Le Syndicat canadien de la fonction publique, le plus grand syndicat du Canada, est d’un optimisme prudent quant au début des consultations sur la loi fédérale anti-briseurs de grève annoncé aujourd’hui par le ministre fédéral du Travail Seamus O’Regan, en compagnie du député néo-démocrate Alexandre Boulerice.
« Permettre aux employeurs d’avoir recours à des briseuses et des briseurs de grève pendant un conflit de travail, ce n’est pas mettre le doigt sur le plateau patronal de la balance, c’est comme y laisser tomber un piano à queue. Nous sommes impatients de participer à ces consultations et de lutter pour que les travailleuses et les travailleurs obtiennent la protection qu’ils méritent », a affirmé le président national du SCFP, Mark Hancock.
« Au Canada, le droit de grève est protégé par la Charte. La Cour suprême l’a reconnu en 2015 dans une décision contre le gouvernement de la Saskatchewan. Il est grand temps que ce droit soit pleinement reconnu par la loi », a déclaré la secrétaire-trésorière nationale du SCFP, Candace Rennick.
Le recours aux briseurs de grève dresse les travailleuses et les travailleurs les uns contre les autres et supprime toute incitation pour l’employeur à négocier de manière constructive et de bonne foi pour mettre fin au conflit de travail. En ayant recours à une main-d’œuvre de remplacement qui leur permet de poursuivre leurs activités, les employeurs font régulièrement traîner les conflits de travail pour obtenir des concessions de leurs employés en matière de régime de retraite ou d’avantages sociaux.
Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, qui travaillait pour le SCFP avant d’être élu, a souligné que Vidéotron avait eu recours à des briseurs de grève pendant un lock-out de 10 mois en 2002-2003, ce qui avait compliqué grandement la conclusion d’une entente pour les 2200 membres du SCFP à l’emploi de cette entreprise. Il est inacceptable que des employeurs puissent mettre leur personnel en lock-out et embaucher des briseurs de grève pour les remplacer.
La Colombie-Britannique et le Québec ont déjà une loi anti-briseurs de grève qui s’applique aux employeurs de compétence provinciale. Le SCFP espère que ces consultations inciteront d’autres provinces et territoires à adopter des lois similaires.
« C’est l’évolution naturelle des droits chez nous », a expliqué le ministre O’Regan en conférence de presse. Le SCFP est tout à fait d’accord et veillera à ce que les consultations et la loi à venir tiennent compte de cette évolution.
Le SCFP a rappelé que ces consultations n’ont lieu qu’en raison de la pression incessante exercée par Jagmeet Singh et le NPD dans l’actuel Parlement minoritaire. D’ailleurs, les libéraux s’étaient associés aux conservateurs pour faire échouer le projet de loi anti-briseurs de grève déposé par le NPD en 2016.
Le SCFP représente environ 35 000 membres dans des lieux de travail de compétence fédérale, notamment dans le transport aérien, les communications, les ports, les transports en commun, les traversiers et les chemins de fer, soit autant de membres qui bénéficieraient d’une loi fédérale anti-briseurs de grève.