux dernières rondes de négociation de la section locale 4948. En 2012, par exemple, la grève s’est soldée par une victoire totale du syndicat : la Ville de Toronto a retiré ses 32 demandes de concession et bonifié les assurances pour soins de la vue des employés.

Le SCFP souhaite que l’expérience de la section locale 4948 se répète partout au pays. Au congrès national de 2017, les délégués ont appuyé la création d’un programme pour expliquer comment faire une campagne ainsi que l’élaboration d’outils pour accroître la capacité de nos membres à défendre les services publics et à résister aux demandes de concession des employeurs.

Tout le monde y gagne lorsqu’on fait campagne. Les compétences que nous acquérons en mobilisant les membres pour soutenir une campagne politique donnée sont cruciales pour résister et faire des gains à la table de négociations.