Le samedi 4 octobre dernier, des centaines de travailleuses et travailleurs en éducation de partout en Ontario se sont rassemblés à Queen’s Park pour exiger que le gouvernement Ford prenne des mesures immédiates afin de remédier à la violence croissante dans les écoles.

Depuis 2018, le gouvernement de l’Ontario a réduit de plusieurs milliards le budget de l’éducation publique, créant ainsi un véritable gouffre financier et un manque criant de personnel dans les écoles de toute la province. Résultat : les élèves ne bénéficient plus du soutien dont ils et elles ont besoin de la part du personnel de première ligne, y compris des assistant(e)s en éducation, des éducatrices et éducateurs de la petite enfance et des intervenant(e)s auprès des enfants et des jeunes. 

Le rassemblement était organisé par le SCFP 1328, qui représente plus de 2 000 travailleuses et travailleurs en éducation du Conseil scolaire catholique du district de Toronto. Parmi les personnes présentes figuraient Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, Joe Tigani, président du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario, Sharron Flynn, présidente du SCFP 1328, Jessica Bell et Chris Glover, député(e)s provinciaux du NPD de l’Ontario, ainsi que d’autres président(e)s de syndicats en éducation des quatre coins de la province.

« On doit prévenir plutôt que réagir », s’est exclamée Sharron Flynn, présidente du SCFP 1328. « Le gouvernement a coupé massivement dans le financement des mesures préventives. À l’époque où je travaillais auprès des enfants et des jeunes, on intervenait avant que les situations deviennent dangereuses. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les élèves n’ont pas de soutien, et nos membres doivent éteindre des feux. »

Un sondage provincial réalisé plus tôt cette année par le Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), un organisme qui représente 57 000 travailleuses et travailleurs en éducation, brosse un tableau inquiétant des réalités quotidiennes auxquelles font face ces personnes. En effet, parmi les membres du CSCSO, 75 % ont indiqué être victimes d’incidents violents ou perturbateurs au travail. Ce chiffre grimpe à 96 % chez les assistant(e)s en éducation et les intervenant(e)s auprès des enfants et des jeunes, et 55 % des répondant(e)s ont confié être victimes de violence chaque jour

Les élèves voient donc leur environnement d’apprentissage être régulièrement perturbé, ce qui les empêche de profiter de l’éducation de la plus haute qualité qu’ils et elles méritent.

Le SCFP 1328 et le personnel de l’éducation de l’Ontario demandent un investissement urgent dans l’embauche de milliers de travailleuses et travailleurs de première ligne supplémentaires dans les écoles pour que chaque élève ait accès aux mesures de soutien nécessaires et que chaque membre du personnel puisse aller travailler dans un environnement sans violence.


Citations  

Sharron Flynn, présidente du SCFP 1328 : « Le personnel du Conseil scolaire catholique du district de Toronto est quotidiennement victime de violence physique – morsures, égratignures, tirage de cheveux et blessures graves – parce que les élèves ne reçoivent pas suffisamment de soutien. Notre section locale reçoit des photos de plaies par perforation et de cheveux arrachés. Les incidents de violence sont si fréquents que bon nombre de travailleuses et travailleurs ont arrêté de les signaler. Ce n’est pas la faute de nos élèves. Ces jeunes ont besoin de beaucoup plus de soutien que ce qu’ils et elles reçoivent actuellement du système. On doit embaucher des centaines de travailleuses et travailleurs de plus simplement pour assurer la sécurité. Et les membres se font dire que les blessures font partie des “risques du métier”. Mais personne ne devrait subir de blessures au travail. Si la violence n’est pas tolérée dans les autres professions, alors pourquoi est-ce la norme en éducation? »
  

Fred Hahn, président du SCFP-Ontario : « Tout le monde le sait, le plus grand problème en éducation est le sous-financement provincial. Les conservateurs du gouvernement Ford ont tenté de jeter le blâme sur les conseils scolaires en plaçant sous tutelle le Conseil scolaire catholique du district de Toronto ainsi que trois autres conseils. Mais un récent sondage réalisé par Abacus Data pour le compte du SCFP-Ontario le montre : la population sait que les compressions budgétaires, la violence en classe et le manque de personnel sont le résultat du sous-financement provincial. La crise de la violence dans nos écoles ne sera pas résolue tant qu’on n’investira pas davantage dans le personnel éducatif. Il nous faut plus d’assistant(e)s en éducation pour soutenir les enfants ayant des besoins spéciaux, plus de concierges et de personnel d’entretien pour garder les écoles propres et sûres, plus d’intervenant(e)s auprès des enfants et des jeunes pour aider les élèves vulnérables; bref, il nous faut plus de toutes ces personnes qui contribuent à l’éducation des élèves et au bon fonctionnement des écoles. »

Joe Tigani, président du CSCSO : « Aujourd’hui, les travailleuses et travailleurs de l’éducation de l’Ontario ont clairement fait savoir que le système d’éducation public a atteint un point de rupture. Cela fait des années que le gouvernement conservateur ne cesse de réduire de plusieurs milliards de dollars le financement de ce secteur, ce qui entraîne une grave pénurie d’effectifs, une hausse de la violence envers le personnel et les élèves, ainsi que la négligence des besoins de nos élèves. Il ne fait aucun doute que l’administration Ford a abandonné le secteur de l’éducation. Le gouvernement de l’Ontario se doit d’investir davantage dans les élèves et dans le personnel de l’éducation, et il doit remédier immédiatement à cette situation. Nos travailleuses et travailleurs méritent mieux, tout comme nos élèves et leurs parents. »   
  

Chiffres en bref : 

  • Selon un sondage provincial mené par le CSCSO, 75 % des personnes sondées subissent des incidents violents ou perturbateurs dans leur milieu de travail; 96 % des assistant(e)s en éducation et intervenant(e)s auprès des enfants et des jeunes ont dit vivre des incidents violents ou perturbateurs dans leur milieu de travail, et 55 % ont affirmé que cela se produisait tous les jours. 
      
  • 74 % de ces assistant(e)s et intervenant(e)s disent que leur milieu de travail a déjà fait l’objet d’une évacuation, et 11 % confient que cela a lieu au quotidien.
      
  • 73 % soutiennent cinq élèves ou plus durant une semaine normale. Cette proportion est en hausse par rapport aux 60 % qui disaient soutenir cinq élèves ou plus dans un sondage mené en 2018 auprès des mêmes membres du SCFP; cela reflète donc une augmentation considérable de la charge de travail du personnel et une baisse importante du soutien direct pouvant être offert aux élèves.
      
  • 95 % ont précisé que des élèves de leur(s) école(s) avaient besoin du soutien d’un(e) assistant(e) en éducation ou d’un(e) intervenant(e) auprès des enfants et des jeunes, mais qu’ils et elles n’en bénéficiaient pas actuellement.
      
  • Enfin, 93 % ont déclaré devoir parfois choisir entre deux (ou plusieurs) élèves ayant besoin de leur soutien immédiat au même moment. Beaucoup d’élèves sont privé(e)s du soutien dont ils ou elles ont besoin pour réussir (ou pour simplement tenir le coup toute la journée).