Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones. L’article de ce mois-ci présente Sharon Stanley, membre du Comité national pour la justice raciale.   

Sharon est une militante et une leader expérimentée guidée par une règle importante : « La sagesse ne se résume pas à ce qu’on dit : il faut savoir écouter. » 

Membre du SCFP 101.6 et du Comité national pour la justice raciale, elle milite depuis des dizaines d’années pour briser les barrières et défendre la justice sociale et raciale dans son milieu de travail, son syndicat et sa communauté. Au fil du temps, elle a développé les relations et les réseaux nécessaires pour lutter contre l’oppression et bâtir un syndicat plus fort et plus inclusif. 

« J’ai assumé de nombreuses fonctions. J’adore m’impliquer. C’est au Comité national pour la justice raciale où je peux le plus contribuer, en adoptant une approche stratégique et en échangeant des informations », affirme-t-elle. 

Sharon, qui remplit son quatrième mandat au sein du Comité national pour la justice raciale, a également siégé au Comité des femmes et au Comité de la justice raciale du SCFP-Ontario. En 2023, elle a reçu le Prix Ed-Blackman du SCFP-Ontario. 

Prêter sa voix à des personnes qui ont besoin de soutien 

Une collègue de travail a suggéré à Sharon de mettre à profit son expérience et sa formation sur les conversations difficiles en devenant déléguée syndicale dans sa section locale. « J’ai commencé à m’impliquer et, depuis, je n’ai jamais arrêté », confie-t-elle. Elle s’est attaquée aux enjeux de santé et sécurité au travail, notamment ceux liés à la santé mentale, tout en travaillant avec d’autres membres pour combattre le racisme.   

« Je m’intéresse à la façon dont les personnes interagissent, aux préjugés qui existent au travail. Certaines personnes ne réalisent pas qu’elles y contribuent. Beaucoup ignorent l’incidence de leurs paroles, de leur langage corporel et de leurs préjugés sur les autres », explique-t-elle. 

« M’impliquer dans mon syndicat est une source d’inspiration. Je peux prêter ma voix à des personnes qui ont besoin de soutien, raconte-t-elle. Je peux également participer à l’élaboration de solutions pour lutter contre le racisme et la stigmatisation auxquels nos membres font face. » 

Pour Sharon, il est important que tous les membres se sentent représenté(e)s par le comité exécutif de leur section locale, c’est pourquoi elle réclame l’ajout d’un poste dans sa section locale pour représenter les membres des groupes d’équité.  

« Depuis des années, je remarque que l’autonomie des sections locales nuit à l’équité et à la participation. Il faudrait évaluer dans quelle mesure les sections locales ont fait progresser le travail des bénévoles qui militent ardemment pour créer des espaces inclusifs et équitables au sein du mouvement syndical », souligne-t-elle. 

S’impliquer dans sa communauté 

Originaire de Trinité-et-Tobago, Sharon vit au Canada depuis l’âge de 11 ans. Elle habite à London, en Ontario, où elle travaille dans le domaine de la santé à titre de coordonnatrice financière depuis 2006. Son militantisme est profondément enraciné dans sa communauté.  

Il y a sept ans, elle a commencé à s’impliquer auprès du Comité de coordination de l’histoire des Noirs de London en offrant son aide lors de réceptions.  

Sharon est également secrétaire du Conseil du travail de London et du district, et on lui a demandé d’en présider le comité sur l’équité et la justice sociale. Au cours de la dernière année, elle a contribué à accroître la visibilité du Conseil grâce à différentes initiatives, dont des t-shirts à l’occasion d’un événement, un concours invitant les membres et les personnes déléguées à créer un slogan pour définir le travail du Conseil, et des signets mettant de l’avant les expériences et l’histoire des peuples autochtones.  

« Ces initiatives sont devenues des projets annuels qui favorisent l’équité et l’inclusion », précise-t-elle. 

La lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs migrants lui tient à cœur. Sharon a d’ailleurs été bénévole pour Justicia for Migrant Workers, où elle a notamment participé au projet de radio Migrant Voices. De plus, elle a activement soutenu une campagne de lutte contre la stigmatisation de personnes africaines, caribéennes et noires de l’Ontario vivant avec le VIH/sida. Avec l’aide de son pasteur, elle a fait la promotion de cette campagne dans sa congrégation. 

Sharon a également tissé des liens à l’échelle internationale. En 2022, elle a participé à la délégation du SCFP envoyée à Cuba, une expérience qui lui a permis d’en apprendre plus sur le programme national de lutte contre le racisme et la discrimination du pays. 

Sharon noue des relations fructueuses en s’entourant de personnes qui favorisent son apprentissage et son cheminement, qui comprennent ses objectifs et qui l’aident à les atteindre. Ce soutien est réciproque, car la solidarité est essentielle au changement.  

« J’aide les autres, parce que je sais que ce sera bénéfique pour tout le monde à long terme, explique-t-elle. On forme une très grande équipe, dans laquelle on a tous un rôle à jouer. C’est un travail très stimulant que j’aime beaucoup. » 

Défendre nos droits et notre sécurité 

Au cours de sa carrière, Sharon a vécu de la discrimination au travail. L’une de ses gestionnaires ne l’a jamais regardée dans les yeux et ne lui a jamais parlé directement. « J’étais son bouc émissaire, à la moindre occasion. J’ai fini par comprendre ce qui se passait réellement. » Toutefois, elle occupe toujours son poste dans l’équipe de la comptabilité, même si certaines personnes estiment qu’elle ne le mérite pas. 

Une autre gestionnaire lui a publiquement reproché d’avoir demandé une mesure d’adaptation pour ses migraines. Sharon a fini par obtenir l’écran d’une valeur de 50 $ dont elle avait besoin, mais la gestionnaire ne lui a jamais présenté d’excuses.  

« Ces situations ont été difficiles à accepter. J’ai néanmoins réussi à en tirer parti », confie Sharon. Aujourd’hui, elle travaille avec des gestionnaires qui sont à l’écoute et sans préjugés à son égard. Ces obstacles sont devenus un véritable tremplin et ont nourri sa passion pour l’équité. 

« Pour défendre mes droits fondamentaux, mon droit à des avantages sociaux, à un traitement équitable et à des mesures d’adaptation, j’ai fait appel au syndicat, indique-t-elle. On a besoin d’un syndicat. Personne d’autre ne va nous aider. C’est important de comprendre nos protections au travail, parce qu’on y passe plus de temps qu’à la maison. » 

Élaborer une stratégie pour éliminer les obstacles 

Sharon estime que le Plan d’action organisationnel contre le racisme du SCFP-Ontario constitue le fondement de ce mouvement et a inspiré la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme. 

Elle croit que la stratégie nationale aidera à « éliminer les obstacles qui perpétuent le racisme systémique ». Elle perçoit cette stratégie comme un document évolutif qui sera peaufiné au fil du temps pour en assurer l’efficacité. 

« Il s’agit d’un engagement collectif à l’égard de l’inclusion et de la reconnaissance de l’intersectionnalité, où nos différences sont valorisées et non une source de division. »  

L’objectif de la Stratégie qui vise à mettre en lumière les expériences vécues par les membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s du SCFP interpelle Sharon. « Cet objectif permet de renforcer la solidarité des membres et de favoriser l’équité, en toute humilité afin que les syndicats incarnent réellement leur raison d’être », précise-t-elle.  

« En recueillant une multitude d’informations, on finit par se rendre compte que tout le monde rencontre les mêmes problèmes. On a ensuite une solide assise sur laquelle s’appuyer pour proposer une résolution. » 

Pour assurer la réussite de la Stratégie, il est très important d’en assumer la responsabilité et d’évaluer nos progrès. « Les membres doivent savoir que les dirigeantes et dirigeants sont à l’écoute. Puis, voir des progrès sur les problèmes soulevés, des actions concrètes », souligne-t-elle. 

Se mobiliser et trouver de l’espoir 

Sharon croit que tous les membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s du SCFP qui souhaitent s’impliquer dans leur syndicat devraient se mobiliser et considérer leurs contributions dans leur ensemble.  

« Ne vous laissez pas décourager par la moindre défaite ou les petits gains, car si vous les gérez efficacement, ils peuvent devenir de grandes victoires. » 

Sharon raconte une autre leçon qu’elle a apprise : « Mettez de côté vos préjugés. Ils n’ont aucunement leur place dans le travail syndical. Il faut avoir l’esprit ouvert, écouter pour bien comprendre, puis réfléchir, avant de se prononcer, ajoute-t-elle. Devant des obstacles, il faut se fier à son instinct pour distinguer ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas. Fiez-vous à ce que vous ressentez au plus profond de vous-même. » 

Même si son travail est une source d’espoir, elle reconnaît l’importance pour toute personne qui milite de prendre soin d’elle-même. « Il y a une lumière au bout du tunnel, mais on doit continuer d’avancer pour l’atteindre, tout en maintenant un équilibre, parce qu’il y aura des moments difficiles. » 

Des femmes fortes du SCFP l’ont soutenue et aidée à développer ses compétences en leadership au fil des ans.  

Elle leur exprime toute sa gratitude : « Je serai éternellement reconnaissante envers mes mentores, qui ont fait leur chemin au sein du syndicat grâce à leur leadership inébranlable. Ces femmes brillantes au grand cœur m’ont accueillie à bras ouverts, et l’humilité dont elles faisaient preuve dans leur engagement m’a inspirée comme militante. » 

Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — « Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites » —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.