Selon le programme conservateur, lorsque les attaques directes contre les services publics ne fonctionnent pas, il faut passer aux menaces voilées appuyées par la classe des cabinets de conseils. Le ministère de l’Éducation a récemment demandé que les services éducatifs à la petite enfance gérés par les municipalités fassent l’objet d’un audit d’optimisation des ressources.
Selon les militant(e)s, les expert(e)s et le personnel des services éducatifs à la petite enfance, le véritable objectif de ces audits est de justifier la fermeture des services éducatifs à la petite enfance municipaux, ouvrant ainsi la porte à une plus grande privatisation.
« On a déjà vu ce genre de situation. Il est question d’un examen par une tierce partie indépendante, mais on sait ce que cela signifie. De gros contrats seront donnés à des cabinets de conseils comme KPMG ou Ernst and Young qui vont dire aux conservateurs exactement ce qu’ils veulent entendre pour faire avancer leur programme de coupes », a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario. « Ces audits ont été utilisés pour justifier des fusions, des regroupements et des privatisations dans toute la province et ils n’ont jamais profité aux familles ou aux travailleuses et travailleurs. Et c’est voulu. Le gouvernement Ford ne se soucie pas plus de la qualité des services qu’il ne se soucie des travailleuses et travailleurs. Il s’agit simplement d’affamer le secteur public. »
En 2017, KPMG a recommandé à la Région de Waterloo de fermer tous les services éducatifs à la petite enfance gérés par la Région. Aujourd’hui, on compte plus de 9000 enfants sur les listes d’attente pour des services éducatifs à la petite enfance dans la région. Peterborough a presque fermé ses services éducatifs à la petite enfance en 2020 à la suite des compressions provinciales, mais un effort concerté des familles et des travailleuses et travailleurs – et appuyé par le SCFP-Ontario – a permis d’éviter ces fermetures. Un rapport de 2021 de Toronto, quant à lui, a conclu de façon catégorique que les services éducatifs à la petite enfance gérés par les villes sont plus efficaces en raison de la centralisation de l’administration et parce qu’ils servent des familles qui n’auraient autrement pas accès à de tels services.
« Ces programmes établissent la norme en matière de services éducatifs et de bons emplois. Ils coûtent un peu plus cher parce qu’ils paient un salaire équitable. Mais ce petit coût supplémentaire a des retombées incroyables, comme un personnel stable, des services éducatifs prospères et des employé(e)s qui peuvent se permettre de vivre dans les communautés qui en dépendent », a déclaré Carolyn Ferns, coordonnatrice chargée des politiques à la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance. « Il y a une pénurie de main-d’œuvre dans les services éducatifs à la petite enfance. C’est pourquoi il y a des dizaines de milliers de familles qui n’arrivent pas à obtenir ces services. La solution est d’élever le niveau de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des services éducatifs à la petite enfance au niveau de référence de ces programmes gérés par les villes. »
Les audits sont fréquemment utilisés par le gouvernement Ford, mais uniquement lorsqu’ils servent à soutenir son programme préétabli. Le gouvernement a payé Ernst and Young pour auditer les répercussions du projet de loi 23 dans six villes de la région du Grand Toronto, mais il a ensuite interrompu le processus et n’a jamais rendu publiques les conclusions de l’audit.
« Ce gouvernement refuse tout simplement de tirer des leçons évidentes. La privatisation n’aidera pas les familles qui ont besoin de services éducatifs de haute qualité. Les audits n’aideront pas les travailleuses et travailleurs qui ont besoin d’emplois stables et mieux rémunérés. Il existe de réels problèmes dans le secteur des services éducatifs à la petite enfance où la main-d’œuvre est principalement féminine, avec un grand nombre de nouvelles arrivantes au Canada. Trop peu d’entre elles gagnent un salaire décent qui reflète véritablement la valeur de leur travail et leur contribution à la société. C’est pourquoi nous avons besoin de plus d’investissements dans des services publics robustes et sains. »