Alors que la pandémie de la COVID-19 frappe la planète, ce sont principalement des femmes, souvent racisées, qui sont en première ligne. Elles fournissent des services publics comme des soins de santé, des services sociaux et des services de garde. Plusieurs de ces postes sont peu valorisés depuis longtemps. Ici comme ailleurs, la pandémie fait prendre conscience à de plus en plus de gens que ces travailleuses et travailleurs jouent un rôle crucial et que leurs salaires et leurs conditions de travail doivent être améliorés.
Plusieurs menaces pèsent sur la santé et la sécurité de ces travailleurs, notamment la pénurie de personnel et le manque d’équipement de protection individuelle et de produits désinfectants. Plusieurs ont des emplois mal rémunérés, mal encadrés en matière de santé et de sécurité, sans sécurité d’emploi, avantages sociaux, congés de maladie ni protections de base.
La réponse à la COVID-19 a engendré une crise économique qui n’a pas les mêmes impacts pour tous. Puisque les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’occuper des emplois précaires, ce sont surtout elles qui sont affectées par les mises à pied et la réduction des heures de travail. Plus inquiétant encore, la violence conjugale est en hausse depuis le début de la pandémie, ce qui signifie que plusieurs femmes sont potentiellement piégées à la maison avec un partenaire violent. Par ailleurs, les femmes continuent d’effectuer la majorité des tâches domestiques non rémunérées, dont l’ampleur a augmenté à cause de la fermeture des écoles, des services de garde et des centres d’aide à domicile.
Militer pour l’équité
Avant le début de la crise actuelle, les membres du SCFP militaient déjà pour une meilleure rémunération dans les secteurs qui sont en première ligne de la pandémie. Nous avons exercé des pressions pour mettre fin à la sous-valorisation des secteurs à prédominance féminine et dénoncer la discrimination salariale que subissent de nombreux travailleurs en raison de leur race, de leur origine ethnique, d’un handicap, de leur identité sexuelle ou d’autres motifs interdits par la loi. Nous avons également plaidé pour que la violence conjugale soit reconnue comme un grave problème de santé et de sécurité au travail. La crise de la COVID‑19 souligne à quel point ces combats demeurent cruciaux.
Le SCFP lutte depuis longtemps pour les droits des travailleurs qui sont marginalisés par diverses formes d’oppression, comme le racisme, le colonialisme, le capacitisme, l’homophobie et la transphobie. Les personnes noires, racisées, autochtones, LGBTQ2+ ou ayant un handicap sont plus à risque d’être affectées négativement par la pandémie.
Les travailleurs marginalisés sont plus à risque
Même avant la pandémie, les travailleurs marginalisés étaient plus à risque de subir de la violence ou du harcèlement au travail et des recherches indiquent que la violence et le harcèlement augmentent en temps de crise. Le racisme envers les Asiatiques est en hausse au Canada et ailleurs dans le monde. Certains élus de partout sur la planète ont alimenté cette flambée de racisme envers la population asiatique, un peu comme lors de la pandémie de SRAS.
Les membres des communautés noires, racisées et autochtones, qui sont déjà victimes de profilage, sont exposées à un risque accru alors que les gouvernements renforcent la surveillance policière, que les groupes haineux incitent à la violence et que les micro-agressions quotidiennes et le profilage racial s’intensifient.
Les membres des groupes en quête d’égalité sont aussi plus à risque de contracter la COVID‑19 en raison d’inégalités structurelles et sociétales existant de longue date, dont le peu d’accès à des services de base, à des emplois décents et à des salaires suffisants. Dans les communautés autochtones, l’empreinte durable du colonialisme et le sous-financement chronique des services et des infrastructures sont des facteurs qui risquent de contribuer à ce que la crise de la COVID-19 se transforme en tragédie. Le SCFP s’est joint à d’autres groupes au pays pour demander aux gouvernements de recueillir des données raciales et démographiques sur les impacts de la COVID-19 et d’adopter une approche intersectionnelle genrée pour élaborer les mesures d’urgence et de relance. Nous avons aussi joint notre voix à celles d’autres groupes pour exiger que les réponses des gouvernements à la pandémie de COVID-19 ne se fassent pas au détriment des droits de la personne.
Solidaires pour un avenir meilleur
Le SCFP a salué le fait que le gouvernement fédéral ait offert du soutien financier aux travailleurs affectés par la pandémie de COVID-19 et investi dans les secteurs qui soutiennent les personnes à risque, comme les refuges pour femmes et les services aux sans-abris. Il faut cependant en faire davantage, dans l’immédiat et à l’avenir, pour faire davantage de gains au chapitre de l’égalité. Le SCFP exercera des pressions pour que les mesures de relance post-pandémie priorisent les services publics et l’amélioration des déterminants sociaux de la santé, comme la sécurité de revenu, le logement, les soins de santé et la protection contre la discrimination, les préjugés et la violence.
La tragédie des foyers de soins de longue durée démontre l’immense impact des conditions de travail sur la qualité des soins. Dans ce secteur où les femmes racisées sont surreprésentées, le gouvernement de la Colombie-Britannique a fait un pas dans la bonne direction en bonifiant les salaires des employés. De plus, des employés qui devaient auparavant travailler dans plusieurs foyers de soins effectuent maintenant le même nombre d’heures de travail dans un seul foyer.
Chaque jour, nous voyons des exemples d’individus qui prennent soin les uns des autres. Les communautés marginalisées ont l’habitude de se serrer les coudes, et leur débrouillardise, leur créativité et leur résilience sont particulièrement évidentes aujourd’hui. La solidarité nous aidera à traverser la pandémie et à bâtir une société meilleure et plus égalitaire, où la discrimination et la haine n’ont pas leur place.