Aline Patcheva | Employée du SCFP
Au congrès national de novembre 2021, Candace Rennick est devenue la neuvième secrétaire-trésorière nationale du SCFP. Elle est la première femme en 20 ans à occuper ce poste. Leader dévouée, elle s’est jointe à notre syndicat à un jeune âge et a appris à canaliser le pouvoir de la négociation et de l’action collectives pour réaliser des gains pour les travailleuses et travailleurs.
Candace Rennick est membre du SCFP depuis qu’elle a 16 ans. C’est à cet âge qu’elle a commencé à travailler dans un établissement de soins de longue durée de Peterborough. Elle s’est impliquée tôt dans son syndicat, la section locale 2280 du SCFP, accédant à sa présidence à 22 ans. Elle est devenue une militante de premier plan pour les personnes âgées et le personnel du secteur des soins de longue durée de l’Ontario. Elle a passé toute sa vie professionnelle à se battre pour améliorer la vie des membres du SCFP.
Après avoir servi quatre mandats à la vice-présidence du Conseil exécutif du SCFP-Ontario, elle est devenue, en 2010, la première femme à se faire élire au poste de secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario. Elle a toujours dit que « les travailleuses et les travailleurs ne gagnent jamais rien sans se battre ». Dans l’entrevue qui suit, elle raconte son enthousiasme pour ses nouvelles fonctions et les victoires à venir.
Question 1
Quelle importance attachez-vous au fait d’être la première femme en 20 ans à occuper le poste de secrétaire-trésorière nationale du SCFP ?
J’ai travaillé pendant des décennies pour que notre direction syndicale soit représentative de la diversité de notre base, ce qui inclut l’élection de femmes à tous les échelons de notre organisation. Oui, le fait qu’une femme occupe maintenant l’un des deux postes de direction nationaux du SCFP a beaucoup de poids, mais le plus important est que je ne sois pas la dernière.
Nos membres qui s’identifient comme femme ont généralement un vécu très différent. Nous sommes susceptibles d’avoir un bas salaire, des avantages sociaux insuffisants, pas de régime de retraite et donc très peu de sécurité économique. Beaucoup d’entre nous ont été victimes de violence et de harcèlement. Et en tant que dirigeante féministe, je comprends que toutes les femmes ne vivent pas la discrimination de la même manière. C’est pourquoi il est si important de veiller à ce qu’une diversité de voix soit représentée à tous les échelons de notre syndicat.
Question 2
Vous avez été secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario pendant 11 ans. Jusqu’à présent, en quoi le poste de secrétaire-trésorière nationale est-il différent ?
Nos activités nationales sont beaucoup plus vastes, manifestement, mais j’approche ce poste essentiellement de la même manière que mes anciennes fonctions. Je suis guidée par les mêmes principes et convictions, et par le fait que chaque dollar que nous dépensons en tant que syndicat est de l’argent qui appartient aux membres, qui provient de leurs chèques de paie durement gagnés. Chaque dollar doit servir à améliorer les conditions de travail et la qualité de vie de nos membres, et à renforcer les services qu’ils fournissent.
Je veux continuer à faire ce travail pour atteindre l’équité et la justice, soutenir les campagnes et les initiatives de nos membres, améliorer les capacités de la base et apporter les changements nécessaires pour rendre notre milieu syndical plus sécuritaire pour tout le monde.
Question 3
À votre avis, en quoi votre leadership a-t-il ouvert la voie à d’autres femmes qui veulent suivre vos traces ?
Les recherches montrent que notre vécu façonne notre perception et notre pratique du leadership. Chaque femme du SCFP a plusieurs identités. Je suis une femme blanche : bien que je partage certaines choses avec les femmes noires ou racisées ou autochtones, j’ai un privilège qu’elles n’ont pas.
Je peux apporter à mon poste ma propre perspective féministe et mon propre vécu, mais plus important encore, je peux faire en sorte que la voix et le vécu d’autres femmes soient entendus et écoutés.
Le nombre de Canadiennes dans la population active rémunérée a explosé. Les femmes jouissent désormais d’une plus grande indépendance et d’une plus grande sécurité financières. Elles sont plus nombreuses que les hommes dans les syndicats. Au SCFP, elles représentent les deux tiers de notre base. Pourtant, dans des endroits comme un service éducatif à l’enfance ou un établissement de soins de longue durée, les tâches les moins rémunérées et les plus difficiles sont effectuées par des femmes, souvent des femmes racisées.
Alors, oui, c’est important que je sois une femme, mais plus important encore, je veux trouver des façons d’impliquer les autres femmes et de travailler en collaboration avec des voix et des points de vue diversifiés. Parce qu’une seule personne ne peut pas apporter un changement significatif.
À cet égard, le changement le plus important en matière de leadership qui a découlé de notre dernier congrès national est probablement la place qu’occupent les femmes dans notre Conseil exécutif national et notre Comité exécutif national ; elles y sont plus nombreuses et leurs identités sont diverses. Je suis ravie de siéger au Conseil exécutif national avec tant de femmes extraordinaires qui contribueront certainement à faire bouger les choses pour les femmes et pour l’ensemble des membres. Voir grand et être audacieuses ensemble, c’est la seule façon d’avancer.
Question 4
Vous avez travaillé aux côtés de toutes les femmes membres du Conseil exécutif national du SCFP au sein du Groupe de travail national pour un milieu syndical sécuritaire. Quelle est la mission de ce groupe ?
Le Groupe de travail pour un milieu syndical sécuritaire a été créé il y a un an pour enquêter sur la présence de violence sexiste, de discrimination et de harcèlement fondés sur le genre au sein du SCFP. Il s’agit d’une autre initiative liée à l’équité en matière d’emploi qui vise à rendre notre syndicat plus fort et plus sécuritaire.
Nous avons mené des recherches, identifié des lacunes nécessitant des changements et écouté les membres dans le cadre de groupes de discussion et de sessions d’écoute. Nous avons maintenant besoin d’un effort concerté de la part des membres et du personnel du SCFP pour rendre inacceptables toutes les formes de violence et de harcèlement.
Tout le monde devrait lire notre premier rapport présenté au congrès national, car la résolution du problème ne peut être laissée à nos seules dirigeantes nationales. Pour venir à bout de ce problème, tout le monde au SCFP doit le comprendre, croire en sa réalité et prendre des mesures pour le régler. Mais nous devons aussi avoir le courage de changer la culture profondément enracinée qui permet et perpétue cette discrimination et ce harcèlement.
« En tant que nouvelle secrétaire-trésorière nationale, militante et féministe, je suis déterminée à faire ma part pour offrir du changement réel et durable aux femmes de notre syndicat et à l’ensemble des travailleuses et travailleurs », a déclaré Candace Rennick lors de la Conférence des femmes du SCFP-Ontario.
Question 5
Quelles sont vos grandes priorités en tant que secrétaire-trésorière nationale ? Et qu’espérez-vous accomplir au cours des prochains mois ?
Je veux accroître la capacité organisationnelle de notre syndicat pour réaliser de véritables gains salariaux pour nos membres, obtenir un bon régime de retraite aux personnes qui n’en ont pas et mettre fin au manque de respect que nous témoignent les employeurs et les gouvernements. Il est crucial d’utiliser toutes les ressources de notre syndicat pour répondre aux besoins immédiats de nos membres et planifier les besoins futurs.
À l’heure actuelle, les membres du SCFP, comme tout le monde, se débattent avec la pandémie de COVID-19, mais aussi avec bon nombre de problèmes de longue date qui compromettent entre autres la santé et la sécurité au travail, la sécurité d’emploi, une rémunération adéquate, l’équilibre travail-famille.
Les femmes sont surreprésentées dans les professions et les secteurs les plus durement touchés par le confinement et les fermetures. De nombreuses femmes ont perdu leur emploi. Les femmes continuent d’être responsables au premier chef des enfants et des autres membres de la famille. Ainsi, les mères de jeunes enfants ont été forcées de quitter le marché du travail en beaucoup plus grand nombre que les pères ; c’était un choix économique pour les familles. Les femmes étaient également plus vulnérables à l’infection, à la maladie et à la mort. Cela m’attriste et me met en colère.
Nous devons trouver de nouvelles façons de remédier aux défaillances économiques, sociales et politiques qui ont rendu l’impact de la pandémie si grave, en particulier pour les membres les plus vulnérables de notre syndicat et de la société.
La pandémie a confirmé beaucoup de choses qui clochent dans notre pays. On aurait pu éviter beaucoup de drames sans toutes ces inégalités, si les femmes avaient de meilleurs emplois et de meilleures protections, si notre système de santé et notre filet social étaient à la hauteur.
Notre syndicat a fait du très bon travail pour aider les membres à traverser la crise de santé publique. Mais il faut identifier ce que notre syndicat national peut faire de plus pour traverser ces temps très difficiles. Ce sera ma priorité immédiate.
Question 6
En décembre dernier, le Conseil exécutif national a approuvé le budget 2022 du SCFP. En quoi les finances du SCFP permettront-elles de continuer à bâtir notre syndicat et notre mouvement ?
À titre de secrétaire-trésorière, les finances du SCFP seront toujours ma priorité. Je rendrai compte de chaque dollar qui entre et qui sort. Mais je considère cette partie de mon travail d’une manière très large ; je n’ai pas été élue pour faire seulement de la comptabilité. Je veux m’assurer que toutes nos ressources, toutes nos dépenses et tous nos actifs servent stratégiquement à l’avancement des intérêts de nos membres.
La seule façon de faire des gains durables est d’être un syndicat puissant, uni et militant, et d’agir en conséquence. Un syndicat dont les membres s’impliquent. Un syndicat qui a ce qu’il faut pour aller constamment de l’avant, sans jamais reculer.
Ainsi, côté finances, je travaillerai avec l’ensemble des dirigeant(e)s du SCFP (les exécutifs des sections locales, les directions des divisions et des secteurs, le Conseil exécutif national) et le personnel du SCFP, afin de trouver les meilleures façons d’interpeller les membres et de faire un bon travail syndical.
Je suis également responsable des grandes caisses de défense et de grève du SCFP. Nous continuerons d’utiliser ces puissants outils pour soutenir nos membres.
Nous devons soutenir notre action politique et nos campagnes, renforcer nos coalitions externes et nous assurer que notre syndicat reflète toute la diversité des membres du SCFP et de nos communautés, afin de faire de grands progrès vers la justice économique, sociale et raciale, l’égalité des genres, ainsi que la vérité et la réconciliation.
Oui, nous avons fait des progrès, mais nous avons encore beaucoup de travail à accomplir, notamment en ce qui concerne le recrutement et l’embauche au SCFP. Nous devons également pousser les employeurs à mettre en œuvre davantage de programmes d’équité et de représentativité de la main-d’œuvre.
Trop de membres, mais surtout des femmes, particulièrement des femmes noires, racisées et autochtones, n’ont pas accès à un régime de retraite, à des avantages sociaux ou même à un salaire décent. Nous devons consacrer nos ressources d’abord et avant tout à l’obtention d’augmentations salariales décentes, d’un régime de retraite et d’avantages sociaux pour l’ensemble de nos membres.
Tous ces efforts feront de notre syndicat une organisation où tout le monde – les dirigeant(e)s, les militant(e)s et les membres – est, de par ses gestes, accueillant envers l’ensemble des membres, en plus de favoriser activement l’équité et l’inclusion.