C’est la Caisse de dépôt et placement du Québec qui planifie et qui finance en partie ce projet de train léger appelé Réseau électrique métropolitain (REM). La Caisse gère les fonds du Régime de rentes du Québec et ceux d’autres régimes de retraite. La Caisse sera propriétaire du REM et l’exploitera dans le but de réaliser des profits.
Le SCFP-Québec s’oppose vivement au projet depuis son annonce, car il est convaincu que la recherche de profits sera privilégiée, au détriment de l’intérêt public et de l’environnement. Le mémoire déposé par le SCFP dans le cadre des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement prévenait le gouvernement que le REM aurait besoin d’importantes subventions pour être rentable.
Selon une nouvelle analyse, la population devra financer une part encore plus importante des profits du PPP que ce qu’on anticipait.
La Presse s’est penchée sur les derniers rapports de la Caisse sur l’achalandage et la tarification, ainsi que sur les budgets des autorités responsables du transport régional. Le journal, qui a retenu l’aide de deux experts du transport collectif, arrive à la conclusion que la Caisse fait fausse route dans ses prévisions de revenus.
En utilisant un taux de rendement de 10 pour cent (ce qu’a exigé la Caisse ailleurs), son investissement de 3,1 milliards de dollars dans le projet devrait produire un rendement d’environ 300 millions de dollars. Or, au mieux, le REM générera un profit d’exploitation de 66 millions de dollars, ce qui laisse un trou de 240 millions.
Qui devra combler ce trou ? Les contribuables sous forme de contributions supplémentaires de la part des municipalités et du gouvernement provincial, mais aussi les usagers du train rapide. D’ailleurs, selon la Gazette de Montréal, la Caisse facturera des frais par usager à l’autorité responsable du transport collectif régional, en plus du prix des billets assumé par les usagers.
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a déclaré récemment que le REM « correspond parfaitement » au type de projet que financera la nouvelle Banque d’infrastructure du Canada.
Dans les faits, ce projet illustre plutôt tout ce qui peut aller de travers lorsqu’on confie le contrôle d’une infrastructure publique au secteur privé. De plus, si elles sont retenues, certaines des propositions qui circulent quant aux orientations à donner à la Banque d’infrastructure du Canada accorderaient à des investisseurs (dont les fonds de retraite) un contrôle jamais vu sur des infrastructures publiques.
Les coûts du REM sont maintenant évalués à 5,9 milliards de dollars, alors que le budget initial était de 5,5 milliards.
Le SCFP-Québec est membre de la coalition Trainsparence qui s’oppose au REM.