Revera, une entreprise de soins de longue durée (SLD), a annoncé d’importants changements à sa propriété et à ses activités. Par conséquent, les établissements de SLD seront désormais traités comme des marchandises à acheter et à vendre à des fins lucratives plutôt que comme des résidences et des lieux de travail. Ce tour de passe-passe va faire mal à la clientèle et au personnel des SLD.
Le 1er mars, Revera a annoncé la conclusion d’une entente de principe pour la vente de sa participation de 15 pour cent dans une coentreprise avec Axium Infrastructure qui détient 24 des 56 établissements de SLD de Revera en Ontario et au Manitoba. De plus, Revera prévoit transférer la gestion opérationnelle de ses 32 établissements restants dans ces provinces à Extendicare, une entreprise à la feuille de route peu reluisante à titre de propriétaire et de gestionnaire d’établissements de SLD. Ces deux décisions vont enraciner encore plus profondément les accords complexes entre entreprises dans le secteur des SLD. De plus, elles ajouteront une autre couche de prise de bénéfice pour Extendicare qui deviendra gestionnaire en sous-traitance des 32 établissements que Revera continuera de posséder.
Les faits sont incontestables : en Ontario, le taux de mortalité à la COVID-19 dans les établissements de SLD à but lucratif a été près du double du taux moyen dans ceux à but non lucratif et près de cinq fois le taux dans les établissements de SLD publics. Les foyers de SLD à but lucratif ont tendance à avoir une dotation en personnel inférieure, une charge de travail plus élevée et davantage de plaintes de la part de la clientèle. De multiples poursuites ont été déposées contre Extendicare alléguant de la négligence et une mauvaise gestion de la pandémie de COVID-19.
La transaction entre Revera et Extendicare nécessite une approbation réglementaire en Ontario et au Manitoba. Au lieu de l’accorder, ces gouvernements provinciaux devraient plutôt devenir propriétaires de ces établissements, tout en protégeant les emplois et les conditions de travail du personnel. Le gouvernement fédéral devrait aussi favoriser cette nationalisation, étant donné que l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (OIRPSP), propriétaire de Revera, est une société d’État fédérale. La Saskatchewan a montré l’exemple: les opérations de cinq établissements d’Extendicare ont été confiées à la santé publique après qu’une éclosion désastreuse eut entraîné l’infection à la COVID-19 de 132 membres du personnel et de 194 des 198 résidentes et résidents, dont 42 en sont décédés.
Le SCFP s’efforcera de protéger les droits et les conditions de travail de ses membres qui travaillent dans les établissements de SLD concernés. Les deux entreprises ont déclaré qu’Extendicare sera l’employeur successeur en vertu des lois applicables en matière de relations de travail, qu’elle respectera les conventions collectives en place et qu’il n’y aura pas de licenciements.