Selon des documents obtenus par le SCFP, des règles gouvernementales permettant aux compagnies aériennes de réduire le nombre des membres de l’équipage à bord des aéronefs ont été mises en œuvre par le gouvernement conservateur avant les élections malgré les recommandations fournies par les évaluateurs et experts de Transports Canada.

L’analyse des observations fournies à Transports Canada, obtenue par le SCFP grâce à des demandes d’accès à l’information, ne fournit aucune raison pour réduire le nombre d’agents de bord sur le plan sécuritaire.

« Les vols avec moins d’agents de bord constituent une menace pour la sécurité des passagers, point final. Vous n’êtes pas obligés de me croire : regardez les évaluations effectuées par Transports Canada qui ont été présentées au comité des transports de la Chambre des communes aujourd’hui », a déclaré Troy Winters, agent principal en santé et sécurité du SCFP.

Une décision non censurée de Transports Canada concernant les exigences relatives aux agents de bord proposant un ratio d’un agent de bord pour 50 passagers (1:50) conclut que : « les arguments et questions soulevés par les personnes qui s’opposent à cette mesure permettent de conclure que réduire encore davantage le nombre des membres de l’équipage peut avoir un effet négatif sur la sécurité et ne peut certainement pas l’améliorer ».

De plus, le personnel de Transports Canada a indiqué que des demandes antérieures d’exemptions au ratio ont été rejetées pour des raisons de sécurité, en soulignant qu’il n’y a eu aucun changement permettant de démontrer que la sécurité ne serait plus compromise.

Dans une lettre portant sur cette question en 2001, Frances Wokes, alors chef de la Sécurité des cabines à Transports Canada, a fait remarquer que « si le ratio est modifié pour se conformer aux règles américaines, il y aurait des répercussions en matière de sécurité, que les normes de sécurité seraient abaissées et que ce changement serait encore plus évident avec l’augmentation de la taille de l’aéronef ». Elle a ajouté qu’elle avait été convaincue par les faits et les études et recherches sur la sécurité : « Nous avons une norme de sécurité supérieure (ratio de 1:40) et nous devrions la conserver ».

« Les agents de bord jouent plusieurs rôles essentiels en matière de sécurité à bord des aéronefs, mais l’un des plus importants est sans doute de diriger les foules qui essaient de sortir de l’avion en cas d’incident grave. En cas d’urgence, il est indispensable que l’avion soit évacué en 90 secondes ou moins. Les membres de l’équipage sont formés pour s’en assurer, et représentent un lien vital dans le processus d’ouverture des portes en toute sécurité », a déclaré M. Winters. « Il est difficile d’atteindre cet objectif, même dans des conditions optimales. Réduire le nombre des agents de bord à un pour 50 passagers rendrait cette tâche presque impossible à réaliser », a-t-il ajouté.

Le ministère a déclaré ce qui suit dans sa propre décision : « Transports Canada Aviation Civile (TCAC) doit fonder sa décision sur la sécurité aérienne.  La décision conclut que réduire les exigences liées aux agents de bord constituerait une violation de l’un de nos principes de promotion d’une volonté commune de renforcer la sécurité aérienne au Canada et dans le monde ».

« Comme les éléments de preuve disponibles, y compris les évaluations de Transports Canada, indiquent que le ratio 1:50 réduit la sécurité des passagers, ce n’est pas dans l’intérêt du public que le gouvernement maintient ce ratio », a ajouté Mark Brancelj, président de la Division du transport aérien du SCFP. « Si le gouvernement libéral n’est pas prêt à éliminer le ratio 1:50 immédiatement, il devrait au moins respecter sa promesse électorale de mener des consultations appropriées auprès des intervenants et experts, tout en faisant de la sécurité de tous les Canadiens une priorité », a conclu M. Brancelj.