Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones. L’article de ce mois-ci présente Valerie Joseph, membre du Comité national pour la justice raciale.
Valerie Joseph est une militante expérimentée qui ne craint ni les conversations difficiles ni les vérités crues; elle sait que celles-ci sont nécessaires pour bâtir un syndicat fort et antiraciste.
« Je m’investis passionnément dans tout ce que j’entreprends, je vais jusqu’au bout, peu importe les obstacles, affirme-t-elle. Des obstacles, il y en aura toujours. En tant que femme noire, j’y suis habituée. »
Valerie est chargée de cas à la Ville de Toronto pour L’Ontario au travail depuis 1991. Habituellement, elle appuie les membres de la communauté qui demandent l’aide sociale, mais elle a été libérée pour agir comme représentante à temps plein du SCFP 79 au sein du comité mixte d’évaluation des emplois de la Ville.
Valerie s’implique dans notre syndicat depuis des dizaines d’années, à l’échelle locale aussi bien que nationale. Elle en est à son deuxième mandat au Comité national pour la justice raciale, dont elle est coprésidente. Elle a aussi été déléguée et membre du conseil exécutif, du comité des droits de la personne et du comité de la condition féminine de sa section locale.
Valerie est également vice-présidente à l’équité au Conseil régional de Toronto du SCFP, et a été membre du Comité national des femmes du SCFP et du Comité des femmes du SCFP–Ontario, présidente du Comité de la justice raciale du SCFP-Ontario et représentante des membres noir(e)s et racisé(e)s au Conseil exécutif du SCFP–Ontario. En tant que présidente du Comité de la justice raciale du SCFP–Ontario, elle a également siégé au Comité des droits de la personne ainsi qu’au Comité du Plan d’action organisationnel contre le racisme du SCFP-Ontario.
En 2024, Valerie a été élue au Comité des femmes du SCFP–Ontario. Elle est impatiente d’y participer afin de poursuivre le travail pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et faire en sorte que les femmes autochtones, noires et racisées se sentent réellement incluses dans leur syndicat.
Avant de devenir chargée de cas, Valerie travaillait dans un refuge pour femmes ayant survécu à la violence entre partenaires intimes. Elle souligne que celle-ci a explosé : « C’est une épidémie, et il est temps qu’elle soit reconnue comme telle. »
Valerie continue de s’investir dans cette lutte en sensibilisant les membres de sa section locale et ses proches à cette épidémie et en les renseignant sur les ressources destinées à soutenir les femmes et à assurer leur sécurité. Elle a organisé une présentation d’Assaulted Women’s Helpline à ce sujet pour le comité des femmes de sa section locale et fait également du bénévolat pour la ligne d’écoute téléphonique ouverte 24 heures sur 24 de cet organisme.
« Il faut prendre conscience que différentes formes d’oppression, comme le racisme et la discrimination fondée sur le genre, se chevauchent et se recoupent », affirme-t-elle.
S’attaquer aux racines du racisme
Valerie soutient avec ferveur une campagne que le Comité de la justice raciale du SCFP–Ontario a lancée lorsqu’elle en était la présidente et qui a pour but d’aider les membres à comprendre et à démanteler le suprémacisme blanc. « Un travail qu’il est urgent de poursuivre et d’étendre », soutient-elle. À la fin de 2024, le Comité a tenu un webinaire sur l’incidence du suprémacisme blanc sur la santé mentale.
« Le suprémacisme blanc est bien réel. C’est la racine même du racisme et d’autres formes de discrimination. »
Selon Valerie, il est impératif de reconnaître que le suprémacisme blanc façonne notre société, et qu’il est aussi présent dans les structures de notre syndicat. Pour bâtir un syndicat antiraciste, il faut d’abord admettre ce fait.
« C’est une vérité qui dérange, mais c’est la réalité. Le suprémacisme blanc existe au sein du SCFP, tout comme le racisme. »
Certain(e)s membres ne sont pas à l’aise avec l’utilisation du terme « suprémacisme blanc », mais Valerie soutient qu’il faut regarder la vérité en face, que c’est le seul moyen de mettre fin à l’exclusion systémique et à la sous-représentation des membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s à tous les échelons de notre syndicat.
« Ça ne me gêne pas de parler de suprémacisme blanc et de racisme. Je veux brasser la cabane parce que c’est nécessaire pour opérer un véritable changement », déclare-t-elle.
La mort de George Floyd, tué par un policier en 2020, de même que la montée du racisme pendant la pandémie de COVID-19 ont ouvert les yeux de bien des gens sur les profondes injustices auxquelles les communautés autochtones, noires et racisées sont confrontées. Mais malgré les déclarations des organisations et les nouvelles politiques qu’elles ont mises en place, Valerie craint que la solidarité ne s’effrite et que le véritable progrès ne soit menacé.
Ce qu’elle attend de la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme? Des actions concrètes et une responsabilisation.
« Sur papier, ça paraît bien, mais ce sont les actions qui m’intéressent. Les idées, c’est bien beau, mais sans prise d’action, elles ne servent pas à grand-chose. »
Elle ajoute : « Sans action véritable pour montrer aux membres le sérieux de ces démarches, personne ne les prendra au sérieux. »
L’éducation est la clé
Valerie a suivi une formation de membre formatrice pendant la pandémie. Elle considère que l’éducation est la clé du progrès, citant à ce propos la poétesse noire et militante pour les droits civiques Maya Angelou : « Ce que vous apprenez, enseignez-le. »
L’échange de connaissances et la remise en question des préjugés contribuent à faire tomber les barrières pour les membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s. Elles peuvent également renforcer la solidarité d’autres façons, en brisant les mythes sur les syndicats.
« On s’attend à ce que les membres comprennent les choses de la même manière que nous. Mais si on n’était pas aussi impliqués, notre compréhension des choses serait probablement différente aussi. » Prenons la négociation : Valerie a rencontré des membres qui ne comprenaient pas le processus et qui adhéraient aux stéréotypes sur la « cupidité des syndicats ».
« Si on veut que les membres s’impliquent, on doit travailler dans ce sens. »
Son engagement à l’égard de l’éducation se manifeste jusque dans la communauté, dans sa contribution à la section de North York du Congrès des femmes noires. Valerie y a été présidente à l’éducation pendant plusieurs années, participant à l’octroi de bourses d’études postsecondaires pour des étudiantes noires de North York.
Si quelque chose vous préoccupe, impliquez-vous
Au début des années 1990, Valerie n’était pas active dans sa section locale. Les personnes déléguées de son bureau animé du centre-ville changeaient sans cesse et certaines personnes dénigraient le syndicat. Elle ne savait pas qu’un comité de la division des services sociaux se réunissait tous les mois jusqu’à ce qu’une déléguée l’invite à assister aux réunions et à devenir elle-même déléguée.
Après avoir pris part à quelques réunions, elle a accepté de présenter sa candidature, avec les encouragements de Lily Chang, qui était alors responsable de l’unité. Elle a obtenu le poste et tout le monde, dans son milieu de travail, s’en est réjoui, même le gestionnaire de l’époque. Elle se souvient qu’il lui a dit : « Tu es juste et tu sais de quoi tu parles. » Elle l’a remercié de ses bons mots. Et elle n’a jamais fait marche arrière.
Aux membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s du SCFP qui souhaitent s’impliquer, elle conseille de commencer par leur section locale, que ce soit en participant aux réunions, en se joignant à un comité ou en devenant délégué(e).
Elle leur suggère également de rechercher des occasions de s’impliquer à l’échelle provinciale et nationale, dans des comités, par exemple. Elle leur conseille aussi de suivre des formations telles que le programme Développement du leadership des femmes du SCFP–Ontario, qui s’adresse aux membres autochtones, noires et racisées. D’ailleurs, celui-ci vient de lancer sa deuxième cohorte après ce qu’elle décrit comme « l’incroyable succès » du premier groupe.
« Impliquez-vous. C’est votre syndicat, pas celui de l’exécutif. » Quand les gens parlent « du syndicat » de façon impersonnelle, elle rectifie le tir.
« Je leur dis : “Vous savez que le syndicat, c’est vous? Ce n’est pas une entité distincte, détachée de tout le monde. C’est nous. C’est votre syndicat. Si quelque chose vous préoccupe, impliquez-vous.” »
Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.