Mark Hancock | Président national
Depuis les premiers jours de la pandémie, nous savions que les gouvernements de droite, malgré leurs louanges à l’endroit des héros de la fonction publique, finiraient par s’en prendre à nos emplois et aux services que nous fournissons. Nous savions qu’ils utiliseraient les dépenses liées à la pandémie comme excuse pour procéder à de nouvelles coupures une fois la crise passée. Et c’est exactement là où nous en sommes. Presque partout, les gouvernements passent à l’attaque.
De Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’en Alberta, ils ne cherchent pas seulement à rogner nos services publics, mais à les démanteler. Qu’il s’agisse de santé ou d’éducation, les gouvernements de droite invoquent le manque de personnel et de financement pour présenter le secteur privé comme seule solution.
C’est cette lutte que notre syndicat a menée récemment en Ontario, contre le gouvernement conservateur de Doug Ford. Nos 55 000 membres du secteur de l’éducation étaient déterminés à se battre pour obtenir leur première augmentation salariale significative depuis de nombreuses années, mais le gouvernement Ford a refusé de négocier une entente équitable. Lorsque ces membres ont signifié qu’ils allaient exercer leur droit de grève, Doug Ford a répliqué avec la loi 28, qui imposait un nouveau contrat de quatre ans avec des concessions et des salaires inadéquats, en plus de rendre toute grève illégale et d’imposer une amende pouvant aller jusqu’à 4000 dollars par contrevenant(e), par jour. C’était la mesure législative antiouvrière la plus draconienne jamais vue.
Mais dès le lendemain, nos membres ont courageusement quitté le travail pour mener une protestation politique, pour exiger le respect de leurs droits fondamentaux et constitutionnels. C’était un véritable combat de David contre Goliath.
Et, au moment où nous en avions le plus besoin, notre famille syndicale était là pour nous soutenir. Dans une incroyable démonstration de solidarité, des membres de syndicats des secteurs public et privé se sont joints à nos manifestations dans les communautés ontariennes. Des messages de soutien ont afflué de partout au pays et dans le monde. Et sous la direction du Congrès du travail du Canada, nous avons planifié une escalade des moyens de pression dans tous les secteurs de l’économie, y compris un engagement en faveur d’une grève générale.
Nous entamions une descente aux enfers et Doug Ford le savait.
La loi 28 a été adoptée un jeudi soir ; le lundi matin à la première heure, Doug Ford annonçait son retrait. Aucun gouvernement n’a jamais abandonné sa propre loi aussi rapidement que Doug Ford.
Cette histoire prouve à quel point nos droits sont fragiles. Elle prouve aussi à quel point nous sommes puissants lorsque nous luttons ensemble, et à quel point il est vital de défendre notre droit à la négociation.
Parce que notre pouvoir collectif de négocier de meilleurs emplois et une vie meilleure pour les travailleurs et travailleuses ne s’applique pas qu’à nous ; il contribue aussi à préserver les piliers à la base de notre société, comme les systèmes publics de santé et d’éducation.
Nos membres et notre mouvement ont envoyé un avertissement à Doug Ford et à tous les autres premiers ministres du Canada qui pourraient être tentés de saper nos droits : nous sommes organisés et nous sommes prêts à nous battre.