Les tensions induites par la pandémie et la pénurie de personnel hospitalier sans précédent alimentent des taux de violence déjà élevés, notamment le harcèlement sexuel et les agressions, à l’encontre du personnel hospitalier à prédominance féminine de l’Ontario, a révélé une nouvelle enquête réalisée auprès de 2 300 infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées (IAA) de première ligne, PSSP, brancardiers et brancardières, préposé(e)s au nettoyage et autres membres du personnel hospitalier de première ligne.
L’enquête réalisée par Oracle Research au nom du SCFP du 17 au 24 mai révèle une inquiétante recrudescence de la violence physique et sexuelle faite aux femmes et des agressions à caractère raciste ainsi qu’une forte hausse de l’utilisation d’armes telles que des fusils et des couteaux contre le personnel hospitalier. Selon l’enquête, 63 % des répondants et répondantes ont subi des violences physiques et 53 % signalent une augmentation de la violence à leur égard ou à l’encontre d’un(e) collègue pendant la pandémie de COVID-19.
Les chiffres concernant les agressions sexuelles et à caractère raciste sont particulièrement choquants.
Soixante et onze pour cent des travailleurs et travailleuses racisées disent être victimes de harcèlement ou d’abus en raison de leur race ou de leur apparence. Toutes catégories confondues, 49 % des membres du personnel hospitalier sont victimes de harcèlement sexuel et 36 % d’agressions sexuelles.
Il est tout aussi alarmant de constater que 18 % signalent une augmentation de l’utilisation d’armes à feu ou de couteaux contre le personnel.
Environ 85 % des 247 000 Ontariens et Ontariennes qui travaillent dans nos hôpitaux sont des femmes. Lorsque l’on extrapole les résultats de l’enquête à l’ensemble de la main-d’œuvre, environ 155 610 membres du personnel hospitalier seraient agressé(e)s physiquement au travail, chaque année. De ce nombre, 61 379 agressions seraient à caractère raciste.
« La plus effroyable de toutes les projections est que 88 920 membres du personnel hospitalier seraient victimes d’agressions sexuelles sur leur lieu de travail. Que les hôpitaux soient devenus des lieux de travail de plus en plus toxiques et dangereux où des centaines de femmes sont battues, agressées sexuellement et racisées chaque jour est une réalité qui donne à réfléchir. C’est un niveau de violence que le premier ministre provincial, le ministre de la Santé et les hôpitaux ne peuvent plus ignorer. Ils doivent y mettre fin », a déclaré Sharon Richer, secrétaire-trésorière du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP) du SCFP.
Cette recrudescence de la violence faite aux femmes, dont une grande partie est à caractère raciste, survient dans un contexte de pénuries de personnel et de postes vacants jamais vus dans les hôpitaux de l’Ontario qui comptent le moins de personnel et de lits par rapport à la population de tous les pays développés.
« Cela signifie que le public attend dans des hôpitaux bondés, que les patients et patientes sont renvoyées chez eux alors qu’ils et elles sont encore gravement malades ou sans même avoir été soigné(e)s. Leur famille est inquiète et en colère quant à l’accès et à la qualité des soins. Une dotation réduite au minimum et des membres du personnel qui travaillent seul(e)s dans des circonstances où ils et elles sont très vulnérables aux agressions est devenue la normalité. En raison des lourdes charges de travail, de la pénurie de personnel et des risques de violence, plusieurs IAA, PSSP, brancardiers et brancardières, préposés et préposées au nettoyage, employés et employées de bureau choisissent malheureusement de quitter leur emploi à l’hôpital », déclare Dave Verch, IAA chevronné et premier vice-président du CSHO-SCFP.
Les recommandations visant à freiner la violence faite au personnel hospitalier commencent par la tolérance zéro et doivent inclure une prise en charge provinciale correspondant à tout le moins au coût de l’inflation pour augmenter la dotation en personnel afin que nul(le) ne travaille seul(e) et pour accroître le nombre de lits pour mettre fin aux soins dans les couloirs.