Les militant(e)s des services de garde éducatifs à l’enfance avertissent le gouvernement Ford que sans un meilleur plan pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur, les 86 000 nouvelles places en garderie que prévoit son budget ne se matérialiseront pas.
« Nous sommes en pleine crise de main-d’œuvre dans ce secteur en raison de la faiblesse des salaires », explique Carolyn Ferns, coordonnatrice des politiques à la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance (OCBCC). « En conséquence, les garderies ferment des groupes et limitent les inscriptions. Et le budget de l’Ontario n’offre aucune solution. Nous avons besoin d’une véritable stratégie de main-d’œuvre si nous voulons doter en personnel les places en garderie dont nous disposons déjà, sans parler d’en créer davantage. »
Selon le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le nouvel accord sur les services éducatifs à l’enfance introduit un plancher salarial de 18 $ l’heure pour tout le personnel, mais ce ne sera pas suffisant pour attirer et retenir la main-d’œuvre.
« Les éducatrices et éducateurs de la petite enfance et les travailleuses et travailleurs en garderie valent plus qu’un plancher salarial de 18 $ l’heure », estime Rachel Vickerson, directrice générale de l’Association of Early Childhood Educators Ontario (AECEO). « L’échelle salariale devrait commencer à 25 $ l’heure pour tout le personnel et à 30 dollars pour les EPE agréés. »
L’accord fournira plus d’un milliard de dollars du fédéral cette année, mais on estime que moins de quatre pour cent de ces fonds iront à l’amélioration de la rémunération des éducatrices et éducateurs de première ligne (EPE), ce qui met en péril le plan d’ajout de places. Et puisque le gouvernement Ford a retardé la signature de l’accord, de nombreux parents ne verront pas leurs frais de garde diminuer avant l’automne.
« Sans les EPE et le personnel des services éducatifs à l’enfance, il n’y a pas de garderies », souligne Mme Vickerson.
Lorsque le gouvernement Ford a été élu, il a annulé une stratégie et une grille salariale prévues sans jamais proposer quelque chose pour les remplacer. L’accord actuel ne prévoit qu’un plancher salarial de 18 $ l’heure et une augmentation d’un dollar l’heure uniquement pour les EPE autorisés (EPEI), mesure qui ne profiterait en fait qu’au quart des EPEI du secteur et qui laissera en plan les aides-éducatrices et le reste de la main-d’œuvre essentielle au secteur.
« Le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, a affirmé que l’Ontario avait signé “la meilleure entente en matière de garde d’enfants”, mais on ne peut pas avoir la meilleure entente avec le pire plan de main-d’œuvre », affirme Carolyn Ferns.
Les militantes et militants des services éducatifs à l’enfance lanceront une campagne intitulée Worth More (« On vaut plus ») pour réclamer une véritable stratégie de main-d’œuvre à l’occasion des rassemblements du 1er mai qui se dérouleront dans tout l’Ontario. Ceux-ci sont organisés par la Fédération du travail de l’Ontario (FTO).